Ukraine : Pax Polska
Ukraine
Discours dissonants
sur le conflit
et perspectives de paix
Si Kiev a pu penser un moment que l’impact meurtrier d’un missile sur le territoire polonais pouvait pousser l’OTAN à activer l’article 5 de sa charte, les USA et les autres pays de l’alliance ne veulent pas d’une confrontation directe avec l’héritière de l’URSS. D’où certaines dissonances, d’autant que l’Ukraine semble avoir raté sa cible dans ce cas précis : la Pologne signera-t-elle la fin de cet interminable conflit aux conséquences lourdes, surtout pour l’Afrique ?
Pour la première fois, certains de ses alliés de l’OTAN ont, à travers des propos critiques, invité le président ukrainien, exhibé un peu partout en « Occident », à la prudence, à la modération et au réalisme.
C’est une première !
« Il faut savoir terminer une grève dès que la satisfaction a été obtenue. Il faut même savoir consentir au compromis si toutes les revendications n’ont pas encore été acceptées mais que l’on a obtenu la victoire sur les plus essentielles revendications ».
Ces propos de Maurice Thorez, secrétaire général du Parti communiste français à l’époque, tenus en 1936, pour appeler les ouvriers à reprendre le travail après une longue et dure grève, sont tout à fait d’application dans la situation actuelle du conflit russo-ukrainien.
Il est connu de tous que, dans ce conflit, à l’exception des troupes au sol (qui sait ?), tout le reste de la machine de guerre de l’Ukraine est soutenue et alimentée par les puissances de l’OTAN, la première d’entre elles étant les États-Unis d’Amérique.
Avec une certaine naïveté du primesautier, le président ukrainien a cru que l’appui massif apporté à son pays, dans sa guerre contre la Russie, par les États les plus puissants de l’alliance atlantique, serait la manifestation de l’attachement au Droit international et de la solidarité avec son pays, victime d’une agression extérieure.
Sans négliger l’importance de ces facteurs, il faut savoir que l’élément fondamental quant à leur intervention a été et est toujours l’affaiblissement de la Russie, seul pays, aujourd’hui, à même de tenir tête à l’OTAN sur le plan militaire.
Voilà pourquoi, tout en la combattant, par l’Ukraine interposée, les USA et les autres pays de l’alliance ne veulent pas d’une confrontation directe avec l’héritière de l’URSS.
Pensant que l’impact meurtrier d’un missile sur le territoire polonais était une opportunité à saisir pour pousser l’OTAN à activer l’article 5 de sa charte, le président ukrainien a immédiatement accusé la Russie d’être l’auteur de cette frappe sans manifestement avoir consulté ses alliés (de circonstance ?).
Des voix autorisées dans divers pays l’ont appelé à tenir un discours plus responsable et d’éviter de pousser le conflit hors de la guerre classique qui mettrait en péril l’ensemble de la planète et en premier les puissances nucléaires de l’OTAN.
En fait, on en revient toujours aux propos du général de Gaulle : « Les États n’ont pas d’amis mais des intérêts » ; M. Zelinsky aurait dû les faire siens et défendre avec réalisme les vrais intérêts de son pays.
Il aurait été raisonnable et réaliste dès le début que le malheur qui s’est abattu sur son pays aurait été évité.
Le plus important pour la Russie était d’une part l’arrêt des persécutions des russophones de l’Est de l’Ukraine et d’autre part de voir ce voisin rester hors de l’OTAN.
Malheureusement, ce président atypique a servi les intérêts de cette alliance peut-être inconsciemment en menant une guerre par procuration de celle-ci contre la Russie.
La paix avec ses voisins doit être un objectif fondamental de la diplomatie de tout État.
Il faut espérer que cet éclair de lucidité conduise rapidement à l’apaisement voire à la paix ; cette paix que souhaitent tous les pays africains qui ne veulent pas être partisans dans ce conflit qu’ils déplorent.
Ababacar Sadikhe DIAGNE
Ancien élève des classes préparatoires aux grandes écoles.
Ingénieur diplômé de l’Ecole nationale de l’Aviation civile (ENAC), Toulouse, France, et du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Cambridge, USA.