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Procès Le Pen : Ci-gît le Rn

Condamnation de Marine Le Pen

Le RN est jugé comme une personne morale en récidive

Le jeu dangereux de Macron a finalement coûté cher à la présidente du RN : une macronisation du RN via Jordan Bardella par la dissolution de l’assemblée nationale. Aujourd’hui, nous assistons à l’enterrement du RN. « RIP, RN ».

De notre correspondant en France

Un procès d’une très grande ampleur : le procès du Rassemblement National et de ses assistants parlementaires était très attendu car l’enquête a été très longue et les faits amputés au RN se sont étirés sur plus de 10 ans.
En effet, c’est le procès des pratiques du Front national (actuel Rassemblement national) qui, pendant une quinzaine d’années, a fait salariés des permanents du parti par le Parlement européen, sous couvert de postes d’assistants parlementaires des députés européens. Les juges et le parquet ont retenu des cas extrêmes : des gens qui visiblement n’ont pas travaillé pour leur eurodéputé. Ils sont donc poursuivis comme receleurs, les eurodéputés comme employeurs, c’est-à-dire moteur de détournement des fonds publics, le parti lui-même ainsi que ses dirigeants comme complices ou receleurs. Le montant des détournements est estimé par le Parlement européen à 4,6 millions euros ; ce qui veut dire que l’amende et les dommages intérêts pour le parti peuvent être colossaux. De plus, les dirigeants risquent des peines de prison et d’inéligibilité qui leur font peur. Le RN est jugé comme une personne morale en récidive puisqu’il a déjà été condamné en tant que parti pour une affaire de financement frauduleux.
Les médias n’ont pas été à la hauteur car le procès n’a pas suffisamment été médiatisé. Vu la gravité des faits, la propulsion du RN au rang de premier parti de France et Marine Le Pen qui prétend encore être candidate à la présidentielle, les enjeux sont très élevés et les citoyens n’ont pas le sentiment que le procès ait fait la Une des magazines et quotidiens ou l’ouverture du 20 heures ou les matinales à la radio. Cela montre les défaillances du métier de journaliste : au lieu d’aller chercher l’information, la creuser profondément pour la partager, le journaliste se contente maintenant des commentaires d’actualités alimentant ainsi les débats. Il faut d’abord informer juste et vrai avant d’en débattre.
Le RN parle d’une politisation du procès alors que ce sont ses dirigeants qui sont invités aux matinales et 20 heures, c’est Marine Le Pen qui fait des points de presse à la sortie du tribunal, voire même dans la salle parfois de façon informelle. Tout un narratif est construit pour faire passer le parti et ses dirigeants pour des victimes d’un complot, on ne sait pas monté par qui, par quoi. Le dossier n’est qu’une procédure judiciaire qui a trop traîné, peu médiatisée et aboutissant à un procès accablant.

Dans l’arène politique, il est connu que dès qu’un parti politique, un baron de la politique ou un homme politique d’importance est envoyé en procès, et d’ailleurs très souvent pour détournement de fonds publics, ils invoquent leur statut d’élu politique et une justice qui serait aux ordres. Les hiérarques politiques qui sont passés en procès ont tenu ce même discours, par exemple la France insoumise et le MoDem. Dans ses débuts, Marine Le PEN avait tenu ces propos dans une émission télé du 9 février 2004 : « Tout le monde a piqué de l’argent dans la caisse sauf le Front national et on trouve ça normal ? … Les Français n’en ont pas marre d’entendre des affaires, ils en ont marre qu’il y ait des affaires. Ils en ont marre de voir des élus, je suis navrée de vous le dire, qui détournent de l’argent…». Elle confirme que dès qu’il y a une poursuite, on parle de « procès politique ». Il n’est pas surprenant qu’elle joue ce jeu aujourd’hui dans son propre procès. La ligne de défense était un peu dictée par Marine Le Pen et la direction du parti, un jeu d’équilibriste pour à la fois prouver que la mission d’un assistant parlementaire était politique et qu’il pouvait travailler pour le parti en France, mais aussi qu’ils avaient bien travaillé ensemble au Parlement européen, question essentielle dont les arguments du parti étaient faibles.

Nous savons que le RN a un sérieux problème d’argent : Marine Le Pen n’a pu battre campagne en 2017 que par un prêt du régime russe via une banque amie ; en 2022 encore, il y a eu un prêt d’origine hongroise. Ses pratiques sont assez anciennes. Ils ont déjà été condamnés dans une affaire pour la campagne de 2012 : une surfacturation des dépenses de campagne à des sociétés tenues par des amis et comme ensuite c’est remboursé par l’Etat, c’était qualifié d’escroquerie. Le RN est une PME aux services des Le Pen et qui se transmet de génération en génération.
La dernière audience du procès s’est terminée le mercredi 27 novembre 2024 et Marine Le Pen risquerait gros : 5 ans de prison dont 3 ans avec sursis, 300.000 euros d’amende et 5 ans d’inéligibilité avec exécution provisoire. La justice a rendu son jugement ce lundi 31 mars 2025 : elle et huit eurodéputés sont reconnus coupables de détournement de fonds publics à hauteur de 3 millions euros. Elle a été condamnée à 4 ans de prison dont 2 ans ferme, assortie d’une amende de 100.000 euros, une peine d’inéligibilité de 5 ans avec exécution immédiate. Ce verdict lui barre la route pour une candidature à l’élection présidentielle. Le jeu dangereux de Macron a finalement coûté cher à la présidente du RN : une macronisation du RN via Jordan Bardella par la dissolution de l’assemblée nationale. Aujourd’hui, nous assistons à l’enterrement du RN. « RIP, RN ».

Séga Fall MBODJI,

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