Présidentielle : Haro sur le baudet !
Le pétrole n’est pas encore sorti des entrailles de la terre qu’il est mis en perspective pour l’après-2024 : le Sénégal du pétrole et du gaz serait entre les mains d’un « prédateur financier qui ruinera notre pays, son économie et sa démocratie ». Le tir groupé autour de l’actuel Premier ministre désigné candidat de Benno semble suggérer que la peste s’est emparée du Sénégal, après une pandémie de la Covid-19 toujours latente
Présidentielle
La guerre du feu
La grande colère dans certains milieux pourtant très proches du pouvoir doit convaincre, comme le dit l’ancien Premier Mahammad Boun Abdallah Dione la mort dans l’âme, que « ce choix ne plaît guère » et « Le Sénégal pétrolier et gazier ne sera jamais entre les mains d’un prédateur financier qui ruinera notre pays, son économie et sa démocratie ». Le maire de Thiès ne dit pas autre chose qui parle d’une classe d’affairistes en marche vers le sommet de l’Etat : la valse de départs d’éléments de la majorité, véritable bras d’honneur, augure des jours difficiles qui se dressent devant Amadou Ba (L’Observateur, 14 et 15 septembre 2023).
Les jours à venir promettent donc car « l’histoire est loin d’être terminée ». D’autant qu’il y a loin de la coupe aux lèvres. Certes, Macky Sall est toujours là, encombrant pour un candidat à la Karim Wade, toujours sous l’aile tutélaire du géniteur : il a promis un environnement tout ce qu’il faut à son candidat jusqu’à la victoire finale. On connait la réplique du Comte à Rodrigue dans la pièce ” Le Cid ” de Corneille.
C’est oublier l’érosion de l’image sociale du chef qui déteint négativement autour de lui : le second mandat n’a pas été de tout repos avec la pandémie de la Covid-19 qui perdure, et surtout la crise socio-politique née de l’affaire Adji Sarr et ses lourdes conséquences politique, économiques et morales ; c’est oublier également la dispersion du bassin électoral de l’Alliance pour la République et ses alliés obligés naguère de transhumer vers d’autres listes et coalitions pour etre : si Mame Boye Diaw peut ne pas rentrer dans ses fonds, Aly Ngouille Ndiaye rayonnera jusqu’au Sine Saloum où il a eu la prudence de cultiver son jardin ; dans les faits, il devrait mordre sur le potentiel marginal du vote mouride : il y compte de solides amitiés jusques et y compris à Linguère même, base d’une portion de la grande famille mouride, d’où ses prétentions et sa sortie théâtrale.
L’appareil d’État veillera sur le candidat de la coalition « majoritaire ». Amadou Ba pourrait également bénéficier de la dispersion du vote libéral peu rassuré par son champion empêtré dans ses histoires de nationalité qui pourraient l’écarter de la course. Les candidatures issues des flancs de la majorité doivent cependant donner à réfléchir : si Macky Sall a sorti cette fois-ci le sabre pour couper la tête de Mame Boye Diao pour confirmer le primat de l’unique candidature Benno, la dissidence de l’ancien Premier ministre Mouhammad Boun Abdallah Dionne doit donner à réfléchir : la fermeté du ton durant son audience de ce mercredi avec la président de la République et l’exploitation qu’en a fait la presse inclinent à croire à une autre candidature qui pourrait aboutir à la même surprise que celle de 2012 avec l’élection de Macky Sall.
À l’inverse, les coups de boutoir de la dissidence socialiste menée par Vilane n’ébranleront peut-être pas le baobab Aminata Mbengue, d’autant que le velléitaire est rentré dans les rangs ; sauf que les mouvements erratiques chez les Verts pourraient bénéficier à Khalifa Sall.
La grande inconnue reste le candidat caché que l’ex-Pastef pourrait avancer et dont l’opinion s’est déjà saisie.
Prométhée a encore de beaux jours devant lui et finira toujours sur la roche tarpéienne.
P. MBODJE