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Sonko-La loi du secret

Une ordonnance rendue publique annule tout secret médical, prétexte de Polichinelles en blouses blanches quand la justice a voulu la vérité. Au surplus, devant les accusations de tentative d’assassinat sur la personne de Sonko,  le devoir de vérité l’emporte sur le secret voulu de Polichinelles jouant à la veuve outragée, au nom d’une sacro-sainte solidarité de corps.

Sonko

L’ordonnance du secret

L’ordonnance délivrée à Ousmane Sonko le 16 mars par le docteur Diop est un bulletin de santé loin du secret médical soudain brandi : elle couvre globalement les contusions multiples mais ne va pas jusqu’à recommander des séances de kinésithérapie et de massage, suggéré par le « Fenaren gel » ; quant au  « Fentanyl », tout le monde s’accorde avec  les Encyclopédies médicales pour reconnaitre qu’il est «  prescrit sur ordonnance (parce qu’) une drogue  à propriété analgésique opioïde, synthétisée ».

Sans aller jusqu’à certaines affirmations sur le net qui assimilent le Fentanyl à de la drogue, reproduisons l’écrit des Evangiles médicales qui le décrivent comme « Les analgésiques opioïdes sont généralement utilisés pour gérer la douleur de modérée à aiguë, qui peut être vive (douleur à court terme à la suite d’une chirurgie) ou chronique (douleur à long terme associée à un problème de santé, comme divers types de cancers) ».

L’ordonnance délivrée donc le 16 mars par le Docteur Diop semble conforme à la scène de l’exfiltration du leader de Pastef de son véhicule, des efforts de Guy Marius Sagna pour le retenir et de l’indescriptible tohu-bohu pendant lequel Sonko a fait l’objet de bousculade entre forces de défense et de sécurité et militants surexcités. Au demeurant, les aveux rapportés d’un Guy Marius Sagna reconnaissant la réaction de son corps après les événements du 16 l’emportent sur toute autre considération quant à un secret qu’il faudrait observer sur ordonnance.

L’isolement dont Ousmane Sonko par la suite repose sur un scénario de série « B » voulant retarder ou annuler le rendez-vous du 30 : un conseil évacué sous caméras en fauteuil qui retrouve subitement ses jambes qu’un bon scénario aurait fait déposer en ambulance à la coupée de l’avion ; un maladroit communiqué de la famille tentera de redresser un équilibre déjà mis en doute ; les 10 jours incapacitants (Itt) proposés un semaine après, le 21, sont une invite à différer une séance ferme où, au demeurant, la présence de Sonko n’est plus obligatoire, après des renvois au-delà du tolérable. D’où une suspicion légitime d’une confrérie participant à un dilatoire évident.

 La  controverse s’en est suivie sur la nature du linge imbibé de vinaigre qu’un partisan affirme lui avoir jeté pour atténuer l’effet du gaz lacrymogène alors que d’autre part on parle de tentative de meurtre sans aller plus loin, au nom du secret médical de Polichinelles en blouse blanche, dramaturgie grecque avec ces prétendus prélèvements envoyés en Europe pour analyse approfondie et prouver une tentative de liquidation au cyanure et tutti quanti.

L’absence d’intervenants connus, donc crédibles puisque habitués au corps donc à l’âme de Sonko leur client, pose cependant problème : ni le déclarant civilement responsable de la clinique, ni le médecin attitré n’auraient posé le moindre « geste médical » sur le malade Ousmane Sonko, sinon par délégation, ce qui défie la bonne logique, surtout lorsque, pince sans rire, le responsable de la clinique qui ignore tout de ce qui se passe chez lui pousse la beuglante du gynécologue, même généraliste, participant à la sinistrose née de l’affaire d’un salon de massage, anticipant donc sur l’après-Mame Mbaye Niang. L’interpellation spectaculaire du patron de Samu peut certes heurter mais ne devrait pas l’emporter sur l’obligation de la vérité que l’on doit aux populations sénégalaises.

Le devoir de vérité est d’autant plus nécessaire aujourd’hui que des informations inquiétantes circulent sur ces cellules dormantes annoncées en juin dernier et qui auraient repris du service (L’Observateur N0 5849 du lundi 27 mars, page 5). La convergence vers l’environnement d’une formation politique donnée fausse le jeu de la sécurité publique. Le prolongement de cette crise encore sous étude renseigne sur l’ampleur du projet de déstabilisation d’un Etat rendu responsable de la situation d’un individu passé du statut de lanceur d’alertes à principal opposant.

La crise de mars 2021 devrait convaincre de l’efficacité des services de renseignements et de sécurité et de leurs compétences nouvelles et aigues dans la défense de l’intégrité territoriale  en affinant leurs méthodes de collectes terrestres, aériennes et électroniques.

P. MBODJE