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Magal de Touba : à tous les prix !

Magal de Touba

Les disciples mourides

sur la trajectoire du Ndiguel

Les eaux de pluies et la cherté des denrées

ne les empêcheront pas de célébrer le 18 Safar

Par Khadidiatou GUEYE Fall,

Cheffe du Desk Société

Le magal de Touba est sur toutes les langues. On a déjà le flair de l’événement dans les coins de Dakar. Les disciples mourides se regroupent dans les marchés et garages pour accueillir l’arrivée de la journée. Le partage et la solidarité sont au cœur de cette cérémonie religieuse. Les pèlerins s’apprêtent à affronter les péripéties de l’hivernage et de la cherté des denrées pour passer un bon magal comme à l’accoutumée.

 

Le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba est célébré chaque année par la confrérie mouride. Depuis le khalifat de Serigne Fallou Mbacké, cet événement religieux a connu une ampleur mondiale : en 1947, le deuxième khalif de Cheikh Ahmadou Bamba avait demandé aux fidèles de rallier la ville sainte pour la célébration du Magal. Les disciples mourides en masse convergent vers la destination du Baol ; dispersés un peu partout dans le monde, les émigrés mourides n’attendent que cette journée du magal pour commémorer le départ en exil de Serigne Touba.
Depuis 13 ans, M. Cissé travaille en Italie. A l’approche du magal, il suspend toutes ses activités pour venir à Touba avec sa famille. Il est à Dakar depuis la fin du mois d’août. Touba est sa seule destination. ” Le magal de Touba est la seule journée qui mérite l’achat d’un billet aller retour. C’est une date très importante pour moi. Je ne badine pas avec. C’est pourquoi je suis au Sénégal depuis le 24 Août. Ce dimanche, je pars à la ville sainte pour les derniers préparatifs. Pour le moment, Dieu merci, nous avons acheté tout ce dont nous avons pour que les invités et les pèlerins soient à l’aise et dans de bonnes conditions” soutient-il. M.Cissé ne tient pas compte de l’augmentation du prix des denrées. Il est prêt à mettre les moyens pour que les pèlerins ne se plaignent pas.

Samba Ndao n’est pas mouride mais son amour pour le mouridisme ne lui fait pas rater le Magal de Touba. Depuis qu’il a mis les pieds pour la première à la capitale du mouridisme, Samba réitère chaque année de par sa présence son engagement à servir la communauté mouride. Il s’attèle à participer aux services et à la restauration avec un dahira durant le magal.
Je suis parti au Magal 4 fois. Je suis un fervent talibé cheikh. Mais depuis que j’y étais invité, je ne rate plus l’occasion. C’est la paix et une ambiance religieuse qui s’y règnent. Le partage est au centre de leur action“, explique Samba Ndao. Son souci est l’hivernage et les inondations qui terrorisent la population : ” C’est l’hivernage. Les pluies sont imminentes. Prions pour que les précipitations ne soient pas abondantes durant la période du magal. Les inondations n’arrangeaient pas parce que la ville sainte refuse du monde à chaque Magal. De toutes les façons, on se prépare. Concernant la cherté des denrées, ce sera très compliqué si les prix ne sont pas en baisse. Les commerçants feront sûrement des compromis à ce niveau, je pense bien “. Notre interlocuteur est occupé le jour du magal à la cuisine pour amener quelques collations à la mosquée, afin d’être utile.

Modou Guèye habite à Fass Mbao. Issu d’une mouride, il fait partie de ceux qui font le Kourel chez son marabout. Le kourel est un récital des poèmes de Cheikh Ahmadou Bamba. Ce récital de poème est le moment favori de Modou Guèye. Ce dernier organise bien son séjour à Touba. En général, il quitte Dakar pour Touba deux jours avant le magal pour bien s’installer : ” J’arrive à Touba deux jours avant le magal. Le premier jour, je fais mon ziar, c’est-à-dire aller à la mosquée. Le deuxième jour, je visite les deux cimetières de Touba, le soir on dispatche les tâches. Le jour du magal, je suis membre du dahira, je participe au récital du Coran avant d’entamer les Khassaides jusqu’à l’après-midi. Après la cuisson des repas, nous nous occupons de la distribution des plats, fruits et boissons “. D’après Modou Guèye, il est hors de question pour un membre de l’organisation d’avoir d’autre occupation que de s’occuper des invités.
Le contexte du Magal coïncide avec une hausse des prix de certaines denrées alimentaires. Mais la stratégie des talibés connaît son importance en cette période de cherté de vie. ” De ce côté, nous ne nous inquiétons pas. Chaque membre du dahira est soumis de gérer une partie des besoins. Je dois m’occuper des boissons . Et c’est une chose déjà faite “,  s’engage le jeune chanteur de Khassaides.
Le magal regroupe des milliers de pèlerins venus du pays et de la diaspora. Les chants religieux, le ziara et une restauration suffisante sont mis en exergue le jour de cette cérémonie religieuse d’une grande envergure. A Dakar, certains disciples ont commencé cet esprit de partage dans les marchés et garages depuis le début du mois de safar, des nourritures à distribuer jusqu’au jour du Magal.