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Poème : Délire posthume

Poème

 

Délire posthume

J’ai songé Là-dessous, à ma dernière prière lentement

 

Inaudible contre des pans De sable émeraudes

Tout s’effondre sur ma dépouille amplement

Assoupie dans les mémoires quelconques
J’ai senti Encore mes ablutions face aux vents des ravins

Soufflant dans mon sépulcre de boue ocre
Le haut-fond devenant mou
De mon oreiller levain
De poussière parfumant ma tombe recréée
J’ai écouté Doucement le murmure lointain vivant Récitant l’Alcoran aux résonances envoûtantes Sonnant dans mon crane blafard de relents De la terre ininterrompue de confidences
Doucement Le froufrou obscur de mes os vermoulus Sculptés comme d’ultimes rangs en prière Raffermissent mes attentes d’extase aux flux De mes dernières dettes En fardeau De mes multiples salissures à lessiver De mes extrêmes péchés à pardonner
Je cours Seul dans une prairie scrutant des portes célestes Qui banniront les torrents de spasme de mon exil
Devant la boulimie sans fin
De mollusques tels
Des misérables en quête d’amnistie implorée
Voilà
Que retentisse partout le rampement tapageur
Des bombyx fatigués de rouler insatiables
Dévoreurs de tous mes sursis Consolateurs
Dans l’obscurité tenace de ce bas-monde rebelle
Attendant le début de la fin de tous les temps
Je comprends
Les plaintes gutturales des miens nostalgiques
De mes sourires d’ardeur sous le soleil vêtue de vie
Ici aucune âme en romance
Seule bleue l’immense
Lumière clémente de l’Éternel
Qui surgit amplement des ténèbres de félicité
Jusqu’à mon dessus-de-lit de sable pulvérisé
Où les lombrics noirs
Pécheurs de doute
Chercheurs invétérés de chairs altérées
Mèneront leur fouille sinistre à côté
Le silence
Grand des bas-fonds est lourd du climat défunt
Les chenilles versicolores caressent un à un
L’ultime seuil trépassé des temps immémoriaux
Et l’invisible parfume
Le néant belliqueux
De l’attente finale des honneurs désireux
Sous le récit de mes actes d’hier pardonnés
Voilà
Que l’obscurité se confond aux ombres
Alors qu’au-dessus disparaissent les images
Anéanties du souvenir de mes rêves de vie
Des appels muets sourdent
Des ténèbres éteintes
Puis froid comme un iceberg congelé
La brillance des nuits mystiques
Quand boue les banquises les plus rudes
Quand se congèlent les soleils torturés
Quand décèdent le néant et le silence
Quand l’abîme chute dans l’inconnu
Car ici à jamais la mort est morte
Et seule vit la croyance forte
Muette
Et aveugle
Dans cet éternel
Voyage sans fin.

 

Thiès (Dans le verger de Mansour Seck)

Ce 08/Février/ 2017

Tidiane SENE