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Pastef : Chaud devant pour Sonko

Législatives-Pastef dans la mêlée

Chaud devant pour Sonko

Le rétroviseur ne lui rend pas service

“Tu t’es, en m’offensant, montré digne de moi ;

Je me dois, par ta mort, montrer digne de toi”.

Corneille, Le Cid,1637

Les projections faites à partir du taux d’abstention réparti proportionnellement semble donner un taux corrigé de 40 pour cent à la formation Pastef, sur la base du taux de participation aux Législatives du 31 juillet 2022. À moins de mieux mobiliser l’électorat comme avec la Présidentielle de mars dernier, Ousmane Sonko joue gros : au plus fort de la crise avec Adji Sarr, l’électorat ne s’est mobilisé qu’à moitié et encore (46,64 %) pour les Législatives de juillet, contrairement à la Présidentielle (61, 3%), toutes choses étant égales par ailleurs. Certes, la solidarité populaire a bien joué pour un duo jeté en prison et les populations sénégalaises ont exprimé leurs craintes devant un pouvoir qui se voulait absolu et la lave de la demande sociale a été puissante, incandescente et dévastatrice pour le président sortant obligé finalement de négocier sa sortie avec ses otages. Les nouveaux thuriféraires ne sont pas crédibles, parasitant volontiers la périphérie du pouvoir pour casser du sucre gratuitement sur le dos des opposants ; au demeurant, Pastef n’oublie pas, renvoyant à un rétroviseur qui sera au centre de la campagne et qui ne fera pas le bonheur de Sonko and Co. Rien de plus normal donc si les coups volent en dessous de la ceinture.

Au demeurant, et contrairement à la propagande, Diomaye fait mieux que Sonko dans la plus grande discrétion et si le nouvel élu a pu donner le change au début, la crise de l’Assemblée et sa déclaration du 12 septembre ont jeté un froid dans ses relations avec une partie des populations qui l’avaient pourtant adopté pour son caractère onctueux. 
Surtout que, la vieille à Mbour, le lanceur d’alerte théorisé et virtuellement protégé par décret est devenu une taupe depuis le 11 septembre : il n’est plus que chouchouté, il est récompensé. Dans une société délitée et paupérisée par trente ans de mesures des institutions de Bretton Woods, payer le renseignement revient à  fausser les rapports sociaux et à créer l’entropie générale. La rupture ne viendra pas de ce côté là.
Sans état d’âme. Mais c’est surtout cette absence de sensibilité dans un moment difficile, le 12, qui doit renseigner sur la perception que les Sénégalais ont de Diomaye. S’il fuit le regard, c’est non point tant par timidité que pour cacher le sien, pour ne pas se trahir : ce Diomaye-là qui se dévoile petit à petit n’est pas celui que les Sénégalais ont élu avec cette confortable majorité.

La lame de fond qui explique le tsunami du 24 mars ne s’est pas vérifiée durant les Législatives de juillet 2022 quand Pastef voulait imposer la cohabitation à l’Assemblée et s’y voyait déjà. Au demeurant, Sonko lui-même n’avait été élu député que par le truchement du plus fort reste.
La thématique sera des plus délicates pour Pastef, partagée entre une reddition et un autoritarisme rampant qui rattrape cette tête de liste qui n’avait aucun respect pour l’autorité, qu’elle soit morale, temporelle ou spirituelle.

En face, on se fera fort d’évoquer certains souvenirs explicatifs en partie de refus du Premier ministre de se présenter devant la représentation populaire, au point de susciter une dissolution de l’Assemblée nationale le 12 septembre.

Ce sera chaud devant pour la tête de liste de Pastef : le rétroviseur ne lui rend pas service.

Pathé MBODJE