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Sénégal : L’industrie des partis politiques Rentable et infaillible

L’industrialisation la plus rentable

et infaillible du Sénégal :

les partis politiques

 

Être politique est devenu au Sénégal le plus rentable investissement et l’unique chemin de son développement industriel, car la politique esclavagiste est devenue notre unique marque industrielle de sénégalité.

Par Alain Pascal Kaly*

La stabilité politique de notre pays est monnayée par des constants arrangements d’auto-esclavagismes politiques, monétaires, gouvernementaux, d’ascension professionnelle douteuse entre les plus créatifs et immoraux industriels politiques. Chaque important industriel a ses quotas pour introduire dans la fonction publique sans concours. Le Sénégal doit être refait sur tous les plans sinon aucun président ne pourra nous faire respecter et éviter des dérives dangereuses. (Alain Pascal Kaly, 2021).

L’année 2022 a été l’année la plus faste mais aussi la plus révélatrice du poids et de la très irréversible bonne direction de notre industrialisation. Pour la première fois de notre histoire, sans l’entremise idéologique et politique de la Banque mondiale (BM), du Fonds monétaire international (FMI) et d’aucun expert, ni consultant et conseiller blanc spécialiste de “leur Afrique”, nos grands hommes des grandes entreprises ont montré que le Sénégalais est capable de développer son pays : les industriels politiques sénégalais ont tout inventé pour créer, monter et mettre en fonctionnement leurs très performantes et rentables industries politiciennes.

L’année faste de notre pays a commencé avec la première victoire de la sélection de football à la coupe d’Afrique des Nations. Tout au long de la compétition, même si on peut parfaitement le comprendre, la grande majorité de la population avait oublié ou faisait semblant d’oublier les diverses formes de la faim chronique qui brutalisent et tenaillent les foyers sénégalais. Celles-ci compromettent aussi le sain et harmonieux développement des enfants et de la jeunesse, sans compter la mort prématurée des parents due aux problèmes cardiaques et diabétiques. Le jour du match, des plats ont été mis de côté ou rapidement avalés pour ne pas perdre aucun moment de cette page de l’histoire unique du football sénégalais. Dès le sifflet final du match, chacun de nos excellents industriels politiques a mis en branle “sa machine” financière en mobilisant ses fonctionnaires (ses esclaves politiques) pour être le premier à serrer la main ou être photographié avec un de nos nouveaux héros nationaux.

Cette victoire était pour eux une aubaine pour s’adonner, en tant qu’adeptes du Prince de N. Machiavel même si certains ne l’ont pas lu, à leur sport favori : la technique de la simulation et de la dissimulation. Cachant leurs ambitions pernicieuses, ils ont essayé de donner l’impression de personnes qui aiment leur peuple, de surcroît leur Nation. Or, il n’en est absolument rien. Ce sont des loups habillés en peau de mouton. La tartufferie et la mesquinerie sont érigées chez eux comme la norme par excellence. Passés ces brefs moments d’euphorie, des millions de foyers sénégalais reprirent leurs courses pénibles et déshumanisées.

Le deuxième moment faste de notre année 2022 fut les élections municipales. Pendant toute la campagne, les diverses formes de faim qui tenaillent des familles sénégalaises quotidiennement disparurent miraculeusement des millions de foyers. Comment nos industriels et leurs industries politiciennes ont-ils réussi à sortir en si courte période nos éternels millions de mendiants de l’indignité alimentaire? Au pays du Ndogalu yàlla, nos industriels politiques charrient des billets de banque et les distribuent irrespectueusement et immoralement aux esclaves alimentaires, monétaires, politiques de nos industriels politiciens.

Il est important de signaler que c’est l’esclavage politique qui fait fonctionner le pays du Ndogalu yàlla. Ce contexte atypique transforme chaque Sénégalais et Sénégalaise en éternel(le) mendiant(e), mais les plus grands mendiants et commerçants de cette forme d’esclavage sont nos industriels politiciens. Ce qu’on appelle la transhumance de nos “politiciens” n’est que la commercialisation de leurs “esclaves politiques”. Cependant, ladite transhumance des politiciens n’est aussi que la matérialité de l’esclavage politique de nos industriels au gouvernement en place.

Au-delà de cet esclavage, ils sont mentalement, incurablement maladifs et émotionnellement esclaves de leurs arrogances matérielles, du déni de l’autre esclave politique en bas d’eux car leur “humanité” ne se mesure qu’à la capacité de piétiner et d’humilier l’autre en lui jetant en pleine lumière des billets de banque aux origines extrêmement douteuses. Qui ne se rappelle pas cette scène d’un membre de la crème de nos grands industriels politiciens – pendant la campagne, du toit de son immorale luxueuse voiture – jetait des billets de banque et que la population affamée, courrait pour les ramasser comme des coqs de la basse cour qui, dans une pagaille indescriptible, cherchent leur pitance ? Pouvait-il en être autrement de cet compétent industriel politique caractérisé par une inculture et un manque de savoir-être inouïs ? Ce sont ces industriels politiques de succès qui définissent les grandes lignes et les priorités de l’avenir de notre pays. Comment une telle industrialisation a-t-elle été possible en si très peu de temps au Sénégal? Les plus grands bénéfices de leurs industries sont obtenus après accords de pré-vente de leurs “esclaves politiques” à chaque élection. Nos respectables et compétents industriels ne sont guidés, spiritualisés et conduits vers et qu’avec le dieu Argent. Au Sénégal, c’est l’unique et le principal dieu du bonheur, du mépris de son semblable esclavagisé politiquement et dans les plus profondes entrailles de la faim.

