Niayes : Le Péril Au Sodium
ENVIRONNEMENT-La caporalisation des eaux avec comme exutoire unique le lac Rose a déjà des incidences écologiques sur le plan d’eau ; en outre, l’absence d’infiltration horizontale et verticale le long du parcours habituel favorise la remontée des sels minéraux et un péril au sodium de la zone des Niayes.
Niayes
Le Péril Au Sodium
Le gouvernement s’est lancé dans un ambitieux programme en faveur des populations de la banlieue, en particulier pour Pikine, Guédiawaye, Thiaroye et environs.
Les gigantesques travaux engagés à partir du Croisement Béthio et du Pont de l’Émergence sont une preuve de la volonté du pouvoir de veiller à la santé et au bien-être des populations par une évacuation des eaux.
Cette action qui englobe des sommes considérables en fonction de la nature du terrain et des moyens mis en œuvre complètent les efforts de fluidité déployés pour la circulation dans la même zone, entre le rond-point du Tribunal départemental et la Rue 10, à Pikine.
Enfin, la récupération et l’évacuation des eaux d’inondation entrepris par le gouvernement a permis la mise en réseau de tous les collecteurs pour l’évacuation des eaux en mer. Les résultats visibles à date n’ont cependant pas répondu aux attentes : le Lac Rose est devenu une équation écologique et l’inquiétude des chercheurs autour des Niayes devrait se renforcer de l’absence d’infiltrations et de remontée des sels minéraux, ce qui devrait accentuer la salinisation de la zone, et ceci au moment où le président Macky Sall manifeste de plus en plus un grand intérêt pour les Niayes et cherche à anticiper sur les dangers au sodium qui menacent cette principale source d’approvisionnement en produits horticoles du Sénégal.
Quand le chef de l’État parle des Niayes, il pense plus environnement à préserver. Au conseil des Ministres du 31 mai 2017 par exemple, M. Macky Sall a « demandé au gouvernement de procéder à l’audit foncier de la zone des Niayes, dans la perspective de préserver les périmètres horticoles, et invite le Premier ministre à préparer la tenue, avant fin juin 2017, du premier Conseil national de l’Urbanisme, de l’Habitat et du Cadre de vie » ; la documentation disponible ne permet pas de vérifier la réalité de cette disposition.
Plusieurs études entreprises de ces trente dernières années attirent cependant sur le danger que représente la salinisation de la zone (Cf Annexes).
Afin de prévenir ce danger écologique majeur qu’est le péril au sodium, une communauté des Communes du Littoral concernées pourrait mutualiser les efforts et de substituer à un pouvoir central dont les efforts en matière d’inondations posent toujours problème entre les sommes prétendument mobilisées et les résultats sur le terrain (Cf. Le Devoir du 31 août 2023). À partir de l’eau à récupérer désormais, il s’agira de la potabiliser et de la réinjecter dans un secteur des Niayes protégé.
En appui aux actes du gouvernement et par la création d’une Communauté des Communes du Littoral responsabilisée dans le secteur de l’Environnement, il s’agit de mutualiser les efforts pour une grande autorité des Niayes qui viendra compléter l’apport en amont des Communes du Littoral.
Autour de l’eau, dans la collecte et le transfert du liquide, le gouvernement a mis à la disposition des populations un bon appui, surtout dans la zone de la grande périphérie de Dakar. Cette vision doit cependant être complétée dans une perspective écologique de plus grande envergure qui engloberait toute la zone des Niayes, de Pikine à Lompoul, à Louga, 200 kilomètres plus loin, le long de la grande côte Nord du Sénégal. La bande longe l’Océan Atlantique sur une profondeur de 7 à 10 kilomètres par endroits, qu’il faut aménager.
Programme politique ?
