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LIVREURS ET TAXIMEN-Et les vaches sont bien gardées Ce sont d’excellents observateurs des faits et gestes de la société

LIVREURS ET TAXIMEN, GARDIENS DU TEMPLE

Les détenteurs des secrets

les plus enfouis de la société

Leur métier ls place dans une position d’observateurs des faits et gestes de leurs clients

Le métier de livreur et de taximan est une des activités  très récurrentes,  surtout le premier. Dans leur univers, les personnes se trouvant dans ces domaines rencontrent tous types de personnes, toutes sortes de situations et assistent à plusieurs faits. Ils conduisent n’importe qui et n’importe quoi. interagissant avec des inconnus, le livreur et le chauffeur empochent plusieurs informations qui pourraient faire éclater une famille ou faire tomber des nues un chef de famille. ils ne sont pas à la quête des secrets :  les informations leur parviennent en un tournemain.

 

Par Khadidiatou GUEYE Fall,

chef du Desk Société

La vie est faite de mystères. Chaque domaine connaît des côtés positifs comme négatifs. Pour le métier de taximan ou de livreur, l’aspect négatif fait au moins la moitié du poids. Ces deux métiers ne sont certes pas les seuls, mais un focus permet une remise en question et une réticence quand l’occasion se présente d’être en face.
Le taximan était considéré comme gardien du temple des secrets de la capitale. Ce métier ne se donne pas d’horaires. Les taximen roulent à n’importe quelle heure. Certains parmi les taximen ont opté pour le travail nocturne ; la nuit, ils arpentent les rues de Dakar à la recherche d’un client qui souhaite aller au travail ou qui souhaite rentrer chez lui. Au cours de ce petit voyage, les taximen encaissent tout ce qui peut leur sembler inédit.

Avec de longs rastas sur la tête, Demba Ndiaye se fait remarquer avec une forte corpulence. Il conduit un taxi depuis 2007. Avec l’aide de son grand-père émigré, Demba s’est fait une vie de taximan aisé. C’est au moment du coucher de soleil qu’il commence à klaxonner les potentiels en partance des zones de résidence comme Almadies, Maristes, Ngor…
D’après Demba, la nuit livre beaucoup de secrets que très peu de personnes connaissent. “Je transporte toutes sortes de personnes. Nous savons tous que les personnes de bonne foi ne se promènent pas la nuit. Parfois certains emplois nécessitent que l’on sorte à pareille heure. Il m’arrive de transporter une personne inconsciente qui raconte sa vie. C’est quand j’arrive dans son quartier et à travers les indications qu’elle donne que je me rends compte que c’est la fille d’un proche. Cela peut m’affecter mais ne m’empêche pas de travailler. Des fois, j’ai comme clients des bandits ;  c’est pourquoi je porte des talismans contre les poignards. D’un autre côté, il y a la communication, les clients ouverts d’esprit. Il suffit d’être attentif et de montrer son envie d’avoir une conversation pour en savoir davantage. Même quand je travaillais la journée, je rencontrais des clients qui partageaient leur expérience. Ce qui fait qu’on emmagasine beaucoup d’informations et de secrets “.
Demba Ndiaye révèle que les taximen sont au courant de beaucoup de choses à Dakar. Ils connaissent les zones les plus calmes, les plus suspectes et les plus dangereuses de la capitale.
Ce que Baba ne dément pas. Livreur de profession, Baba connaît beaucoup de choses. Il livre chaque jour plus de 5 commandes. La plupart du temps, ce sont des dames qui font appel à lui. Baba n’hésite pas quand il reçoit un appel pour une livraison d’un colis. Il prend son scooter et se rend aussitôt au travail. Mais ce qui doit être gardé en secret est le contenu des colis. ” Le contenu des colis ne m’a jamais intéressé jusqu’au jour où un ami me confie avoir livré un produit interdit. Depuis lors, je demande ce qui se trouve dans le sachet ou dans la boîte. Cette vigilance que je me suis imposé m’a conduit à voir toutes sortes de colis et de me conformer à mon travail. Le colis qui m’a le plus marqué porte sur des boosters masculins, autrement dit des aphrodisiaques liquides qu’une dame de 50 ans m’a demandé d’amener chez un jeune étudiant qui vit seul dans une studio. Mon travail ne consistait pas à questionner l’expéditeur et le destinataire mais de livrer tout court. Parfois des hommes mariés nous demandent de récupérer un cadeau dans un endroit hyper chic et de l’amener chez leur maîtresse. Autant de choses que nous savons mais qui nous laissent sans voix” confirme Baba, un livreur .

Ces deux métiers emploient les détenteurs des secrets de la capitale. Dans certaines situations, ils portent le camisole d’observateur. Ils ne fouillent pas dans la vie de leur client. Ce sont ces derniers qui étalent les informations et racontent leur vie à cet inconnu au volant ne cherchant qu’à subvenir à ses besoins.