Gouvernement : Trait pour trait
Sénégal-Gouvernement
Traits d’union

L’hypothèse d’un gouvernement d’union figurait en troisième position dans certaines études prospectivistes à l’issue des Législatives de novembre 2024, malgré ou à cause de la majorité stalinienne de Pastef : la dyarchie à la tête de l’État laissait entrevoir une crise institutionnelle qui ne saurait se résoudre que par une Présidentielle anticipée ou une instabilité chronique, instabilité due à une certaine forme de dictature d’un prolétariat désireux d’édicter la justice des vainqueurs.
Dans le vaudeville d’un Sénégal partagé entre légalité et légitimité, un fort élan de sympathie s’est dessiné vers le président de la République qui traduisait la césure sociale au sommet de l’État et
était cependant tempéré par la tiédeur envers un second personnage : une cartographie des possibles intervenants faisait une large place aux acteurs politiques nationaux, mais aussi, à l’appréciation, à la légion étrangère, comme sous Abdou Diouf bloqué par les barons et le Programme d’ajustement structurel de Fonds monétaire International et affaibli par Me Abdoulaye Wade et le Parti démocratique sénégalais. Par légion étrangère et ministres technocrates, les Sénégalais de la première alternance entendaient un sang neuf pour aider à améliorer une situation intérieure et extérieure des plus délicates. Surtout qu’ils sont tous désireux de servir.
A l’issue des élections de 1983, le besoin de technicité s’est imposé à un Premier ministre moyen. A la transhumance interne née de la déstabilisation des partis majors, Abdou Diouf a ajouté l’appel à la Diaspora intellectuelle qui brillait sur tous les théâtres internationaux.
Aujourd’hui, un très grand fils du Sénégal faisant des merveilles sue le plan international pourrait bientôt revenir au pays. Il désirerait se préparer
lui-même pour les prochaines batailles. Sa conscience ne lui permet plus, en tout cas, de ne pas bouger.
Avec lui, un autre ancien international fait preuve d’ambition ; son séjour prolongé dans les institutions multilatérales lui interdit désormais de se taire et de rester assis devant ce qu’il estime être un “mal profond”.
Ibrahima Fall, Médoune Fall, Mamoudou Touré et autres Jacques Diouf de la Fao, Moussa Touré de la Cdeao et autres Babacar Ndiaye de la Bad ont eu la même vocation quand il a fallu “relever les défis des années 80” et 2000 ; Abdou Diouf confronté à une résistance des barons et le phénomène Sopi de Me Wade a collaboré avec la légion étrangère, Médoune Fall et Mamoudou Touré en particulier. Wade a combattu Ibrahima Fall, Babacar Ndiaye, d’autant qu’il était mêlé aux assises et Jacques Diouf, sentant dès 2001 le danger que représentait cette partie de la crème intellectuelle et technocrate du Sénégal.
Aujourd’hui, c’est toute l’Afrique de l’Ouest qui est en train de sombrer
au profit de l’Est : le rôle historique de terreau intellectuel du Sénégal pourvoyeur de main-d’œuvre semble s”être déplacé vers l’Est, devant les secousses auxquelles l’Afrique de l’Ouest n’a pas su faire face avec les conséquences de la Révolution iranienne et l’invasion d’un Sahara djihadiste, narcotrafiquant, lieu de détention d’otages à échanger et de secousses politico-militaires soudano-sahéliennes.
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Légendes photos
De haut en bas :
Medoune Fall, Comité pour la défense des droits inaliénables du peuples palestinien
Mouhamadou Touré, Banque mondiale
Babacar Ndiaye, Banque africaine de Développement
Ibrahima Fall, Nations-Unies
Moussa Touré, Cdeao
En Une : Jacques Diouf de la Fao

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L’Afrique et l’Amérique
La ruée vers l’Est
Mon grand, l’Afrique de l’Est mérite une attention particulière !!
Il y a bien longtemps, Bakari 2 partit des côtes de l’Afrique de l’Ouest pour découvrir l’Amérique.
Mais à présent, c’est l’Afrique de l’Est qui gouverne l’Amérique : Barack Obama, originaire du Kenya, ancien président des Usa, et Zohran Mamdani, né en Ouganda, aujourd’hui Maire de New York (remercie les chauffeurs de taxi sénégalais de New-York-
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Le Sénégal, ses cadres et sa Diaspora intellectuelle terreau de toutes les administrations africaines et internationales sombrent, faute de jouer le rôle historique et territorial de rempart adossé à la mer, avec l’impossible recul.
Le président Bassirou Diomaye Faye l’a peut-être compris qui veut faire de Dakar une fabrique d’armements militaires, aube d’une puissance politique et de régulation de la tension en Afrique de l’Ouest. Il lui faudra de nouvelles figures à la densité morale éprouvée et moins idéalistes d’un panafricanisme pour lequel Senghor et Abdoulaye Wade ont fait mieux.
Certaines figures locales émergent, dans un subtil kaléidoscope plus sociologique que socio-professionnel : l’intérêt soudain autour d’une audience avec le président de la République ou d’une présentation vieille de cinq années en 2005 de Mouhamadou Makhtar Cissé/Inspecteur général d’Etat ou de la mère de Cheikh Anta Diop renvoie à la crise morale du set-settal des années 80 avec les Mandela, Senghor, Sankara, Aline Sitöé, Ndieumbeuth Mbodje, Krumah, Bob Marley et autres, soit des noms capables de susciter un rêve. Cet appel à une certaine moralité réapparaît aujourd’hui encore avec le rejet de tout excès, tout exclusivisme favorables à un repli identitaire qui fausse la vie politique et sociale : la vision large de grands bâtisseurs de cathédrales devrait aider.
Pathé MBODJE