Annexes
1″L’objectif de cette étude est d’évaluer l’acidité et la salinité de l’eau d’irrigation et du sol dans la zone nord des Niayes. Sept profils pédologiques ont été décrits et leur granulométrie déterminée. La salinité et l’acidité de sols, prélevés dans les horizons à 20 et 40 cm de profondeur et de l’eau des puits d’arrosage ont été analysés. Les résultats ont montré que la fraction sableuse est la plus représentative pour l’ensemble des profils décrits. Le pH du sol varie selon les sites mais il n’y a pas de différence significative entre la surface (0-20 cm) et la profondeur (20-40 cm) alors que la salinité varie par contre selon les sites et la profondeur avec des valeurs plus élevées en surface qu’en profondeur. L’analyse factorielle des correspondances (AFC) a permis de mettre en évidence un gradient d’acidité et/ou d’alcalinité et de discriminer deux groupes de sols et d’eaux. Le groupe 1 est constitué des sols et eaux alcalins et salins et le groupe 2 est composé des sols et eaux acide et non salins. Cette étude a permis de distinguer deux sous zones : une partie continentale soumise à une acidité plus élevée et une partie littorale soumise à une salinisation élevée. Ces deux facteurs limitent considérablement la production agricole” (ÉTUDE COMPARATIVE DE LA SALINITE DE L’EAU ET DES SOLS DANS LA ZONE NORD DES NIAYES (SÉNÉGAL)
M.D. DIALLO, O. NDIAYE1, M. MAHAMAT SALEH1,
A. TINE2, A. DIOP3and A. GUISSE (PDF Download Available). Available from: https://www.researchgate.net/publication/277591527_
2La zone des Niayes est située le long du littoral Nord, de Dakar au Sud du Delta du fleuve Sénégal sur une bande côtière de 10 à 15 km de large à la latitude Sahélienne, mais appartient au domaine climatique dit « des Canaries ». Elle est caractérisée par une succession de dunes et de dépressions inter – dunaires au fond desquelles apparaissent généralement des mares liées aux fluctuations de la nappe phréatique. Elle se singularise du reste du pays par un climat maritime doux et humide et des vents forts et relativement constants. La zone présente une végétation diversifiée où coexistent des espèces reliques à affinité guinéenne avec des espèces sahéliennes steppiques.
Dans la zone des Niayes, l’eau disponible et accessible aux paysans provient essentiellement de deux sources : la nappe souterraine et les eaux de surface localisées au niveau d’un certain nombre de lacs. Les eaux souterraines sont celles des sables quaternaires provenant d’un écoulement souterrain des eaux infiltrées pendant la saison des pluies. C’est une nappe d’eau située à faible profondeur et sub-affleurent même dans les points bas et inonde le centre des dépressions inter – dunaires en saison des pluies.
Les conditions naturelles favorables à la production horticole y ont attiré les populations. Les principales spéculations maraîchères concernent le chou, la pomme de terre, la tomate, la carotte, l’oignon, le haricot vert, la salade, etc. La vocation pastorale de la zone s’estompe en raison du rétrécissement de l’espace pastoral au bénéfice des activités purement agricoles. Dès lors, l’élevage a plutôt tendance à s’intensifier avec l’implantation d’unités de production laitière et avicole. (Source : Isra)
3″Niayes” est le terme wolof utilisé pour désigner la longue zone côtière reboisée allant de Guédiawaye (banlieue nord de Dakar) jusqu’à Saint-Louis-du-Sénégal.
Sur près de 180km, les niayes sont constituées de hautes dunes de sable coupant le vent marin. Elles ont fait l’objet dans les années 70 et 80 d’un grand programme de protection et de reboisement. C’est ce qui rend le paysage des Niayes si caractéristique. En effet, une bande de filaos d’une largeur moyenne de 350 mètres court tout le long de cette côte. Le filao (casuarina equisetifolia) est un arbre d’origine australienne qui a besoin de très peu d’éléments minéraux et d’eau de pluie pour survivre. Cette bande de filaos contribue à préserver les dunes et à couper le vent.(Source : planetesenegal.com=
4Le reboisement des Niayes a été entrepris pour préserver les zones intérieures du pays des entrées maritimes et de l’érosion à l’origine de l’appauvrissement des terres.
Excepté dans la banlieue de Dakar où elles commencent, les Niayes couvre un espace côtier presqu’inhabité. Seules deux petites villes ont réussi à naître sur les 180km de niayes : Kayar, port de pêche d’envergure nationale, et Mboro qui doit son existence aux mines de phosphates.
Cependant, si cet espace est inhabité, il sert de lieu de maraîchage pour un grand nombre d’agriculteurs. En bas de dunes, l’eau douce est en effet abondante et peu profonde. Un grand nombre d’exploitations profitent donc cette particularité des niayes. Beaucoup d’agriculteurs vivent d’ailleurs sur place, dans des cabanes en paille spartiates. La majeure partie des légumes vendus sur les marchés de Dakar et 80% des fleurs et plantes d’ornement du pays sont produits dans les niayes.
Les Niayes ont donné leur nom à une commune (Ouagou Niayes, banlieue nord de Dakar) et à un arrondissement, l’arrondissement des Niayes, à Pikine (banlieue nord de Dakar). Planète Sénégal.com