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Ministère de l’Économie : Cheikh barré

Ministère de l’Économie

Cheikh en blanc

Un Cheikh sans provision d’un pays en ruine s’est retrouvé submergé d’argent grâce à un Cheikh en blanc avec cependant de nombreux participants à son ministère qui en font un Cheikh barré

La multitude d’intervenants dans le pré-carré du ministre de l’Économie a donné naissance à la question lancinante de la visibilité de Cheikh Diba : si chacun sollicite au nom de l’Etat ou essaie de renforcer des stocks d’immobilisation, est-il possible d’engager ou de solliciter des fonds et de les utiliser en dehors du cadre administratif légal du budget voté par l’Assemblée nationale ?
Cette situation est-elle si incongrue que même l’interrogation autour soit elle-même ambiguë ?
Si Maître Fadel Fall est catégorique : « Non, si ces fonds sont levés en vertu ou au nom de ce cadre administratif », Maître Mouhamadou Lô, lui, relève une certaine ambivalence : «C’est là une question imprécise ! Toutefois, la réponse est simplement négative à cause de l’existence au Sénégal d’une législation interdisant, en dehors de certaines exceptions, l’appel public à l’épargne ou à des participations financières auprès du public.
Par ailleurs, il y’a les règles de « compliance » qui encadrent la circulation de la monnaie à partir d’un certain montant…pour éviter le blanchiment d’argent sale… ».

Loin du bruit, le ministre des Finances et du Budget tient son rôle, avec la discrétion que l’on ne soupçonnait pas durant la chaude période de transition entre 2021 et 2023. Révélé plus par le gouvernement issu du 24 mars pour son jeu de l’ombre que par son éminent rôle aux finances pendant une quinzaine d’années d’importance dans l’environnement des finances publiques sénégalaises. Son sens de l’anticipation en ferait un opportuniste s’il n’avait décidé d’être utile sans prétention : il a cherché, a trouvé, a mis à disposition, souvent hors des circuits de dépendance des institutions de Bretton Woods qui prennent la mouche devant l’outrecuidance de l’homme. Déjà étudiant en France durant ses années  à l’Ecole d’Economie de la Sorbonne--« Modélisation statistique économique et financière (Mosef), il passait souvent ses après-midi libres à parcourir les hôpitaux de Paris pour partager la douleur de ses compatriotes internés.

Par sa capacité d’anticipation et de résilience et fidèle à Dumas-père pour lequel « Le besoin rend industrieux », surtout dans une société appauvrie par une quarantaine d’années de plans d’ajustement qui ont paupérisé les populations sénégalaises, aux finances, le ministre Cheikh Diba a fait preuve d’ingéniosité pour aider l’État à maintenir la tête hors de l’eau, et ceci en conformité avec l’éthique, l’esthétique et le droit administratif, la loyauté et le secret lié à son statut de haut fonctionnaire. D’où la surprise du chef lorsqu’il a été exposé à la lumière avec le gouvernement d’avril dernier.

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« Little Touba » Issu d’une très grande famille mouride, le ministre Cheikh Diba qui a la photo de Bamba sur son statut a aussi un grand imam et un grand professeur d’arabe dans la famille. Le domicile familial est d’ailleurs un Little Touba tant Bamba y croise Khadim, Fallou, Sokhna Diarra, etc.

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Sa position est délicate et certains de ses amis d’enfance des Parcelles assainies de Dakar s’irritent quand ils sentent qu’on veut le mener par le bout du nez : d’ordinaire, le Fonds monétaire international accorde au Sénégal une prime à la démocratie non point tant pour ses perspectives et performances économique pour sa stabilité, surtout que le nouvel argentier de l’État est dilué dans les excellents équilibres macroéconomiques depuis Amadou Bâ aux Finances ; cependant, l’attitude va-t-en guerre du nouveau pouvoir a freiné l’ardeur de certains partenaires techniques et financiers qui soumettent littéralement le Sénégal au supplice de Tentale, d’autant que les commerçants eux-mêmes semblent jouer avec les nerfs des autorités et des populations. Bref, le Sénégal va mal moins par ses ressources, sur terre et sous terre, que par ce couteau entre les dents avec lequel on veut tout trancher.
Pour un homme de l’ombre efficace dans la gestion des situations délicates, le ministre des Finances et du Budget est mal servi : la comptabilité a horreur de la publicité.

 

Pathé MBODJE