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Législatives : Sonko, l’homme à battre

Législatives

Battre Ousmane SonkoIl ne faut finalement pas battre  Ousmane Sonko au nom de la République : sa courte vision de la rupture se heurte à une crise institutionnelle immuable, qui va au-delà des hommes en place ; la force publique n’est pas au service la Nation, de l’État mais d’hommes somme toute ordinaires, sans relief plus soucieux de leur “moi” que des populations : la facilité avec laquelle les citoyens sont traînés devant la Direction des investigations criminelles et mis en détention provisoire rappelle les heures sombres récentes avec l’encombrement des prisons pour par exemple délit de port de bracelet, manifestation de sa joie de voir un Sonko, etc… Profiter de cet article 80 fourre-tout pour lutter contre la diversité est une hérésie. Or, non seulement on s’en prévaut, mais l’antériorité des verdicts annoncés en public hors procès atténue la portée du discours dans cette politique de vérité alternée qui a caractérisé l’homme Sonko depuis l’affaire Sweet Beauté.

Bakel, le 19 octobre, le ministre de la Femme, l’Onas, l’Aser, Bougane, encore et toujours, Cheikh Yérim Seck et Ousmane Sonko soi-même appellent à battre Sonko aux Législatives. L’intolérance vécue entre 2021 et 2023 a révélé qu’une majorité octroyée à Pastef équivaudrait à donner libre cours à une dictature devant laquelle Macky Sall a cédé en juillet 2023 avant de détaller en mars 2024.
Les dérapages une fois au pouvoir ont révélé le caractère anti-républicain de ceux qui promettent le néant s’ils ne sont pas choisis. Et qui veulent prendre leur revanche hors cour pour avoir été renvoyé de l’administration ou pour difficultés liées à un verdict reposant sur une perversion de la jeunesse. La campagne promet puisque le passé récent s’invitera dans la thématique. Il faut d’ores et déjà ouvrir les portes de prison si le fantôme de la dame aux camélias flotte.
La discrétion extrême du chef de l’État ajoute à un imbroglio où la malice n’est pas absente, avec ce décret 2024-1880 réparti dans le temps et arrêté au 12 septembre avec la dissolution de l’Assemblée nationale.
S’il faut combattre et battre Ousmane Sonko, le faire pour sa politique de la vérité alternative qui sème le doute, l’entropie sociale.

S’il faut le combattre et le battre, le faire au nom de cette capacité divinatoire de séparer la bonne graine de l’ivraie en décrétant sa propre justice. Pour envoyer Macky Sall devant une Haute cour fantôme, pour envoyer Amadou Bâ devant les mêmes instances pour complicité, pour se substituer à tout en tout temps et lieu.

Pathé MBODJE