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La Ligne du Devoir

Sonko-Le justiciable et le politique

Sonko chez Dame Justice

L’impossible  équilibre entre

le justiciable et le politique

Le cycle de Thémis s’est ouvert à Ousmane Sonko ; après le dossier Mame Mbaye Niang vidé le 30 mars dernier, le procès avec Adji Sarr s’ouvre ce mois-ci, selon certaines sources qui maintiennent un léger dispositif sécuritaire, malgré la détente observée avec la clémence du verdict et les promesses de ne pas observer des manifestations sur la voie publique ces temps-ci.

La Justice a joué son rôle le 30 mars dernier en jugeant le justiciable Ousmane Sonko. En disant simplement le Droit, elle lui a fait deux cadeaux en acceptant de repousser le délai de forclusion (dix jours) et en se limitant à l’individu intuitu personnae : le verdict du 30 mars dernier (deux mois avec sursis et une amende) est un principe du droit en l’espèce qui s’arrête à l’homme comme entité propre, sans autre considération ultra petita ; l’absence de l’inculpé en est une autre preuve que le Droit peut être dit.

L’appel interjeté à la fois par le procureur de la République et le plaignant Mame Mbaye Niang pousse cependant à se demander sur le verdict en première instance ne serait pas un cadeau empoisonné : en appel en effet, le minimum de la peine encourue en cas de diffamation est de six mois, selon certaines indications, ce qui priverait le prévenu Ousmane Sonko de certains de ses droits civiques. Sauf si la Cour d’appel confirme le verdict en première instance, avec apparemment ce qui semble être une recherche de solution de sortie pour sauver le soldat Ousmane Sonko.

Le leader de Pastef devant la justice, c’est en effet l’impossible recherche d’un équilibre entre le justiciable et le politique : Ousmane Sonko, apparu en public, est d’abord bouleversé par l‘affaire Tahibou Ndiaye, l’ancien directeur du Cadastre et sa famille pour laquelle il avait mobilisé son temps et son énergie pour soutenir un collègue finalement condamné à 5 ans avec des fortunes diverses pour son épouse et ses deux filles adoptives. Là se situerait le radicalisme syndical d’un fonctionnaire partagé entre le devoir de réserve et l’appel des lanceurs d’alertes.

Son licenciement le 29 août 2016 dans une société à fort penchant solidariste en fait la victime d’un pouvoir rétif à toute attitude velléitaire, bien qu’ayant bénéficié du syndrome « victimisation » en vogue au Sénégal dont Djibo Leyti Kâ et Macky Sall lui-même auront bénéficié devant la dignité dont ils feront montre devant une absence de droit égal accordé à chaque citoyen : la dévolution du pouvoir par modification de la Constitution (Abdou Diouf), congrès sans débat (Ousmane Tanor Dieng) et par une dévolution monarchique supposée (Karim Wade) avait fait naitre un fort courant de solidarité sociale aux victimes de ces décisions ; ajoutez-y un Macky Sall gardé pour la fine bouche en 2012, dans le bon sens du terme, qui refuse le jeu démocratique, pour comprendre le recours des populations enclavées, affamées et foncièrement démocratiques. Elles trouvent d’autant en Ousmane Sonko la raison de leur combat pour la démocratie et une survie honorable que la même démarche semble se poursuivre, mutatis mutandis, avec le cas de Khalifa Ababacar Sall et de Karim Meissa Wade, impliqués dans les méandres financiers et emprisonnés à la veille de consultation présidentielle où ils auraient leur chance.

Le nouvel élu a-t-il bien interprété le message ?

La politique de la gorge profonde montre ses limites : les accusations publiques de détournement ne sont pas confirmées en Cour, comme avec Mame Mbaye Niang et Mamour Diallo de Louga. D’où la rengaine d’un complot du pouvoir pour l’affaiblir, disque encore servi dans le différend qui l’oppose à Adji Sarr, une masseuse d’un salon où Ousmane Sonko a affirmé s’être rendu, visite à l’issue de laquelle la masseuse a porté plainte. L’affaire devrait être appelée sous peu.

Les deux mois avec sursis infligés le 30 mars dernier dans l’affaire Mame Mbaye Niang avaient permis de pousser un grand « Ouf » de soulagement à cause des manifestations accolées aux convocations de Ousmane Sonko depuis le 16 février et les différents jeudis de mars, à l’exclusion du 30. L’agitation extrême du mis en cause ressemble fort à un appel au secours de quelqu’un qui ne comprend pas l’attitude à adopter pour une survie politique en milieu hostile.

P. MBODJE

N’oublions pas que nous sommes “ Plus que frères et devons être debout ensemble “

Je suis désagréablement surpris par ce qui est en cours dans cet affrontement politico-judiciaire.
J’ai le sentiment, qui est certainement partagé par beaucoup de nos compatriotes, qu’Allah SHWT nous avait aménagé une voie de sortie de cette crise bien dangereuse, laquelle pouvait aboutir à la catastrophe.
Au lieu de la suivre, certains voudraient l’ignorer et même l’emprunter en sens inverse.

Cette attitude, bien éloignée de la sagesse et du bon sens, procède d’une logique difficile à saisir.
Je pense que le plaignant a tenu des propos excessifs  en faisant connaître son souhait de voir son adversaire, je ne dis pas ennemi, déposséder de sa maison par une condamnation plus sévère lors du jugement d’appel.
Espérons qu’avec la réforme de Wade (pas de peine supérieure à celle du premier jugement en cas d’appel), Sonko ne verra pas sa condamnation aggravée.
D’aucuns poussent le pays vers le précipice, sans s’en rendre compte peut-être.
Personne n’est sûr d’être épargné par le tsunami qui se prépare,
Si jamais  l’un de ces procès devait aboutir à une perte de droits qui empêcherait le candidat Sonko de compétir lors des prochaines élections présidentielles, il est quasi-certain qu’il y aura de graves troubles dans ce pays. Et dans ce cas, ils ne surprendraient personne.

Rappelons nous qu’avant tout et après tout nous sommes des Sénégalais, donc des compatriotes, et que si le pays était attaqué, nous pourrions être ensemble au front pour le défendre et éventuellement sacrifié nos vies toujours ensemble.
Ne l’oublions jamais.

Ababacar Sadikhe DIAGNE

ingénieur de l’aviation civile diplômé de l’Ecole nationale de l’Aviation civile ENAC (Toulouse, France), et du Massachusetts Institute of Technology MIT (Cambridge USA).
Ancien haut fonctionnaire.