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Pass Sanitaire: Le vaccin Covid, un impératif pour accéder au milieu professionnel Khadidiatou GUÈYE Fall

Certains sont contraints de prendre le vaccin pour sauver leur piste ou décrocher un emploi

Depuis la sortie des vaccins contre la Covid, la polémique marque la fiabilité de ceux-ci. Dans les médias, la crédibilité des vaccins devient un débat inévitable. Les autorités sanitaires rassurent que les vaccins n’ont pour effet que de freiner le virus qui fait des ravages depuis son entrée sur le territoire sénégalais. Pour certains, la désinformation est un frein contre la mouvance vers une vaccination. Mais depuis un certain temps, le vaccin contre la Covid donne un aperçu craintif. Certains citoyens refusent de prendre le vaccin pour des raisons prudentes, malgré la sensibilisation des organisations compétentes. Dès lors, on note une imposition progressive du vaccin.

Sortir du pays nécessite des protocoles diplomatiques. Au-delà de ces réglementations, le vaccin contre la Covid-19 devient une obligation pour entrer ou sortir d’un pays. Dans certains pays, le passeport vaccinal est en vigueur depuis le mois de juillet. Ce passeport de vaccination permet aux voyageurs de circuler librement dans les autres pays du monde, sans restriction.

Au Sénégal récemment, le ministre de la Santé a annoncé que les enseignants et les étudiants vont devoir se faire vacciner pour accéder dans les salles classes : « Nous allons travailler dans une stratégie de ciblage plus affinée, parce que, dans la perspective de l’ouverture des classes et la rentrée académique, nous allons faire en sorte que tous les enseignants et les étudiants soient vaccinés avant de rejoindre les classes et les universités » avait déclaré le ministre Abdoulaye Diouf Sarr.

Vu l’état actuel de la législation du pays, aucune disposition ne rend la vaccination contre la Covid obligatoire. Pour contrer la contamination de la Covid et inciter la population à se faire vacciner, des entreprises ont mis en priorité les personnes déjà vaccinées. Autrement dit, les demandeurs déjà vaccinés bénéficient plus d’avantages en présentant leur carnet de vaccination contre la Covid. De manière précise, les personnes non vaccinées ont moins de chance de mener une vie professionnelle sereine.

Sur ce, le ministère du Travail, du Dialogue social marque son désaccord avec lesdites entreprises. Il a soutenu au mois d’août que les mesures visant à interdire l’accès à l’entreprise aux travailleurs non vaccinés ou à conditionner le bénéfice de certains avantages à la présentation d’un carnet de vaccination sont ’’discriminatoires’’ et ’’attentatoires’’ aux droits des travailleurs.

Cet homme de 31 ans est un chauffeur professionnel dans une entreprise de la place. Depuis le début de la campagne de vaccination, il n’a pas manifesté son ambition de prendre au moins une seule dose du vaccin. À la troisième vague, il lui a été notifié que le carnet de vaccination devrait être présenté auprès de leur direction. « Je n’ai pas confiance en ces vaccins, franchement. Rien venant des Occidentaux ne m’inspire confiance. Je ne sais pas si les conséquences seront néfastes dans 5 ans ou 10 ans. D’après les rumeurs, ils veulent diminuer la population africaine. Certains me diront que les vaccins sont conçus pour freiner le taux de natalité. Je ne sais plus qui croire à la fin », soutient le jeune conducteur. Il craint la perte de son emploi si un jour le carnet de vaccination contre la Covid devient un impératif dans le milieu professionnel.

Sokhna Mbaye est dans ce même dilemme. Femme de ménage dans une maison, Sokhna a rencontré une patronne très engagée sur les mesures barrières. «J’ai toujours eu peur du vaccin mais ma patronne ne badine pas avec la santé, d’autant plus qu’elle souffre d’une maladie chronique, donc elle fait partie des personnes vulnérables. Mais à force d’insister, j’ai fini par céder et aller me faire vacciner. Je l’ai fait malgré moi car avec toutes les choses entendues sur les vaccins, seul le maintien de mon emploi pouvait m’obliger à prendre le vaccin », martèle Sokhna Mbaye. Elle a toujours eu des préjugés sur les vaccins envoyés en Afrique et la précipitation de l’imposer aux Africains l’exaspère encore plus.

Pape Bathie Diop, un gérant d’une boutique de multi-services, est d’avis pour l’exigence d’un carnet de vaccination dans les entreprises. D’après lui, il s’agit de se protéger et de protéger ses collègues et leurs familles. Pape Bathie avance que l’État doit d’abord miser sur la sensibilisation et donner du temps aux Sénégalais pour qu’ils puissent s’adapter à certaines mesures. En aucun cas, l’État ne doit en faire une obligation : «Il n’est pas question d’obliger les Sénégalais à se vacciner car certaines personnes s’y opposeront. Mais tout de même, si toutefois l’État qui a le dernier mot trouve l’unique solution d’obliger la population à se vacciner, ce serait pour notre bien-être. Car ce n’est pas pour rien qu’on a nommé un ministre de la Santé ; on leur a confié notre santé ».  Pour éviter ce genre de problèmes de vaccination, Pape s’est efforcé de prendre ses doses de vaccin pour être maintenu à son poste de gérant.

D’autres comme Lamine, un businessman, se réjouissent de ne partager aucun bureau avec quiconque et d’être le patron de soi. Il n’a de compte à rendre à personne,  raison pour laquelle il a décidé de ne pas recevoir la piqûre de la polémique puisque sa conscience l’en empêche. Mais il dénonce l’exigence du carnet de vaccination dans certaines structures professionnelles aboutissant à la perte d’un poste.

Dans ce contexte sanitaire où les mesures barrières à elles seules ne suffisent pas pour damner la propagation du virus, l’introduction d’un vaccin est d’un grand apport. Mais rares citoyens le comprennent ainsi. Pour eux, la thèse d’une élimination des habitants de l’Afrique est confirmée avec ces vaccins fabriqués dans un délai assez court. Ces raisons poussent certains Sénégalais à être réticents sur la prise du vaccin qui constitue maintenant un pass-sanitaire aussi bien dans les aéroports que dans le milieu professionnel.