Nominations : Quand Dame Mbodj a raison
Compétences et nominations
Quand Dame Mbodj a raison
M. Dame Mbodj, dans une récente sortie, a estimé que l’approche préconisée par les nouvelles autorités en matière de nomination n’était pas la bonne ; selon ce combattant de tous les instants contre le régime du président sortant, devraient être nommés, en priorité, ceux qui se sont battus aux côtés du président et du Premier ministre actuels, notamment durant les années de braises, pourvu que ceux-ci disposent des compétences requises.
Il n’a pas tort.
Vouloir baser les recrutements et nominations sur les profils académiques et les expériences des prétendants, exclusivement serait une erreur. L’inexpérience amène souvent à en commettre mais avec l’excuse de la bonne foi : il ne faut pas s’enfermer, volontairement, dans des carcans.
On se souvient de la promesse faite, imprudemment, par François Hollande, à propos de sa deuxième candidature à l’élection présidentielle et la courbe du chômage et comment cela s’est terminé.
Il y’a des questions de loyauté.
Un célèbre professeur de Droit, qui fut Garde des Sceaux, a certainement les compétences pour être recteur et aurait des chances d’emporter une compétition pour un tel poste ; pourtant, il n’est pas nécessaire d’être devin pour savoir qu’il est hors de question que l’actuel exécutif le nomme recteur même s’il venait à être en tête d’une sélection basée sur les critères annoncés.
Parmi ceux qui ont fait le plus de tort aux secteurs qui leur ont été confiés, il y’a des individus aux profils enviables tant au plan académique qu’à celui de l’expérience. Par ailleurs, celui qui dispose d’un CV lui permettant de remporter une compétition pour un poste peut être le loup qu’on aurait introduit dans la bergerie. Personne ne doit armer un adversaire qui pourrait vous combattre ou pousser vers votre échec.
Il n’est ni raisonnable ni rationnel de se sentir obligé d’appliquer des décisions basées sur des propos de campagne qui n’avaient pas été mûrement réfléchis.
La force des sciences exactes est la renonciation systématique à toute hypothèse, si belle soit-elle, dès lors qu’elle est infirmée par l’expérience.
Les hommes politiques doivent s’inspirer de ce principe et en toute modestie revenir sur des éléments de leurs programmes qui perdent leurs pertinences au fur et à mesure que leurs niveaux d’information et leurs qualités augmentent.
Pareilles démarches, loin de la trahison, comme leurs adversaires voudraient le faire accroire, procèdent du bon sens et du sens de la responsabilité. L’écharpe de l’opposant n’est pas le sceptre du haut responsable de l’Etat.
Rappelons que du temps des présidents Senghor et Diouf, les nominations suivaient des procédures rigoureuses, qui en pratique, ont donné de bons résultats.
C’est à partir des années 2000 que de bien singulières promotions ont pu avoir lieu.
Que perdrait-on à renouer avec cette tradition qui avait permis à l’Administration sénégalaise d’avoir eu, au niveau international, une très bonne réputation de compétence, laquelle était loin d’être surfaite ?
Ababacar sadikhe DIAGNE