Sénégal-France : Rupture rénovée
France-Sénégal
Vers une rupture ou des relations rénovées ?
Dakar abrite une base de militaires français et il est certainement une cible des missiles nucléaires russes car il n’est pas exclu que, dans l’évaluation des risques par la Russie, des armes nucléaires y soient prépositionnées.
Le président français a, dans sa récente rencontre avec les diplomates de son pays, déploré en des termes peu amènes le manque, à ses yeux, de reconnaissance des pays africains à l’égard de la France. Le Premier ministre sénégalais lui a répondu en usant du même ton.
De bonnes relations entre la France et le Sénégal, de vieux amis, n’ont pas besoin de polémiques ou d’invectives. La présente situation fait penser aux relations entre la France et la Guinée Conakry à la fin des années cinquante.
On se souvient des propos de de Gaulle après le discours de Sékou Touré lors de sa tournée de promotion de la Communauté. Il avait dit en substance: “Voilà un homme avec qui nous ne nous entendrons jamais. Nous allons quitter la Guinée”.
Il s’en est suivi une incroyable hostilité qui s’est traduite par des sabotages de l’économie guinéenne et des actions de déstabilisation récurrentes.
Cette période et ces méthodes sont peut-être révolues. Mais, du côté sénégalais, par prudence et réalisme, il faut se préparer à faire l’impasse sur beaucoup de moyens et activités qui dépendent de la coopération française. Les autorités devraient d’ores et déjà faire le point sur nos relations avec la France dans tous les domaines et explorer voies et moyens à mettre en œuvre pour pallier les difficultés qui pourraient survenir en cas de de désengagement de celle-ci.
Tout en maintenant ses objectifs de souveraineté et d’indépendance, le Sénégal pourrait user d’une communication plus diplomatique dans sa forme : il n’est pas très productif de répondre sur le même ton à l’actuel président français à qui beaucoup d’observateurs de son propre pays imputent une maladresse diplomatique et politique ; les hommes passent mais les États restent et leurs intérêts réciproques demeurent.
La raison voudrait que du côté sénégalais la communication s’imprègne de plus de diplomatie et de discrétion et que du côté de l’Hexagone la suffisance, la condescendance voire le mépris soient remisés.
Il paraît évident qu’eut égard au passé partagé, l’intérêt des deux pays est de réviser leurs relations en y mettant plus d’équilibre et de respect réciproque. Derrière toutes ces considérations, il y’a la vie d’hommes et de femmes dont certains sont viscéralement attachés au pays où ils ont vécu de longues années même si celui ci n’est pas le leur.
Une justification de la fermeture des bases militaires étrangères est la probabilité montante d’une guerre nucléaire entre les pays du Traité de l’Atlantique Nord et la Russie. La France, sous les magistères de Sarkozy et Macron, a abandonné la politique d’indépendance du général de Gaulle ; elle s’est engagée de plus en plus dans l’OTAN et même est dans le commandement intégré de cette alliance. Donc potentiellement, elle peut être engagée dans une guerre qui n’est pas la sienne, ce que De Gaulle n’avait pas voulu.
Dakar qui abrite une base de militaires français est certainement une cible des missiles nucléaires russes car il n’est pas exclu que, dans l’évaluation des risques par la Russie, des armes nucléaires y soient prépositionnées.
Si la France revenait à sa tradition de diplomatie au service de la paix et de la stabilité mondiales, le Sénégal pourrait avoir une autre vision de ses relations avec ce pays ami que cette perspective de rupture laquelle instille dans nombre de cœurs de simples citoyens des deux pays une certaine langueur.
Ces vers de Verlaine viennent à l’esprit :
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?
Ababacar Sadikhe DIAGNE,
Ancien élève des classes préparatoires aux Grandes écoles,
Ingénieur diplômé de l’ENAC-Toulouse France et du MIT Cambridge USA.