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Sénégal : La politique de la terre brûlée

Sénégal

Condor, Camelot et consorts

La politique de la terre brûlée

Sonko au pouvoir maintient la politique de la terre brûlée pour éviter tout débordement, d’où qu’il vienne. Avec une capacité d’analyse et d’anticipation qu’il faut lui reconnaître et relever, il se transforme en Cauet pour se convaincre qu’il est indispensable, incontournable et « indestructible ». C’est le signe d’une angoisse qu’il essaye de combattre à la manière dont il s’est toujours distingué au Sénégal depuis, près de dix ans : le face à face avec la rue.

Le délitement de la société relevé ces dix dernières années repose en effet sur l’exclusion du religieux, du syndical et de la société civile du jeu politique ramené à son expression la plus simple, devant les besoins non satisfaits que traduirait la violation des droits du citoyen et dont seule la lutte  est la réponse.

« Il y a lieu d’ agir rapidement pour réconcilier l’État et le peuple et insuffler l’espoir et la confiance », souffle une vieille source spécialisée dans le renseignement ; une des solutions préconisées par notre source repose sur des «niches d’action immédiate et à court terme », notamment dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche, de l’élevage et du maraîchage où notre interlocuteur trouve des solutions qui ne renvoient pas pas dans une génération d’un chimérique An 2050.

Face à un hypothétique bouillonnement tant physique que verbal qu’il faut maîtriser par la neutralisation des bailleurs potentiels, d’autant plus préoccupants qu’ils sont milliardaires aux dires du Premier ministre, le Sénégal vacille entre le plan Condor de 1963 et le projet Camelot de 1975.
L’un, théorie du « containment », visait à limiter la contestation en Amérique du Nord cependant que le second ouvrait la voie à la dictature sud-américaine en liquidant physiquement tous les opposants. 
Le faire endosser par les populations, rengaine de l’opposition et du pouvoir, renvoie cependant à une mauvaise appréciation de la popularité des uns et des autres, « à tout le moins à des renseignements défaillants quand on écrit ce qui plaît au régime » affirme une source avisée ; un ancien haut patron du ministère de l’Intérieur semble reconnaître le caractère souvent relatif de certains bulletins de renseignement-Br. Nos sources en veulent pour preuve l’affaire du ministre de la Justice qui détient l’équilibre du pouvoir actuel : son départ, volontaire ou forcé, atténuerait considérablement la crédibilité du régime.
Ce point noir devrait conduire à se pencher sur l’histoire des moutons noirs qui ont contribué à l’affaiblissement du pouvoir, de Jean Colin et Ousmane Tanor Dieng, sous Abdou Diouf, à Farba Ngom sous Macky Sall, en passant par Karim Wade, entre 2000 et 2012 ; Ousmane Sonko viendrait compléter la liste qui semble se méprendre sur sa popularité : d’être resté le même Ousmane opposant que Sonko au pouvoir a largement émietté son aura et renforcé l’image de celui que Pastef tient comme intérimaire d’un poste pour Ousmane Sonko. Certes, l’appel à la pression populaire du 4 avril pour accélérer la cadence de la justice a jeté un froid dans la perception populaire d’un président de la République jusque-là reçu comme un contre-poids à l’exubérance de son Premier ministre.
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El Condor Pasa

L’opération Condor (en espagnol : Operación Cóndor) est la campagne d’assassinats et de lutte anti-guérilla conduite conjointement par les services secrets du Chili, de l’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay, avec le soutien tacite des États-Unis au milieu des années 1970.

Les dictatures militaires alors en place en Amérique latine—dirigées à Santiago du Chili par Augusto Pinochet, à Asuncion par Alfredo Stroessner, à Buenos Aires par Jorge Rafael Videla, à Montevideo par Juan Bordaberry, à Sucre par Hugo Banzer et à Brasilia par Ernesto Geisel—envoient des agents secrets poursuivre et assassiner les dissidents politiques jusqu’en Europe (France, Italie, Portugal, Espagne…) et aux États-Unis (phase 3 de l’opération Condor, qui culmine avec l’assassinat d’Orlando Letelier, ancien ministre de Salvador Allende, en septembre 1976 à Washington D.C.)–Wikipedia.
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Camelot, camelote, caméléon
Le projet Camelot était le nom de code dune étude de contre-insurrection commencée par l’ armée américaine en 1964. Le nom complet du projet était : Méthodes pour prédire et influencer le changement social et le potentiel de guerre interne. Le projet a été exécuté par le Bureau de recherche sur les opérations spéciales (SORO) de l’ Université américaine, qui a réuni une équipe éclectique de psychologues, sociologues, anthropologues, économistes et autres intellectuels pour analyser la société et la culture de nombreux pays cibles, en particulier en Amérique latine–Wikipedia.
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Le président Bassirou Diomaye Faye reste cependant la seule constante légale, légitime qui a sauvé le Pastef en mars 2024 : dans l’intervalle des trois semaines des Ides de mars  imposé par le Conseil constitutionnel et contrairement à une idée assez répandue, il était la seule alternative crédible pour un parti plus apte à secouer un pays qu’à le gérer. C’était donc bien calculé. Aujourd’hui, il est au centre de toutes les audaces, comme Abdou Diouf avec Jean Collin en 1990.

Pathé MBODJE