Livres-“Les mémoires de Njoob Jaara”-Le guerrier du Sosso
Livre-“Les mémoires de Njoob Jaara”
A travers tradition ancestrale et contemporaine
Chroniqueur satiriste passionné de littérature et d’histoire, Rassoul Bâ a présenté, le Premier juin dernier, son livre “Les mémoires de Njoob Jaara“. Une compilation de récits dans lesquels l’auteur mélange le fantastique et la réalité. Il relate notre histoire en nous renvoyant à nos traditions ancestrales et à notre vision du monde, avec ses valeurs d’harmonie et de paix.
Babacar Sy SÈYE
Le livre “Les mémoires de Njoob Jaara” du chroniqueur satiriste passionné de littérature et d’histoire Rassoul Bâ, a été présenté le samedi Premier juin 2024. Il s’agit d’une compilation de récits dans lesquels l’auteur s’efforce à raviver l’Histoire, la nôtre, en explorant ses éléments les plus anciens ainsi que ses évolutions les plus récentes. En effet, Njoob Jaara est un personnage mythique du Walo. Il serait le fondateur de Dagana, où est né Rassoul Bâ, fonctionnaire à la retraite qui a servi toute sa carrière à la Présidence de la République et au ministère de l’Économie et des Finances. Ainsi, l’esprit du guerrier du Sosso plane sur le Walo, le fleuve Sénégal, le Sahel et l’Atlantique.
“Dans un monde ouvert où les stéréotypes et les discriminations dévalorisent l’homme, il nous revient de reprendre le sens de notre histoire commune. Ce florilège est conçu comme une mosaïque ; il se fonde sur notre cosmogonie, nos mythologies, nos traditions orales, notre histoire ancienne et contemporaine “, a indiqué l’auteur. Qui note que les peuples qui vivent au Sénégal partagent les mêmes valeurs que ceux habitant dans les pays environnants, dont notre pays, “comme tout le monde le sait, est séparé par des frontières arbitraires”. Leurs destins, a-t-il estimé, restent cependant indissociables. Il choisit volontiers une trame qui se joue du temps et de l’espace. C’est dire donc qu’un mélange du fantastique et de la réalité nous renvoie à nos traditions ancestrales et à notre vision du monde, avec ses valeurs d’harmonie et de paix. “C’est l’artiste, le créateur, qui parle en moi. Mais je suis foncièrement animé par le souci de montrer la prépondérance de l’unité des peuples vivant au Sahel”, a expliqué Rassoul Bâ qui a été décoré de la médaille de Commandeur de l’Ordre national du Mérite.
Waly Bâ de la maison d’édition “Nuit et Jour” souligne qu’en s’appuyant sur un “tréfonds” tantôt cosmogonique tantôt épique, l’auteur propose à son lecteur un projet de relecture de situations mythologiques, socioculturelles et politiques établies, mais volontairement libérées des contraintes énonciatives de la Grande Histoire par sa “fantaisie éclairée de créateur”. Il note que la légitimité de ce discours de libre reconstitution doit beaucoup par ailleurs à la Mémoire orale, à laquelle l’auteur nous renvoie permanemment sans jamais en donner l’air.
“L’intérêt du texte ne repose pas seulement sur l’authenticité du message véhiculé. En effet, pour forcer l’attention du lecteur, l’auteur opte pour des techniques de représentation d’une truculence déroutante, avec notamment des notes d’humour adroitement placées, des digressions lumineuses, une habile synthèse du surnaturel et de la réalité“, a apprécié Waly Bâ. “Kaléidoscopique à souhait, l’œuvre “Les mémoires de Njoob Jaara’ de Rassoul Bâ représente un généreux patchwork où, à travers une prose exquise et minutieusement ciselée, l’auteur nous fait découvrir et aimer nos sources fondamentales, tout ce qui rend insubmersible notre obligation à vivre dans un commun vouloir de vie commune“, a-t-il poursuivi.
Le livre est constitué de 10 (dix) récits dont “Le Walo de Barka Aux origines Le passé composé”, “Le chevalier de Boufflers dans les ténèbres”, “Les Vagues de Geeju Ndayaan”, “La saga de Joob Jaara”. Dans un extrait de ce dernier récit, on peut lire : “Tarawélé Faara s’installa près d’un gué. Il donnait vie à ces lieux qui n’étaient qu’un point de passage pour les pêcheurs. Il le nomma Faara. Une obsession pour ce Tarazélé. Du Jolof au Waalo, la mode des touffes sur les crânes renaissait. Sous la direction de Njoob Faara, comme l’appelaient les autochtones, une communauté de chasseurs, de cultivateurs et de pasteurs se formait. Il s’adapta aux cultures locales, avec les attributs d’un Mansa du Sosso“.
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Babacar Sy SÈYE est un critique de cinéma et journaliste. Il a suivi un atelier de formation à la critique de films animé par Olivier Barlet et Baba Diop lors du Festival Dakar Court 2021.