Le lundi de Gorguez : L’imaginaire de l’au-delà
Le lundi de Gorguez
Gardiens de la Terre, Héritiers du Ciel
CRI DU COEUR : DOMMAGE QUE NOUS NE SOYONS PAS DIGNES DU LEGS D’ALLAH
Nulle part ailleurs qu’au Sénégal on ne cultive avec autant d’ardeur l’imaginaire de l’au-delà. Ici, les joutes verbales sur l’aménagement du Paradis occupent les esprits bien plus que l’aménagement du pays lui-même. On disserte sans relâche sur la végétation céleste, les autoroutes de lumière, les palais éthérés, comme si des éclaireurs en avaient déjà tracé les plans et en revenaient avec un guide détaillé.
Et pourtant, l’Architecte Suprême, dans Sa Sagesse infinie, nous a confié une mission bien plus tangible : être les Khalifatoulah, les lieutenants de Dieu sur Terre. Il ne nous a pas créés pour spéculer sur les délices de l’Au-delà, mais pour veiller sur Sa Création ici-bas, préserver l’équilibre subtil des océans et des forêts, protéger la faune et la flore, et faire de cette terre un reflet des promesses divines.
Le Paradis n’est pas une récompense acquise par de simples incantations ni par une appartenance ethnique ou lignagère ; il n’est pas accessible à ceux qui pillent sans conscience, détruisent sans remords et déshumanisent leurs semblables dans une quête effrénée de richesses. Ceux-là s’imaginent des jardins luxuriants dans l’Au-delà alors même qu’ils assèchent les rivières, arrachent les forêts et laissent derrière eux des terres stériles et meurtries.
Le véritable héritage que nous devons convoiter n’est pas celui d’une abondance illusoire dans l’Après, mais celui d’une Terre préservée, où la justice et l’équité règnent, où chaque être—humain, animal ou végétal—trouve sa place dans l’harmonie voulue par le Créateur. Allah nous a placés en gardiens, en veilleurs, en intendants de cette œuvre parfaite. Ce devoir, bien plus que les songes aux plaisirs célestes, doit guider nos pas.
Au lieu de rêver de vierges paradisiaques, œuvrons à mériter notre place en ce Jardin éternel en bâtissant un monde digne de la confiance que Dieu nous a accordée. Car c’est en honorant la Terre qu’Il nous a confiée que nous espérerons un jour fouler les sentiers de Sa Grâce.
— Gorguez DIOP