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Thiaroye 44 : Ces non-dits historiques

Camp de Thiaroye

Où et combien ?

Où finalement a eu lieu le massacre des tirailleurs sénégalais par la France le Premier décembre 1944 ? Quel était le nombre de soldats recueillis au camp de Thiaroye et combien de morts en définitive ?

Quatre-vingts ans après, se poser ces questions est une injure aux Africains. Il faut se les poser quand même lorsque nos seules sources d’information sur nous-mêmes nous viennent de ceux qui nous refusent le droit d’être. Nos propres sources issues d’une documentation étrangère sèment plus le doute qui donnent l’impression, à défaut de mener les Africains en bateau, de leur faire croire que tout ceci n’est finalement que du cinéma.

Au bout d’une enquête de deux semaines sur les événements de Thiaroye 44, le journaliste n’est pas arrivé au bout de la chaîne des 5 w traditionnels : s’il a pu répondre à qui et quoi et comment, il lui reste à répondre à ces questions cruciales qui font polémique avec l’histoire : où s’est déroulée la tragédie du Premier décembre 1944 et quel est le nombre exact du contingent du camp de Thiaroye au moment de la tuerie et combien de victimes ?

Un ancien de la Cinématographie conteste les chiffres avancés sur le contingent de tirailleurs logé au camp de Thiaroye.

“En novembre 1944, la France est peu à peu libérée de l’occupant nazi. Après quatre années de guerre, 1.300 tirailleurs ouest-africains sont rapatriés par l’armée française à Thiaroye, dans un camp militaire de la banlieue de Dakar”.

France 24, 13 Mai 2022

Les documents officiels et historiques auxquels notre haut cadre d’alors a eu accès, de même que le scénario et son implication dans l’implantation du décor lors de sa participation au film de Sembène le rendent prudent : “Cela me semble exagéré”, avait-il affirmé au téléphone le Premier août dernier, après notre Ephémérides qui casait 1.280 tirailleurs à Thiaroye ; 1.300, 1.280 ? La proximité de ces deux chiffres donne-t-elle plus de poids aux uns plus qu’aux autres ? Cette nuance peut bien être source de polémiques; méthodologiquement.
Certes, le décompte dans les documents publiés renvoient à la moitié du nombre : les quelque 150 morts et blessés graves ajoutés aux 34 survivants ne donnent pas le change, même avec les 300 évacués vers un site extérieur.

« Un mensonge d’État depuis plus de soixante-dix ans », selon l’historienne Armelle Mabon, maître de conférences à l’université Bretagne-Sud, à Lorient (Morbihan).

Les révélations de l’historienne font suite à ses investigations entamées en 1996. En fouillant dans les archives officielles, en confrontant les témoignages et autres récits. Confrontée à des « militaires historiens falsificateurs », elle est cependant parvenue à éclaircir les circonstances de cet épouvantable massacre prémédité. Elle a la certitude que le chiffre officiel de 35 morts n’est pas exact mais que les pertes réelles sont entre 300 et 400 tirailleurs.

Armelle Mabon conclut : « Le ministère français de la Défense fait obstruction à la manifestation de la vérité. Le Sénégal doit exhumer les morts et leur donner une sépulture digne. »

https://www.au-senegal.com › camp-thiaroye-la-ou-sont…
La difficulté se retrouve également sur l’incertitude qui entoure le site du massacre que les différents lieux de souvenirs ne permettent pas de limiter hors de tout, douter raisonnable (Voir en page 5.

“J’ai reçu dans mon bureau à l’époque en 1997 ou 1998 (j’étais directeur commercial) un journaliste de Walf qui travaillait sur le dossier de « Thiaroye 44 ». Nous avions échangé longuement. Il cherchait à retrouver le lieu précis où avaient été enterrés ceux qui avaient été massacrés par les militaires français. J’ai oublié le nom du journaliste…
Il serait bon que des contacts soient établis avec ce journaliste car il m’avait expliqué des choses surprenantes quant au lieu de l’inhumation. Des historiens sénégalais ont travaillé également sur ce dossier.
Au moment où les autorités ont décidé d’accorder une plus grande place à cette tragédie, rétablir toute la vérité sur les événements de «  Thiaroye 44 » devient important”.

 

La Rédaction