Législatives : Barça ou Barsakh
Législatives
Barça ou Barsakh
Une révolution générationnelle appelée à durer pourrait connaître une fin prématurée avec les Législatives de ce jour. D’où les violences de ce lundi 11 qui rappelle pourtant l’Armistice, pas plus extraordinaires cependant que celles traditionnellement vécues jusqu’ici.
Les attaques outrancières sur les réseaux sociaux et sur certaines esplanades contre le président de la République, le Garde des Sceaux ministre de la Justice et le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité donnent une idée de ce que seront les Législatives de ce jour : la Patrie ou la mort. Elles émanent de ceux qui se disent user de leur “droit légitime à la riposte“, vieille rengaine née d’une balade nocturne en plein confinement avec la pandémie de la Covid-19.
Le candidat qui tient ces propos est un Premier ministre, auto-proclamé maître des poursuites qui appuie sur la chaîne à partir du ministre de la Justice…qui refuse de bouger. L’appui de responsables comme ce Dg rappelle la crise entre Me Abdoulaye Wade et son Idrissa Seck qui avait divisé le gouvernement en pro-celui-ci ou en pro-celui-là. Entre le président de la République et son candidat de Premier ministre, les perspectives ne semblent plus les mêmes quand l’un appelle à une campagne électorale civilisée et l’autre s’émeut de violences politiques somme toute prévisibles en fonction de la crise sociale de 2021 à 2023 impossibles à passer pour pertes et profits. La crise dans le dualisme à la tête de l’État, relevée dès le départ, apparaît de plus en plus depuis le 25 octobre mais surtout après le discours du candidat du pouvoir fustigeant le laxisme de l’État dans la gestion de la violence notée durant la campagne, singulièrement le 11 novembre. Ousmane Sonko persiste à dire que tout va comme dans le meilleur des mondes entre le chef de l’État et son Premier ministre, et cette rengaine sonne tellement faux qu’elle rappelle cette méthode d’auto-persuasion de Cauet.
L’enjeu particulier des Législatives doit déterminer l’avenir immédiat d’une génération de jeunes leaders qui devait assurer une longue transition cyclique et qui risque de s’achever plus tôt que prévu. La crise politique de 2021 à 2023 n’explique donc pas seulement les difficultés de cohabitation actuelles entre le pouvoir et l’opposition ; elle en est le révélateur partiel que justifie une réelle complicité hier devenue source de dérapages verbaux et physiques.
Pas encore sorti de l’auberge !
En dépit de trois “grands barrages” porteurs d’alternances politiques historiques, ouvrages matérialisés à la faveur de larges coalitions des forces de progrès et de ruptures systémiques pour résolument tourner de sombres pages à endiguer ces “crues dévastatrices inondant, lessivant et compromettant, cycle après cycle électoral inaugurant un nouveau régime en mal, hélas, de délivrer sur ses promesses mirobolantes d’ouvrir des ères nouvelles de sauvegarde et de reconstruction transformative sur ces riches strates sédimentaires symboles de tant d’acquis d’âpres luttes démocratiques enfouis sous les torrents boueux et stériles d’une mal-gouvernance à tous les niveaux, vecteur de…”famine et de malnutrition institutionnalisées”. Tant qu’il est surtout question de se servir là où servir la Patrie s’impose avant tout pour l’avènement d’une Nation unie et prospère dans la complémentarité de la pluralité des diversités spécifiques à ses sept entités régionales naturelles aujourd’hui dangereusement charcutées en lambeaux de territoires sous les bistouris notamment d’Abdou et d’Abdoulaye, ex-présis émigrés !
Gorguez
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Les études tendent à constater que les violences sont consubstantielles au jeu politique sénégalais, même si cela désole certains acteurs de la société civile : aux 40 morts et 250 blessés du Premier décembre 1963, il faut ajouter 12 décédés et 400 blessés en mars 2021, qui atteindront les 80 en 2023. 2024 sort donc du lot avec un seul décès par accident de la circulation, malgré la nature de certaines blessures. Il y a eu également les violences politiques de février 1994 avec la crise des Moustarchidine et l’assassinat de près de six policiers et les pertes en vies humaines lors de la crise de 2011 avec le mouvement du 23 juin contre une suspectée volonté de dévolution monarchique prêtée au président Wade. Les Sénégalais nourris à la sève de la liberté et de la démocratie avec cette pluralité de colonisations hollandaise, portugaise, anglaise et française savent défendre leurs libertés.
La séparation douloureuse entre Barthélémy Dias et Ousmane Sonko à partir de 2022 explique le dépit amoureux entre les deux hommes qui s’étaient voué une solidarité et une complicité à toute épreuve durant la crise de 2021-2023. La similitude de parcours politique entre les deux hommes peut expliquer un rapprochement que la politique a malheureusement interrompu et la profonde inimitié entre deux hommes extrémistes qui ne savent pas toujours jusqu’où il faut aller loin. Ils se sont engagés dans une bataille à mort pour ces Législatives qui ne consacreront peut-être pas les meilleurs mais qui laisseront des séquelles profondes. Barthélémy Dias restera maire de Dakar après cette journée de vote. Les résultats pourraient cependant être source de secousses durables pour le pays et pour une génération qui n’aura pas aidé à une transformation générationnelle notable.
Pathé MBODJE