GMT Pile à l'heure, Génération Média&Technologies,la ligne du Devoir.

« Une ligne éditoriale très soixante huitarde, une approche iconoclaste sur fond de culture humaniste ».

Oumar Sarr Dagana : L’Africain du Waalo

Oumar Sarr Dagana

Le Waalo, viscéralement,
l’Afrique en bandoulière

Viscéralement ancré au Waalo sa patrie « sans attendre un retour particulier », Oumar Sarr de Dagana n’en rêve pas moins d’Afrique.
« Absolument. C’est vrai que, bouillonnante d’idées de 1950 à 1970-80, l’Afrique s’est brusquement arrêtée. Le panafricanisme répété à profusion est devenu une risée. L’État gambien, avec son million d’habitants, veut rivaliser avec des États à milliards d’habitants. Personne ne rêve plus d’Afrique et les guerres internes, presque tribales, ont encore des années de vie. Personne ne rêve plus d’être le premier président de l’Afrique mais tout le monde travaille pour être le président. Bien sûr, il faut en parler. L’Afrique déclinante, presque détruite, se réveillera certainement, peut-être contrainte et forcée, mais elle se réveillera, certainement dans les siècles à venir, mais elle se réveillera ».
Belle réflexion qui suggère d’aller au-delà du communautarisme. Le ramollissement cérébral devant les réalités nouvelles a brisé le rêve entrevu en 1960 d’une grande Afrique, de Casablanca au Cap avec cette volonté de 1963 de libérer le continent

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Ici même, Senghor avait fermé le département de Sociologie pendant des années en mai 1968 car c’est de là que se déclenchaient les grèves. Pr Fougeyrollas enseignait dans ce département et, dans les années 70, a été sommé de quitter le pays après la publication de son pamphlet “Où va le Sénégal ? “.

J’ai retrouvé Pr Fougeyrollas au Parti communiste internationaliste PCI, un parti trotskyste où j’ai milité à Marseille de 1982 à 1985. Il était un des théoriciens du PCI. Mimi Touré et Oumar Sarr étaient également militants du PCI.

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Le repli sur soi et l’exagération des valeurs fondamentales ont brisé l’élan de solidarité collective versée sur une nouvelle lutte des clans et des ethnies. L’emphase que met Oumar Sarr en bombant son torse de Waalo-Waalo renseigne sur la défaite dans le combat pour l’unité africaine.

L’héritage présumé ou réclamé de la proximité avec Cheikh Anta Diop ou avec le dernier Combattant Suprême qu’est l’Africain Abdoulaye Wade ne se vérifie plus, quoique professé à hue et à dia.
Le Waalo lui doit plus que ce qu’il lui donne, même s’il reste un bastion inexpugnable, même confiné de plus en plus dans la commune. Ajoutez-y le vœu jamais réalisé en 2012 de reprendre la craie pour un cours de très haut niveau qu’il est pratiquement le seul à pouvoir donner ; l’Université, le macro, se confond dans le micro de la politique qui la vide de ses cadres, donc de la capacité de rêver et d’imaginer.
Notre Waalo-Waalo refuse de descendre à ce niveau : trop grosse tête malgré ses apparences d’albatros aux manches de chemise trop longues pour ses vestes, c’est au niveau des idées que le Sénégal et l’Afrique devaient consacrer un Oumar Sarr, un Cheikh Tidiane Gadio ou un Abdou Fall, autorités scientifiques et panafricanistes avérés malheureusement sans recul devant un quotidien qui parasite le temps et l’espace. Rockfeller avait trouvé la parade avec sa Trilatérale qui a envahi tous les espaces de décision des années 70 à 80 en Occident.
À y réfléchir, l’impression est généralement partagée dans que nos vedettes-là se trompent de siècle, donc de combat.

Pathé MBODJE