GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

Les larmes de la mer, Doudou Ndiaye Coumba Rose: ici commence le tam-tam… Jean Michel Seck, Made in Manouche

C’était le premier de la classe ‘’tam-tam’’, c’était le ‘’tambour majeur’’, c’était le tambour major, c’était le ‘’batteur considérable’’, c’était surtout  et avant tout, le ‘’fils de Coumba Rose’’ : paix à leurs âmes pures et que mille grâces leur soient rendues !

Les tams-tams du Sénégal et du monde ont repris la parole depuis dimanche 16 août 2015,  en plein hivernage, alors que le tam-tam est ‘’silence’’ durant l’hivernage au Sénégal et, peut-être ailleurs aussi, dans le ‘’grand Sahel’’, notre espace cardinal…

Les Rosettes sénégalaises, les Rosettes françaises, les Rosettes japonaises, les Rosettes américaines, les Rosettes algériennes, les Rosettes marocaines, les Rosettes maliennes, les Rosettes nigériennes,  les Rosettes guinéennes, les Rosettes Mauritaniennes, les Rosettes ivoiriennes, les Rosettes togolaises , enfin toutes les Rosettes du monde sont devenues roses (Rose ?) :  le ‘’tam-tam premier’’ a cessé de vibrer mais toutes les vibrations émises auparavant et par tous les vents, flottent dans l’air universel…

Ceci n’est pas un hommage, conformément aux dernières volontés du ‘’batteur considérable’’ : il est trop tard pour lui rendre hommage et il n’entendra plus désormais toutes les voix qui parleront sans être entendues…

J’ai parlé de lui le 04 septembre 2014 lorsque j’ai écrit ‘’ Avenue Lamine GUEYE : l’arbre vert est mort ce matin..’’, un cri du cœur publié par un quotidien célèbre du Sénégal que je respecte.

Nous étions des millions à travers le monde à le ‘’regarder’’ – à la télévision –  battre à la fois le ‘’tam-tam et le macadam’’, le 14 juillet 1989, sur la grande et belle Avenue des Champs Elysées, à Paris,  à l’occasion de la fête du Bicentenaire de la Révolution.

Il a révélé à la France et au monde, ce jour-là, ses talents multiples et ses tams-tams ‘’turbulents’’…

J’ai promis ce matin, jeudi 20 août 2015 (petit clin d’œil à l’histoire du Sénégal et du Mali) à mes proches et au Président Charles FORSTER, le ‘’marcheur considérable’’ de raconter, à ma manière et dans le style que j’ai choisi,  ma dernière rencontre avec le ‘’tam-tam premier’.

C’était le 10 novembre 2014, au début de l’après-midi, à son domicile des HLM.

Il m’a parlé longuement d’un projet qui lui tenait à cœur, le projet ‘’un batteur, un arbre’’

Il justifiait ce projet par le fait qu’il avait toujours prélevé sur la nature (les arbres) la matière qui lui a permis de ‘’fabriquer’’ ses instruments de percussion, au long de sa vie de batteur.

Il considérait que le moment était venu pour lui de ‘’rendre à la nature’’ ce qu’il lui avait pris ou plutôt – je suis à l’aise pour l’écrire aujourd’hui –  ce qu’il lui avait emprunté…

Le beau projet ‘’un batteur, un arbre’’ était destiné à lancer, à l’échelon local, puis départemental, régional et national, une vaste campagne de reboisement en relation étroite avec les populations de son pays et les autorités de son pays, le Sénégal : ainsi parlait l’autre ‘’fils de l’écume du lion’’…

Je lui ai rappelé, ce jour-là, dans le salon où il nous recevait, son ami, le Président Charles FORSTER, et moi-même en ma qualité, très provisoire, de Président de l’Association ‘’les Amis du baobab’’, qu’il avait accepté de  ‘’battre le tam-tam’’ avec les Rosettes, le 27 janvier 2006 dans une unité industrielle célèbre par son âge et son rôle dans l’économie sénégalaise…

Ils avaient tous, le 27 janvier 2006, à proximité à la fois de la forêt classée de Mbao et de la mer, produit mille sons destinés aux hommes et aux femmes qui les écoutaient ainsi qu’aux vagues proches de la mer qui les entendaient…

Ainsi va le rythme, ainsi va la danse, ainsi va la chanson des vagues et puis après le ‘’silence des vagues’’…

Plusieurs signes,  à ‘’l’ouverture du jour’’ mercredi 19 août 2015  me font croire que le ‘’tam – tam premier’’  savait aussi  lire l’heure, la dernière heure  sur son tam-tam…

Il était venu, avec toute l’humilité qui caractérise les grands hommes, le 25 juin 2014 à la Maison de la Culture Douta Seck, ancienne résidence du Président Mamadou DIA, pour assister à la première représentation de l’hymne du baobab, dont le texte et la musique ont été écrits par Raphaël Ndiaye, Directeur de la Fondation Léopold Sédar Senghor.

Quand il est arrivé dans l’espace ‘’EUTE-BI’’, j’étais parti mais son message paternel m’a été transmis et de là où il se trouve désormais je peux lui dire simplement : tous ses messages m’ont été transmis même le tout dernier message confié au Président Charles FORSTER, dimanche 16 août 2015, quatre jours seulement avant sa disparition physique…

Tous les ‘’rêves du baobab’’ comme tous les ‘’rêves du palmier’’ seront réalisés inch’Allah !

 ‘’Tu seras batteur !’’ S’était écriée Joséphine Baker, la mère de tous les orphelins du monde, en 1959. Je l’ai appris ce matin en lisant le portrait du ‘’tambour majeur’’ dressé par un grand journaliste en charge de la culture dans un grand quotidien du Sénégal.

Le ‘’batteur considérable’’ a rendu son dernier souffle, le dernier battement de son cœur, mercredi 19 août 2015 ; son ‘’souffle’’, comme tous les souffles, avait été ‘’emprunté’’ et il a été restitué à son ‘’unique propriétaire’’…

J’étais avec un ami, pour un déjeuner amical et fraternel,  à proximité de la mer, mercredi 19 août 2015, à 13h lorsqu’il s’est éteint,  à proximité de la mer et la mer a certainement ‘’pleuré ‘’ longtemps…

Le texte que vous avez lu n’est pas un hommage,  conformément à ses dernières volontés ;  j’ai raconté, à ma manière et dans un style que j’ai choisi, ma dernière rencontre avec le ‘’fils de Coumba Rose Niang…’’

Que toutes les scènes du monde qui l’ont accueilli s’enflamment une dernière fois…

Le tambour major qui venait d’avoir ‘’quatre vingt cinq hivernages et des dizaines de tams-tams…’’- son âge véritable caché sous le sel gris du lac rose –  n’est plus mais son tam-tam est toujours…

Un tam-tam peut-il exister sans son maître ?

Un maître peut-il exister sans son tam-tam ?

Le ‘’tam-tam premier’’ a parlé et sa parole continue…

Ici recommence le tam-tam…