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Parti socialiste : Enterrée, AMN ?

Parti socialiste

Le timide désaveu traditionnel infligé à Abdoulaye Vilane ce jeudi 19 janvier n’enlève rien aux fréquents coups de boutoir que subit le Parti socialiste à intervalles plus ou moins réguliers

Enterrée, Madame le

Premier Secrétaire  ?

Contestée de l’intérieur, bénie par Macky Sall qui lui souhaite une longue vie, Aminata Mbengue Ndiaye fait aussi face à la concurrence ouverte d’un Khalifa Sall qui appelle à se rattacher à son panache pour sauver le Parti socialiste.

«Je n’ai vu que des militants socialistes devant moi qui n’ont pas bougé, qui n’ont pas changé et qui croient toujours en eux. Il n’y a que des militants socialistes qui viennent vers nous pour nous dire qu’ils soutiennent le projet. Je lance donc solennellement, officiellement un appel à tous les responsables socialistes où qu’ils se trouvent au Sénégal, dans les sections, comités ou coordinations à venir nous accompagner en 2024, pour que le socialisme puisse triompher en 2024 ».

Certes, l’endroit prêtait à rire, tant il ne payait pas de mine et manquait précisément de solennité et ne péchait point par pédagogie ; mais c’est une étape majeure dans la démarche de Khalifa Ababacar Sall ce 15 janvier de la nouvelle année depuis la tourmente née sous Diouf, chef  de la déstructuration du Parti socialiste qui ne l’a jamais accepté : le parti unique unifié partait à vau l’eau avec Diouf en 1980 en butte aux barons qui s’estimaient dépossédés du bien qu’ils avaient aidé à construire depuis la Coloniale, et principalement depuis 1996 avec l’autre forme de dévolution monarchique qui n’épousait pas la Constitution en son article 35 mais les atours d’un congrès sans débat ; depuis, les contestataires partaient (Djibo Kâ) ou étaient chassés comme des mal-propres pour refus de collusion avec l’ennemi comme avec l’exclusion de 65 personnes des rangs de la formation socialiste en 2017.

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Art. 35 al. 2 : (loi constitutionnelle no 76-27 du 6 avril 1976) « En cas de démission ou de décès du Président de la République ou lorsque l’empêchement est déclaré définitif par la Cour Suprême, le Premier Ministre exerce les fonctions de Président de la République jusqu’à l’expiration normale du mandat en cours. Il nomme un nouveau Premier Ministre et un nouveau Gouvernement dans les conditions fixées â l’article 43 ».
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La tournure des événements depuis la mi-janvier semble donc signifier l’arrêt de mort moins du Ps que de sa responsable actuelle, Aminata Mbengue Ndiaye.

« Guerre ouverte et probablement rupture en vue entre PS et l’Alliance pour la République : Abdoulaye Wilane, porte-parole du PS, vient de déclencher les hostilités lors de l’émission grand jury (Radio futur Médias) de ce dimanche » alerte un des contributeurs du Devoir, le même qui nous avait soufflé en novembre le départ prochain de Idrissa Seck et de sa formation Rewmi de la majorité présidentielle. 

La première fois, en novembre 2020, Serigne Mbaye Thiam cherchait à influencer Macky Sall pour garder son poste : il s’était dit « visité » par quelques anciens qui lui demandaient de prendre les rênes socialistes.
En octobre 2022, il se « lance » à nouveau et se fait lyncher : Aminata Mbengue Ndiaye était malade et l’incontournable Jeune Afrique s’est invité dans les débats, comme la presse de l’Hexagone tombée en amour béat avec le Sénégal du pétrole et du gaz : « Sénégal : Serigne Mbaye Thiam, l’indéboulonnable ministre qui veut prendre la tête du PS.

Détenteur du record de longévité au sein du gouvernement, le ministre de l’Eau et de l’Assainissement se rêve en héritier d’Ousmane Tanor Dieng alors que le Parti socialiste traverse une crise profonde à l’approche de la présidentielle de 2024 » (27 octobre 2022).

L’installation du bureau du Haut conseil des Collectivités territoriales le 7 janvier semblait confirmer plus que le malaise moral avec les « vœux de longévité » de Macky Sall à la présidente, alliée socialiste : certains criaient au scandale en voyant Madame le Premier secrétaire amaigrie, visiblement pas à son avantage malgré un discours tenu d’un seul souffle.

Benno ou Apr ?

Au fond, la solitude de l’Apr était déjà visible dans le logo d’une coalition qui reprend celui de l’une des formations au détriment d’une recherche d’équilibre. Depuis, l’érosion de l’emprise sociale traduisait un malaise et invitait les coalisés en croisade à faire cavalier seul, pour retrouver un peu de considération de l’électeur. L’Afp agonisante en est une preuve

P. MBODJE