Souleymane Faye : Architecte-bateleur des mots

Culture-Musique

Jules Mooy Diégo
Diégo Mooy Souleymane

Auteur, compositeur, trompettiste et excellent chanteur, chorégraphe, Souleymane Faye est un artiste remarquable de par sa voix puissante et expressive, sa sensibilité et sa sincérité. Son apprentissage artisanal (menuiserie) lui a apporté rigueur et discipline tandis que son immersion dans les différents styles musicaux de l’époque a forgé son identité artistique unique. C’est à partir de ces bases solides qu’il a construit sa carrière musicale exceptionnelle.
L’anecdote de sa marche solitaire de plusieurs jours entre le Canada et New York, guitare à la main, illustre parfaitement son caractère indépendant et déterminé.

Par Chérifa Sadany Ibou-Daba SOW,
Cheffe du Desk Culture

Né en 1951 à Dakar, Souleymane Faye est un homme d’une grande générosité et d’une profonde humilité qui a connu un parcours atypique. Après avoir quitté l’école prématurément, il se tourne vers la menuiserie, apprenant le métier auprès de son oncle. Mais la musique le rattrape. Tous les dimanches, il fréquente l’atelier de son oncle mais son esprit est ailleurs. Il est attiré par les rythmes et les mélodies qui émanent des répétitions des musiciens de son quartier.
À cette époque, Dakar est une ville vibrante où se mélangent divers styles musicaux : le Rhythm’N Blues, le Rock, l’Afro-jazz, le Jazz-fusion, la Soul, la Pop, le Country, le Folk et l’Afro-cubain. Souleymane s’y invite et commence à chanter, imitant les voix des grands noms de la musique internationale tels que Otis Redding, Stevie Wonder, Aretha Franklin, James Brown, les Beatles, Johnny Halliday ou encore Salvador Adamo.

Comme il l’affirme : « Dans la vie, on a forcément besoin de repère, et ce n’est pas ce qui manque ». Diégo est aussi influencé dès son jeune âge par des figures majeures de la musique africaine comme Fela Kuti, Hugh Masekela, Osibisa et Ifang Bondi. Stimulé dans cet environnement, Souleymane Faye forge sa propre identité musicale, développe son talent vocal et compose ses propres chansons. Sa popularité grandit rapidement.

Parolier hors pair

Souleymane Faye est reconnu comme l’un des meilleurs paroliers de la musique sénégalaise. Il n’hésite pas à utiliser sa musique pour dénoncer les injustices et maux de la société. « Le rôle de l’artiste est de dire la vérité, même si elle dérange ». Ses textes, d’une grande profondeur et richesse souvent teintés d’humour et d’ironie, constituent un véritable miroir social et explorent des thèmes variés tels que l’amour, la société, la religion, la politique. « Je suis un artiste libre. Je ne fais pas de la musique pour plaire à qui que ce soit ».

Au début de sa carrière Jules, rejoint le groupe “Xalam 2” dans les années 1980 et se fait connaître du public sénégalais avec sa voix puissante, ses textes poétiques en wolof, et son talent d’artiste sur scène. Surnommé le Bob Dylan sénégalais, son passage au sein de Xalam est marqué par le tube “Dooley”, qui devient un véritable succès. En 1985, Faye quitte Xalam et entame une carrière solo prolifique. Artiste libre anticonformiste, Il refuse de se cantonner à un seul style musical et explore différents genres, du jazz au Mbalax en passant par la salsa. Avec plus de 50 ans de carrière, son influence se fait sentir auprès de nombreuses générations d’artistes. Son duo avec Coumba Gawlo Seck fait encore frissonner.

Jules boude au concert de Xalam 2

L’anecdote de sa marche solitaire de plusieurs jours entre le Canada et New York, guitare à la main, illustre parfaitement son caractère indépendant et déterminé. Son refus de participer au concert et son choix de rejoindre New York à pied, en dormant dans les lieux abandonnés, révèlent un homme profondément ancré dans ses valeurs et en quête de liberté.
Outre sa carrière musicale, Faye est également un acteur accompli sur scène. Il peut débarquer en concert avec une valise sur la tête, ou vêtu comme un lutteur traditionnel, ou se déguiser en une maman africaine…Croyez-le : s’il le voulait bien, il ferait un bon acteur cinéma.

Mérites & distinctions
 et reconnaissances

En 1996, Souleymane Faye remporte le prix “RFI Découvertes” . Le 30 mars 2024, comme plusieurs artistes sénégalais, Souleymane Faye est élevé au grade d’Officier de l’Ordre national du Lion par le président sortant Macky Sall. Cette décoration est une reconnaissance méritée du talent et de l’influence des artistes sénégalais dont Souleymane Faye qui voit dans cette distinction une motivation pour continuer à œuvrer pour la promotion de la musique sénégalaise et africaine. C’est un symbole fort de l’importance de la culture et des arts dans le développement du Sénégal.
De son côté, Souleymane Faye affirme son admiration envers l’ancien chef de l’État en dédiant le nom de son dernier né à Macky Sall. Cet hommage symbolique et marque de respect à l’endroit de Macky Sall illustre la force des liens qui peuvent unir le peuple sénégalais à ses dirigeants. Souleymane Faye l’a très tôt compris.

Hommage à Souleymane Faye dit Diego

Par Yoro Bâ ingénieur, poète.

Nuit de noces
Nuit de “noos” jouissances ouloff ;
Pattes d’ éléphant et pantalons bouffant jouent sérieux à qui mieux mieux de contorsions sur une terrasse iodée de Bel Air.

Je me souviens !

Ténganda bas à l’artiste !
Ténganda toujours plus bas à l’artiste que cheveux noirs, tempes grises, cheveux blancs et crânes d’œuf ont savouré jusqu’à l’aube, un soir de mariage de mon beau-fils, les nuances suaves de cordes vocales et de guitares.
Cordes ?
Merci l’ artiste multi-cordes ; plusieurs cordes à ses arcs de voix, de guitare qui fait l’unanimité de toutes générations confondues et se confondant sur ses divers airs, jazz, folk, twist et pistes.
De joie toujours sifflé mais entre mélomanes et même dégustateurs d un soir, on sait :
Jamais égalé !
L’artiste indomptable,
Maestro hors pair, auteur hors normes, compositeur, conteur, chanteur danseur, comédien,……..Que n’est il pas ?
Twist !Twist !Twist !
Mais attention !
Pas de faux bond !
Ne nous glisse pas entre les doigts.
Boul dem bayima !
À ta voix, les cœurs, bouquets de fleurs résonnent, ivres de bonheur, sur la même fréquence, en chœur.
En ce crépuscule de Ramadan béni,
Que Allah swt le Pardonneur, qui aime pardonner, pardonne à tous.

Yoro BA,
l’Épi