Les médecins ne demandent pas la lune
Santé
Les médecins en spécialisation du Sénégal sortent de leur réserve
Toujours pas de solutions à leurs revendications ; pourtant, leurs demandes n’affectent en rien le budget de l’État. Ce personnel de santé réclame juste des réformes adaptées aux demandes qui s’imposent à leur statut d’être humain.
Par Khadidiatou GUEYE Fall,
Cheffe du Desk Société
Les médecins en spécialisation ont extériorisé leur colère sur le ministère de la Santé et de l’Action sociale. Ils demandent une réforme de leur statut qui va entrer dans la dynamique du Jub, Jubbal et Jubanti. Une liste de revendications est posée sur la table du gouvernement. Mais une rencontre avec le ministère annulée à la dernière minute était la ligne rouge qu’il ne fallait pas franchir ; ils haussent le ton. Le ministère de la Santé et de l’Action sociale avait fixé une date ce 15 Octobre pour rencontrer les médecins en spécialisation du Sénégal. L’objet de ce rendez-vous était de faire un diagnostic des revendications du personnel de santé. Malheureusement, la rencontre n’a pas eu lieu. Ce qui a mis les médecins en spécialisation dans une colère noire. Ils regrettent le manque de considération et l’absence d’une prise en charge de leurs revendications. Pourtant, leurs demandes n’affectent en rien le budget de l’État. Ce personnel de santé réclame juste des réformes adaptées aux demandes qui s’imposent à leur statut d’être humain.
Les revendications tournent autour des congés de maternité, de leur statut légal. En effet, les femmes médecins en spécialisation ne disposent pas de congés de maternité. “Au Sénégal, les médecins en spécialisation sont formés dans les pires conditions possibles. Je parle bien de vos futurs pneumologues, gynécologues, cardiologues, chirurgiens, etc. Ces médecins en spécialisation n’ont pas de statut légal, pas de prise en charge médicale, pas de rémunérations et pire pas de congés de maternité” a affirmé Dr Aminata Diop, responsable des médecins en spécialisation en Pneumo-Phtisiologie du Sénégal.
D’après Docteure Diop, ces médecins n’ont ni congés de maternité, ni d’heures d’allaitement, ni statut légal, ni rémunération et ils font pratiquement les 90% du travail de l’hôpital. Elle précise que les médecins femmes enceintes passent la nuit à opérer et à consulter à 9 mois de grossesse, sans parler des autres injustices. Cette situation impose la réaction spontanée du ministère de la Santé et de l’Action sociale. Cette dernière dénonce les injustices qui existent depuis des années et empêchent le Sénégal d’avoir des spécialistes en nombre suffisant. Docteur Aminata Diop pense que ces constats sont les raisons pour lesquelles “des médecins qui doivent y travailler sont obligés de quitter le Sénégal pour aller servir ailleurs”.
Dans le cadre de la présentation du référentiel Sénégal 2050, le président de la République Bassirou Diomaye Faye a évoqué les problèmes du secteur de la santé les plus urgents. Le déficit de personnel sanitaire et d’infrastructures, les disparités spatiales avec 68% des spécialistes qui se retrouvent actuellement à Dakar sont entre autres les problèmes dont souffrent le secteur.
Pour Docteure Aminata Diop, il faut régler certains problèmes primaires avant d’entamer d’autres points. Le nœud du problème se situe sur comment aider ces médecins en spécialisation à être les futurs spécialistes et futurs agrégés de ce pays sans frôler la dépression pour devenir un spécialiste.
Vu ces nombreuses revendications sans solution et un rendez-vous avec les autorités annulé, les médecins en spécialisation avaient décrètent une grève le 16 Octobre pour se faire entendre. L’inaction du ministre de la santé et de l’action sociale, M. Ibrahima Sy, est également décriée par les plaignants qui s’interrogent sur la réceptivité réelle de leurs revendications.
Khadidiatou GUEYE Fall