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Ministère de la Sécurité : J’ai essayé, on peut ! L'intuition de 2013 était bonne

Gouvernement-Ministère de la Sécurité publique

J’ai essayé, on peut !

 

Parce que l’idée avancée dès 2013 par le président Macky Sall était bonne, elle a été combattue, comme de bien entendu ; aujourd’hui, elle s’impose de force, dans la douleur.

La vieille école refuse encore toute sujétion de la gendarmerie au ministère de l’Intérieur, arguant toujours que « le pays doit marcher sur ses deux pieds et qu’il faut les deux entités pour équilibrer : il y a des renseignements de la police que la gendarmerie doit ignorer et inversement ; autant rattacher une branche des Forces armées à la police : la gendarmerie, c’est la police de l’Armée. Même dans l’Armée, la gendarmerie est un honneur, une fierté ».
L’ambivalence ayant présidé à la séparation entre la marée chaussée et la police semble cependant poser problème aujourd’hui encore avec la recrudescence de l’insécurité publique : certains rappellent la problématique émise en 2013 par le président de la République de mettre la gendarmerie au service du ministère de l’Intérieur comme en France, même si la vieille génération freine des quatre fers, expliquant les difficultés de l’époque qui ont fait reculer le président Macky Sall. Sauf que le point de non-retour est atteint avec cette limite intolérable en termes d’insécurité ; la passerelle ténue du maintien de l’ordre qui lie les deux corps doit être élargie.
Le chef de l’État hésite cependant à remettre l’ouvrage sur le métier, échaudé par la première tentative. Qu’importe de nos jours : nihil obstat.

Complément

Aly Ngouille Ndiaye à l’Intérieur (2017-2020), le complément « sécurité publique » disparaît : Macky Sall voulait, sous Abdoulaye Daouda Diallo (2013-2017), ériger un ministère dédié à la sécurité publique. D’autant qu’en France, le rattachement de la gendarmerie au ministère de l’Intérieur renforçait la défense et la sécurité. « Sans la gendarmerie, le ministre de l’Intérieur n’est pas suffisamment renseigné : des pans lui échappent, rendant difficile une vision d’ensemble cohérente » déplore un spécialiste du renseignement et de la sécurité.

« À la suite de l’élection présidentielle de mai 2002, la gendarmerie a été placée pour emploi pour l’exercice des missions de sécurité intérieure auprès du ministre de l’Intérieur, par un décret du 15 mai 2002. »
Procédant au rattachement de la gendarmerie nationale au ministère de l’Intérieur, l’article L. 3225-1 du Code de la défense, tel qu’issue de la loi du 3 août 2009, dispose désormais que : « Sans préjudice des attributions de l’autorité judiciaire pour l’exercice de ses missions judiciaires, la gendarmerie nationale est placée sous l’autorité du ministre de l’Intérieur, responsable de son organisation, de sa gestion, de sa mise en condition d’emploi et de l’infrastructure militaire qui lui est nécessaire. »

À titre liminaire, on observera que les unités de la gendarmerie restent sous le contrôle des magistrats judiciaires lorsqu’elles mènent à bien des missions de police judiciaire. Mais l’innovation majeure reste évidemment le rôle central que joue désormais le ministre de l’Intérieur dans la gestion et la direction opérationnelle de la gendarmerie. Il dispose en effet de toutes les prérogatives dévolues au chef de service. Il faut cependant noter que depuis le décret du 15 mai 2002, le ministre de l’Intérieur avait déjà la responsabilité de l’emploi des forces de gendarmerie. La loi vient donc entériner ce processus tout en le renforçant » (senat.fr).

Macky Sall a été ministre de l’Intérieur en ces moments-là et a sans doute été séduit par la problématique. Arrivé au pouvoir, il a sorti l’idée et a dû reculer « face aux réactions contradictoires recueillies qui l’ont découragé ».

« La gendarmerie est la police de l’Armée et il faut marcher sur ses deux pieds pour avoir la sécurité : la gendarmerie maille tout le pays ; hors la ville, il n’y a plus de police ».
C’est peut-être là la clef du jumelage parfait des forces de défense et de sécurité.
Un ministère de la Sécurité publique ? Yes, we can !

P. MBODJE