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Passé-présent – Sir Sidney Poitier: Les jeux de l’esprit

La grande période de Stokely Carmichael, H. Rap Brown, les Black Panthers avait voulu le faire passer pour un collabo là où son combat racial portait surtout sur l’éducation pour endiguer l’inégalité.

Pour lui, longtemps après, la société noire révèle – et c’est bien entendu le cas – des individus raffinés, éduqués, intelligents et que la société blanche doit se mettre au diapason de cette réalité politique.

Sidney Poitier est un acteur et réalisateur américano-bahaméen et un ambassadeur des Bahamas, né le 20 février 1927 à Miami.

Fait chevalier-commandeur de l’ordre de l’Empire britannique (KBE) en 1974, il est le premier acteur noir et le premier bahaméen à recevoir l’Oscar du meilleur acteur, en 1964, pour Le Lys des champs.

Il occupe la 22e place dans le classement des plus grands acteurs selon l’American Film Institute.

Après avoir été marié à la danseuse Juanita Hardy de 1950 à 1965, il a épousé l’actrice Joanna Shimkus le 23 janvier 1976 avec qui il a eu deux filles dont l’actrice Sydney Tamiia Poitier.

Le patronyme de Poitier, d’origine française, fut introduit en Angleterre au Xème siècle durant la conquête normande. Quelques siècles plus tard, au début des années 1800, un descendant de la lignée Charles Leonard Poitier, s’installe à l’île Cat, aux Bahamas, comme planteur. À son décès en 1834, son épouse hérite de 86 esclaves (39 hommes et 47 femmes), qui portent tous, comme le voulait la coutume, le patronyme de leur maître. Parmi eux se trouve l’un des ancêtres de Sidney Poitier.

Fils d’un planteur de tomates, Reginald James Poitier, et d’Evelyn Outten, Sidney Poitier naît lors d’un voyage de sa mère à Miamien Floride, dans le quartier de Coconut Grove. Il grandit dans le village de ses parents sur l’île Cat. À l’âge de quinze ans, son père l’envoie tenter sa chance aux États-Unis. Passionné de cinéma, il devient élève du prestigieux Actors Studio, dont il paie les cours en y étant concierge. Il a été nommé pour l’Oscar du meilleur acteur en 1958 pour La Chaîne (The Defiant Ones), avant de remporter cette récompense le 13 avril 1964 pour Le Lys des champs. Il devient ainsi le premier acteur noir à remporter ce prix.

Possédant la double nationalité américaine et bahaméenne, il milite pour les droits civiques américains. En 1974, Sidney Poitier a été fait chevalier-commandeur de l’ordre de l’Empire britannique (KBE), ce qui lui confère le titre et le prédicat de Sir (les Bahamas, membre du Commonwealth, étaient encore une colonie britannique quelques mois auparavant).

En avril 1997, Poitier est nommé ambassadeur des Bahamas au Japon. Il est également ambassadeur des Bahamas auprès de l’UNESCO. Sidney Poitier fait partie des seize personnalités ayant reçu en août 2009, des mains du président Barack Obama, la médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute distinction civile américaine.

Il a joué au cours de sa carrière dans une cinquantaine de films et en a réalisé une dizaine.

Au moment où il obtient ce prix, Sidney Poitier est le seul acteur noir véritablement célèbre. Dans les années qui suivent, son Oscar en poche, il triomphe en 1967 à l’affiche de “Devine qui vient dîner …”, huis clos où il joue le rôle du Docteur John Prentice, jeune docteur noir s’apprêtant à être présenté à sa future belle-famille blanche. Le film suscite parmi les militants des droits civiques afro-américains les plus activistes qui qualifient Poitier de “ le nègre de service” servant de bonne conscience au cinéma “blanc” : « Même Wallace aimerait ce Nègre », déclare H. Rap Brown, le « ministre » de la justice du Black Panthers Party, en référence à George Wallace, partisan de la ségrégation raciale et ancien gouverneur de l’Alabama. La même année, Sidney Poitier crève l’écran dans le film de Norman Jewison, “Dans la chaleur de la nuit”, film qui pose crûment la question raciale aux Etats-Unis et où il incarne un inspecteur de police noir, opposé, à la faveur d’une enquête criminelle, à un sherif du Mississippi profondément raciste au point de vouloir commettre une erreur judiciaire.

Dans son autobiographie, parue en 2000, Poitier confie ses interrogations sur le fait qu’on lui parlait “toujours de négritude et jamais du métier d’acteur” : « Le problème, se résumait désormais à la question de savoir pourquoi je n’étais pas plus en colère ou plus conflictuel. De nouvelles voix s’exprimaient au nom des Afro-Américains : Stokely Carmichael, H. Rap Brown, les Black Panthers. Une certaine manière de voir s’imposait désormais où j’étais un “Oncle Tom” et même un “Nègre de service” en raison de mes rôles, qui offraient un visage rassurant au spectateur blanc, incarnant le “Nègre de noble extraction”, correspondant au fantasme du libéral blanc. Concrètement, j’étais remis en cause pour avoir incarné des individus exemplaires. (…) Soit, à chaque fois des personnages apparaissant comme des parangons de vertu. Quel était le message ici ? Que les Noirs seront acceptés par la société blanche quand ils seront deux fois plus “blancs” que les diplômés des plus grandes universités ? Que les Noirs doivent incarner un rôle qu’ils ne peuvent tenir ? Ou, tout simplement, que la société noire révèle – et c’est bien entendu le cas – des individus raffinés, éduqués, intelligents et que la société blanche doit se mettre au diapason de cette réalité ? »

Sidney Poitier fait partie des seize personnalités ayant reçu en août 2009, des mains du président Barack Obama, la médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute distinction civile américaine.

 

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