Législatives : La télé-campagne de Macky Sall
LEGISLATIVES 2024
Macky Sall prend ses distances
Désigné comme tête de liste de la coalition Takku Wallu, l’ancien président Macky Sall n’a pas encore mis les pieds au bercail depuis l’accession au pouvoir du président Diomaye Faye. Pour ces élections législatives, Macky Sall bat campagne à son niveau et à sa manière. Une situation assez rare de voir une tête de liste battre campagne en dehors du pays loin des électeurs. Cette « télé campagne » crée de vives réactions.
Par Khadidiatou GUEYE Fall,
Cheffe du Desk Société
Depuis le Maroc, l’ancien du président Macky Sall mène sa campagne pour les élections législatives du 17 novembre 2024. A travers les plateformes comme LinkedIn, X(twitter), WhatsApp, la tête de liste de Takku Wallu Sénégal lance les promesses pour un changement à l’Assemblée nationale.
Sur un lien de X, le président sortant donne des nouvelles sur son absence depuis huit mois. Il explique que son séjour à l’étranger après la victoire du parti de l’opposition en avril dernier, après le choix souverain du 24 mars, et fidèle à la tradition de démocratie majeure et apaisée, est passé par la transmission ordonnée et pacifique du pouvoir. « Dans le même esprit, par courtoisie républicaine, je me suis imposé un temps de recul et de réserve pour permettre à mon successeur et à son gouvernement de commencer en toute sérénité l’exercice de leur mandat » avance la tête de liste de Takku Wallu Sénégal.
Macky Sall déclare que son retrait du territoire national avait pour objectif de laisser le nouveau régime de travailler à la convenance de leur promesse vendue au peuple. Mais, il souligne dans sa note qu’après huit mois, « celui qui vous avait promis son Projet comme solution miracle à tous vos maux s’est finalement résigné à une mauvaise copie du plan Sénégal Emergent ; une copie sans cohérence ni ambition, qui fait reculer notre objectif d’émergence de 2035 à 2050 » dénonce Monsieur Sall.
Pour convaincre l’électorat sénégalais, il justifie sa « décision d’accepter de diriger la grande coalition Takku WalluSénégal, avec des hommes et des femmes d’expérience, non pour un quelconque positionnement politique, mais pour créer les conditions d’un sursaut citoyen d’envergure qui transcende les clivages partisans, afin de se mobiliser pour enrayer les dangers qui s’accumulent sur le pays et engager les redressements nécessaires ».
Macky Sall réclame la confiance des Sénégalais le 17 novembre avec la coalition Takku Wallu Sénégal pour s’engager à redresser le pays en remédiation sept problématiques. Dans la première phase, il compte
restaurer le fonctionnement régulier des institution de la République et de la stabilité nationale par la mise en place d’un gouvernement d’union, de stabilité et de réconciliation nationales qui travaillera en bonne intelligence avec le président de la République dans l’intérêt supérieur de la Nation ;
la convocation des Assises de la Réconciliation,
la mise en place d’un Programme d’urgence en faveur des impactés des inondations,
la mise en place d’un programme destiné à la jeunesse,
un programme de rationalisation des institutions et de réduction du train de vie de l’Etat et du secteur parapublic,
la réduction du coût de la vie par la maîtrise de l’inflation des prix des denrées de première nécessité sont entre autres des problématiques que Macky Sall veut remédier une fois à l’assemblée nationale.
La septième problématique repose sur l’accélération de la mise en œuvre des programmes, projets et réformes phares du PSE et la reprise de tous les chantiers à l’arrêt.
Des solutions face à un ces fléaux sont le centre de la campagne de Macky Sall depuis le Maroc. Même loin des Sénégalais, il décline les engagements pour apporter des solutions en portant la voix du peuple à l’Assemblée nationale.
Cette manière de battre campagne loin des Sénégalais est dénoncée par son ancienne collaboratrice et actuelle alliée du pouvoir désignée comme envoyée spéciale du président Bassirou Diomaye Faye, Mimi Touré. « Il a décidé de ne plus venir battre campagne au Sénégal, donc ne votez pas pour quelqu’un que vous ne voyez pas. Vous êtes au Maroc, alors il ne faut pas nous importuner. Ce que vous devez faire, c’est vous taire. De toute façon, les Sénégalais ne voteront pas pour vous», a soutenu Mimi Touré, à Kaolack.
D’après Ousseynou Ly, le ministre porte-parole de la présidence, quand Macky Sall s’adresse aux Sénégalais à travers une lettre, c’est de l’indécence. Le ministre porte-parole suppose que ce qui empêche l’ancien président de revenir au pays et participer aux caravanes et meeting est à mettre “en rapport avec “Baye Fallou Sène, Sidiya Diallo, Bouna Sarr, Alpha Yoro Tounkara… Ces jeunes innocents, tombés sous les balles” à son magistère.
« Comment osez-vous, depuis l’étranger, tenter de vous poser en défenseur des droits du peuple que vous avez vous-même réprimé ? Comment pouvez-vous avoir la prétention de revendiquer un bilan de paix et de réconciliation, alors que votre gouvernance a semé la discorde et plongé le pays dans un cycle de violences destructrices ? Quelle indécence, Monsieur Sall ! Quelle indignité ! » s’interroge M. Ly depuis son compte Facebook. Pour lui, les paroles de Macky Sall n’ont plus de prise sur le peuple sénégalais, qui aspire désormais à une gouvernance basée sur la justice, la vérité et la dignité.
Certains médias véhiculent l’idée selon laquelle Macky Sall refuse de rentrer pour échapper à d’éventuelles poursuites judiciaires sur les meurtres perpétrés sous sa magistrature.
Khadidiatou GUEYE Fall