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Primature : Attention aux coups Bâ

Les adieux de Macky Sall

Attention aux coups Bâ

 

ADD et une majorité minoritaire à l’Assemblée sont une bonne voie pour liquider le Premier ministre

Amadou Bâ devra surveiller ses arrières pour avoir fait sauter le dauphin présumé de son ministère et d’avoir reproduit avec lui, le 17 septembre dernier, ce que lui-même avait refusé en avril 2019 au point de retarder la mise place du gouvernement Muhammad Boun Abdallah Dionne. D’autant que l’instabilité institutionnelle avec une coalition au pouvoir minoritaire à l’Assemblée nationale pourrait être une voie de sortie pour Macky Sall qui en finirait définitivement avec ceux qu’il a suspectés à tort ou à raison de vouloir lui survivre. On tirerait alors un trait définitif sur l’actuel et l’ancienne Premier ministre dont le cycle de vie semble s’arrêter à l’Assemblée : son dernier haut fait de guerre pourrait être d’instaurer l’instabilité politique en faisant tomber le gouvernement.

Les adieux d’Hector à Andromaque ouvrent la voie à Mansour Faye mais aussi à Aminata Touré Mimi paradoxalement sauvée d’un mandat de cinq ans qui la lierait en 2024 pour la Présidentielle. Car si elle a été combattue en même temps que d’autres pour délit d’ambitions présidentielles, sa position de principe a triomphé : pas de mandat pour Macky Sall en 2024. Ce que l’intéressé lui-même semble désormais accepter.

Malgré le refus, le 05 septembre dernier à Rotterdam, de parler d’affaires intérieures du Sénégal à l’étranger, Macky Sall n’en a pas moins affirmé qu’il ne serait jamais un frein à la démocratie ; cette consommation destinée à la consommation internationale sera renforcée durant son court séjour à Touba, le 10 septembre, pour faire ses adieux à Serigne Mountakha Mbacké, Khalif général des Mourides, en évoquant un futur où il ne serait plus pour effectuer la même visite protocolaire : rien ne l’obligeait à se conjuguer au passé. Le troisième temps, celui du 12 septembre, parachève le scénario politique du départ avec la désignation puis l’élection de Amadou Mame Diop comme successeur de Moustapha Niass au Perchoir ; Khadidiatou Guèye Fall développe dans ses perspectives en page 7 une hypothèse de succession non dénuée de base logique et politique avec le scénario du renoncement qui est aussi à verser dans le panier des perspectives politiques.

Et revoilà donc Mansour Faye, le beau-frère, remis en selle par l’élection du président de l’Assemblée nationale… qui l’a informé du choix de Macky Sall en même temps que Amadou Mame Diop s’en ouvrait à Marième Faye Sall, parrain et marraine de deux de ses enfants, raconte la petite histoire.

Le perchoir, un tremplin ?

« Peut-être pas mais je crois savoir que le beau-frère veut s’appuyer sur le Dagana pour retrouver une légitimité ».

Léger, comme argument quand Macky Sall ne perd pas le Nord, chasse gardée dans sa partie Est, même si ledit beau-frère éprouve quelques difficultés dans la partie Ouest de la région.

Que deviennent alors Omar Sarr et Mouhamadou Makhtar Cissé ?

« Je pense qu’il (Macky Sall) est prêt à sacrifier tout le monde : par exemple, le maire de Gaya qui n’est pas particulièrement ami de Omar Sarr est nommé directeur de la fonction publique locale. 
Il faut surveiller 2024 : pas de surprise avec le beau-frère, il tisse sa toile…. »

À décharge, il faut reconnaître qu’il serait délicat d’avoir au Perchoir un président ou une présidente Benno mal élu(e), plus sur la liste nationale que par une bataille sur le terrain départemental.
Le cheminement vers Amadou Mame Diop est si logique que les têtes d’œuf de l’Apr auraient dû elles-mêmes arriver à cette conclusion et l’imposer : qu’aurait été la légitimité d’une Aminata Touré au Perchoir ou celle des cadres du premier rang ? Arrivés embusqués sur la liste nationale, ils ont dans leur presque totalité été battus à la base et auraient dû se poser eux-mêmes la question de leur légitimité à la tête de l’Assemblée nationale.

À l’exception de Farba Ngom, les dix premières personnalités de premier plan de la liste nationale ont toutes été battues ou presque dans leurs propres bureaux et/ou centres de vote. Aussi bien aux Locales du 24 janvier qu’aux Législatives du 31 juillet ; sur le terrain, Saint-Louis, Tambacounda et Matam ont permis de sauver la face devant la moue de la frange occidentale du pays et les centres à la densité morale appréciable. En conséquence, si beaucoup étaient contre la nomination de Amadou Mame Diop à l’Assemblée nationale, un nombre tout aussi important de militants était contre la désignation de ceux qui croyaient mériter le Perchoir.
Cette quadrature du cercle a généré une situation ubuesque d’une majorité minoritaire qui peut tomber à tout moment, malgré les procurations, que Aminata Touré arrivée au bout de son cycle de vie pourrait exploiter en faisant tomber le gouvernement.

P. MBODJE