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Ramadan/Dépenses-Ménages à 3

Ramadan/Dépenses

Certains ménages tiennent

aux trois repas

Le Ramadan est un prétexte pour certaines familles de faire des économies. Mais le constat montre le contraire. Certaines femmes refusent de renoncer aux trois repas du quotidien à cette période. Au contraire, elles y ajoutent d’autres achats supplémentaires pour garnir leur dressage. Pourtant, deux repas auraient suffi pour rompre le jeûne et préparer le jeûne du lendemain.

Les dépenses doublent avec le challenge de dressage

Le mois de Ramadan nous épargne la préparation des trois repas du jour. La plupart du temps, dans certains ménages, seuls le petit-déjeuner et le déjeuner sont rattrapés à la rupture du jeûne. Cette méthode  génère des économies, contrairement à d’autres qui tiennent à rattraper les trois repas quotidiens à partir de la rupture jusqu’à l’heure de l’imsak, le moment où commence le jeûne.

Par Khadidiatou GUEYE Fall,

Cheffe du Desk Société

Il est clair que le fait de jeûner est bénéfique au corps. Des études médicales ont montré que le jeûne permet au corps de libérer l’excès de cholestérol. Et bien évidemment, le corps est nettoyé des toxines. Mais, dans les normes, l’avantage ne devrait pas être sanitaire seulement. 

Le Ramadan exige une retenue de manger et de boire du lever au coucher du soleil. La rupture du jeûne se fait au crépuscule. Ce moment de rupture coïncide avec l’heure du dîner. Mais au Sénégal, les gens préfèrent rompre le jeûne avec un petit déjeuner où café, lait, pain, jus, pâtisserie, fruits et consort se réunissent sur la nappe. Cette brochette de variétés juste pour la rupture n’égale en rien la cuisson du riz avec des accompagnants qui attendent dans la cuisine pour être servi après le nafila. Comme si cela ne suffisait pas, des plats sont prévus à l’aube, avant l’heure de l’imsak. Ceci fait que les dépenses doublent durant Ramadan.

Mme Bathily est ménagère. Elle gère une famille de 12 personnes. Pour le mois de Ramadan, Mme Bathily ne modifie pas son menu. Elle y ajoute quelques produits alimentaires pour la rupture. « Durant le Ramadan, rien ne change sur mes approvisionnements. Je maintiens les trois repas avec l’enrichissement du petit-déjeuner. Chez moi, la rupture est très importante. On prend trois dattes. Après, la prière de l’iftar, nous savourons le temps de bien prendre le petit-déjeuner avec du café, du lait, du pain avec accompagnants soit du thon, des omelettes,  du beurre, du chocolat, des cakes et des croissants. Le temps que l’on digère, nous allons à la mosquée pour la prière du Guéwé et du nafila. Je sers le repas et ça peut être du riz au poisson ou avec de la viande ou avec du poulet. Puisque les garçons font le réveillon jusqu’à l’heure de l’imsak, je prépare soit des plats à base de mil comme le fondé, le lakh, le thiakry, soit des plats salés comme des sauces avec petits pois, lentilles, spaghetti, couscous, vermicelles etc. Cela dépend du contenu du menu », explique Madame. Selon elle, le Ramadan occasionne beaucoup plus de dépenses que d’habitude.

Contrairement à Mme Bathily, Mère Aïda, une cinquantaine, joue la despote dans sa maison. Pour Mère Aïda, il est hors de question de faire des dépenses inutiles. Elle trouve que l’appareil digestif est trop faible durant le Ramadan pour accueillir les trois repas en moins de 12 heures :  « Ce n’est pas parce qu’on n’a pas mangé toute la journée qu’au moment de la rupture, il faut tout rattraper pour fatiguer l’appareil digestif ».

Mère Aïda a régi un règlement au sein de sa famille pour ne pas faire comme Mme Bathily : gaspiller de l’argent et de la nourriture alors que cela pourrait être évité.

« A l’heure de la rupture, tout le monde prend une datte et sa tasse de café. Au moment qu’ils prient, le riz est déjà servi. Et à ce moment, ils ont faim parce que ce n’était pas un petit-déjeuner proprement dit. Dès lors, ils arrivent à bien manger sans retenue. A 5 heures du matin, maintenant, ils mangent du pain et prennent du lait ou du café », trace mère Aïda.

D’après la dame, le mois de Ramadan doit être une occasion de faire des économies et de diminuer les dépenses inutiles. C’est la raison pour laquelle elle s’est limitée à seulement deux repas : le riz servi après la prière de l’iftar et une sorte de petit déjeuner à prendre avant de commencer le jeûne. Néanmoins, elle tient à ce que les jus naturels et l’eau tiède soient en quantité suffisante.

En tenue traditionnelle et un chapelet à la main, Atoumane Sarr s’accroupit sur une natte de prière. Selon Atoumane, les femmes sont les seules personnes qui causent ces dépenses inutiles durant le Ramadan. « Elles font le challenge avec leur dressage de Ndogou qui finit la plupart du temps dans le menu des moutons. Le gaspillage est à éviter dans un contexte où tout est cher dans le pays », fait savoir Atoumane Sarr, un père de famille.