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Junior Diakhaté, un bâtisseur au service des écoles sénégalaises: « Tout n’a pas été rose dans ma vie… je sacrifiais mes études pour travailler, puisque j’avais une mère à entretenir » Par Ndeye Fatou DIONGUE

Le métier d’enseignant est un métier très noble. C’est, tout d’abord, savoir enseigner l’art de la vie et de la bonne conduite en société.

Ce métier a aussi pour mission de faire connaître tous les enseignements qui permettront aux apprenants d’acquérir une maîtrise des connaissances pratiques de la vie.

Un enseignant, peu importe la matière qu’il enseigne, permet d’apprendre à ses élèves le travail en équipe et l’esprit d’équipe également. C’est un acteur majeur du système éducatif d’un pays.

En voilà un, qui au-delà de ses fonctions liées à l’enseignement, s’active socialement avec la réfection des lycées. Il s’agit de Monsieur Diakhaté.

« Je m’appelle Mamadou Diakhaté, mais je suis plus connu sous le nom de Junior Diakhaté « Niinchte » (un surnom que mes amis Ndiago m’ont donné qui signifie un homme mature). C’est mon surnom le plus connu sur les réseaux sociaux sénégalais. Je suis âgé de 34 ans. J’ai des origines Hal pulaar et un mélange de plusieurs ethnies.  Mais mes parents sont de Dakar. Enseignant craie en main à l’école élémentaire de Keur Madiabel 3, dans la région de Kaolack. Marié et père d’une fille de deux ans.

Études et expériences professionnelles

J’ai débuté à l’école élémentaire “Issa Kane”, ex-Bassam Goumba où j’ai obtenu mon CFEE. Orienté au lycée Lamine Guèye, j’y ai effectué mon cycle moyen et secondaire d’où j’ai obtenu successivement le BFEM et le BAC en 2009. Par la suite, je me suis inscrit à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar à la faculté des Lettres et Sciences humaines, au département d’Histoire.

 Des études très difficiles pour moi puisque je n’avais pas trop les moyens pour bien étudier. Entre petit boulot comme conseiller commercial, répétiteur à domicile, manœuvre de temps à autre, je ne pouvais plus être un bon étudiant en Licence 3 d’Égyptologie.

Je me suis alors présenté au concours de recrutement des élèves-maîtres en 2016 et je fus reçu ; après neuf mois de formation au CRFPE de Rufisque,  je suis affecté à Sinthiou Daga, village situé à la frontière de la Gambie dans le département de Nioro du Rip, comme instituteur-adjoint.

Quelle relation entretenez-vous avec vos élèves ?

Ils sont comme mes enfants. Ils me font confiance et se confient à moi. J’ai le numéro de leurs parents aussi. Je fais tout pour maintenir ce climat de confiance et respecter mon statut de professeur selon les règles établies par le métier.

Échecs et difficultés rencontrées

Tout n’a pas été rose dans ma vie. Je viens d’un quartier populaire, « Grand Dakar », et j’avais beaucoup de soucis pour déjà suivre des études normales. J’ai dû reprendre des niveaux, parce que je sacrifiais mes études pour travailler puisque j’avais une mère à entretenir.

Réussite et plus beau moment

Ma plus grande réussite, c’est de faire aujourd’hui ce que j’aime avec des jeunes, qui ont juste vu mes activités sur le net et qui ont intégré l’équipe.

Vie familiale et sociale

Je suis fils d’un militaire à la retraite et d’une femme au foyer. J’ai deux petits frères et deux grandes sœurs.  Je vis avec ma femme et mon bébé.

Je suis très sociable avec mes activités. Je reçois énormément de demandes chaque jour et je reste au service de la communauté. Notre équipe est constituée de jeunes et chacun joue un rôle pour mener à bien les activités.

Il y a ceux qui se chargent de la collecte de fonds, de l’organisation, des ouvriers (maçons, plombiers, etc.) qui travaillent volontairement avec nous. Et grâce à Dieu, nous parvenons à réfectionner beaucoup d’écoles avec le soutien indéfectible de la communauté.

Avez-vous l’appui de l’État ?

Non, nous travaillons avec nos propres moyens car c’est une question d’engagement.

Qualités et défauts

Mes qualités, je ne peux les donner. Peut-être que je dirai que j’aime Dieu et en lui  je laisse ma vie.

Mes défauts ?  Je suis plutôt belliqueux, trop de caractère, et c’est un vilain défaut.

Principes

Pour les principes, ça ne changera jamais. C’est la citoyenneté en bandoulière !

Meilleures réalisations et projets

Je voudrais apporter ma pierre à l’édifice. Quand je dis l’édifice, je fais allusion à l’engagement communautaire, qui est aujourd’hui notre principale arme pour changer les choses.

Ma meilleure réalisation,  c’est la réfection du lycée de Yoff qui s’est déroulée en 15 jours non-stop.

Message à la jeunesse

J’invite la jeunesse aujourd’hui à s’impliquer davantage dans l’engagement communautaire pour le bien de notre pays ».*

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