Tout au long de la campagne, des fleuves d’argent, de notre argent fut immoralement distribué par nos plus grands, nos séculaires et nos innovateurs industriels politiques. D’ailleurs, qui aurait la décence morale et éthique si, au pays du Ndogalu yàlla, tout le monde est affamé, mendiant et esclave politique, de manque de dignité et de famine de quelqu’un ?

Or, chaque Sénégalais qui a reçu cet argent venait de renouveler ou d’établir, sans s’en rendre compte, son contrat (in)volontaire de son esclavagisme politique, de son manque de dignité vendu à très bas âge et de son immoralité civique et éthique. Ces esclaves politiques et monétaires venaient de transformer nos immoraux, illicites et illégitimes industriels politiques en des principales références de Succès matériels et de compétences professionnelles. Être politique est devenu au Sénégal le plus rentable investissement et l’unique chemin de son développement industriel, car la politique esclavagiste est devenue notre unique marque industrielle de sénégalité.

Entre-temps, le succès de chaque industriel politique n’est possible que grâce au degré de son esclavage au plus grand industriel, c’est-à-dire la totale auto-négation de ses capacités rationnelles, de sa moralité et de sa dignité. Nos capacités de jurer toutes les mains sur la Bible ou le Coran sans vergogne, sans gêne, sans honte, sans préoccupation avec une possible colère divine et sans pudeur ne seraient-elles pas la matérialité de notre fausse, forte et singulière croyance ? La recherche du gain facile sans suer et immoral est le support de toutes sortes de fausses convictions. Nous n’en voulons pour preuve que le nombre astronomique de 299 industries politiques dans un pays peuplé à peine de 17 millions d’habitants. Notre infaillible industrie politique n’est-elle pas entrain de nous rendre plus ignorants, car nous perdons chaque jour la capacité de s’indigner humainement? Les produits et tout le travail de nos fameux et respectables industriels politiques ne consistent qu’à tuer mentalement, moralement et éthiquement leurs esclaves politiques et les futures générations.
Quel futur pour le pays ? Ils sont agrippés à leurs privilèges d’industriels esclaves politiques, de bien-être matériel, d’apparence immorale. Est-il possible d’appréhender sociologiquement certaines des causes des différentes formes de violence qui font partie de la vie quotidienne des Sénégalais sans plonger sur les conséquences de cette forme d’industrialisation politique du pays ?
L’avant-dernier moment faste de notre industrialisation politique aura lieu en juillet avec les élections législatives. Cependant, juste les fêtes ou les pleurs après les résultats des élections municipales, nos fameux industriels politiques ont aussitôt repris la propagande et l’écoulement de leurs produits toxiques et immoraux dans les carrés de leurs roitelets d’esclaves politiques, monétaires, alimentaires et vestimentaires. Dans les foires d’expositions et de commercialisation, ils exhibent orgueilleusement sans aucune dignité, des tee-shirts lavables qu’une seule fois avec la photo de leur industriel politique propriétaire.
Le Sénégal occupe la première place au palmarès du nombre de partis politiques dans le monde. Quelle fierté de la démocratie du pays du Ndogalu yàlla ! Mais la multitude des partis politiques déclenchée par le gouvernement d’Abdou Diouf est-ce vraiment les marques et les reflets d’une véritable démocratie de la société sénégalaise ou la preuve qu’être un industriel politicien professionnel est devenu le chemin le plus sûr et le plus court pour devenir (im)moralement milliardaire sans effort ? Contrairement aux analyses, ces partis ne sont que le lotissement du pays du Ndogalu yàlla en roitelets divins et chaque industriel politicien professionnel n’est qu’un petit roi divin avec ses esclaves politiques prêts à sacrifier leur vie au nom de celui-ci.
La découverte ces dernières années du gaz, du pétrole et d’autres richesses minières a permis de songer à une vie meilleure et une possible émancipation totale. Cependant, pour que cette émancipation soit un jour possible, il va falloir que les mouvements de la société civile et des industriels politiques clairvoyants exigent un référendum pour la refondation des partis politiques en vue d’en avoir un nombre très restreint. La création des partis politiques ne permet pas seulement d’être entretenu immoralement par l’argent du contribuable, mais aussi cet argent finance l’auto-kidnapping esclavagiste de la société et l’accaparement continuel, permanent et constant de toutes les richesses par nos vaillants et compétents industriels qui sacrifient leur vie au nom du vol du futur de la jeunesse. Ne doit-on pas avoir honte ou pleurer quand on fait orgueilleusement mention du nombre des partis politiques au Sénégal ? Sans qu’on s’en aperçoive, ils sont déjà les principaux piliers de notre futur très proche instabilité politique du fait qu’ils sont culturellement les vraies causes de l’insécurité constante coûtant, de plus en plus, des vies dans le monde urbain. Le Sénégal est devenu une propriété privée de petites castes fermées et héréditaires. Il se trouve que n’importe quel scientiste social sérieux sait que l’accaparement des appareils de l’Etat et les richesses de celui-ci par des castes provoque tôt ou tard des violences aveugles dont les conséquences sont après incalculables en termes de vies humaines et d’éternelles instabilités socio-politiques.

*Dr. en sociologie
Professeur d’histoires et de cultures africaines – Département d’Histoire et de Relations Internationales – Universidade Federal Rural do Rio de Janeiro – UFRRJ