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France: Macron en éternel bleu Marine face à Zemmour

Éric Zemmour fausse le traditionnel jeu de la famille Le Pen qui aidait à élire le président français.

Le pouvoir a toujours joué l’extrême-droite pour se maintenir, de Mitterrand à Macron. La stratégie du locataire actuel du palais de l’Élysée envers ses anciennes colonies est du même tabac d’exclusion de la diversité pour fumer le calumet avec Marine Le Pen pour contrer Éric Zemmour et forcer ainsi un second mandat, comme Chirac face à Le Pen père et Sarkozy revêtu de bleu Marine.

Macron se heurte cependant à des difficultés économiques avec la crise des sous-marins : le flirt avec l’électorat de l’extrême-droite a ainsiété d’une grande maladresse stratégique quand la France sombre dans la sinistrose favorable aux thèses de la droite au sens large.

L’énervement de Emmanuel Macron le 30 septembre dernier face aux autorités maliennes rappelle la crise afghane au lendemain du retrait américain et des interventions intempestives de Joe Biden pour se justifier, surtout au niveau économique  ; avec ce retrait avorté dans ses conséquences tragiques mais logique des Américains d’Afghanistan, l’Occident post-Covid se Tiers-mondise dans son économie et discute le bout du gras avec ceux qu’il a appauvris.

Rapporté à l’appel d’air face à la Présidentielle française de 2022 avec la crise mémorielle algérienne, cet énervement d’Emmanuel Macron  rejoint le calcul électoraliste d’un prochain candidat voulant mordre sur l’électorat de Droite face à un phénomène émergent : Éric Zemmour ; Marine Le pen est meilleur adversaire pour un second mandat, comme Chirac et Sarkozy ont permis de le vérifier face à la famille Le Pen en 2002 et en 2007 ; mais la force d’interposition qu’est Éric Zemmour menace un équilibre électoral vérifié avec une France qui flirte avec l’extrême-droite mais refuse de l’épouser.

pire, l’affaire des sous-marins australiens avec  l’alliance Australie, Royaume-Uni et États-Unis (Aukus ) le 15 septembre est une gifle à l’image de la France ramenée à une République bananière. Le vaudeville lors de l’Assemblée générale des Nations-Unies participe cependant du même spectacle politique d’un président en chute libre et qui use de tous les artefacts pour donner le change.

Mais la ficelle est trop grosse dans la déclaration contre la mémoire des Algériens, le cirque malien et le calcul est évident d’un appel à l’électorat de l’extrême-droite avec ces étrangers du pourtour méditerranéen limités dans leur mouvement vers la France, principale farce de l’héritage Le Pen en France.

En secouant la droite, l’extrême-droite et le mouvement au pouvoir, Zemmour permet de vérifier le peu de prise de la gauche au pouvoir depuis Mitterrand, fermée la parenthèse Hollande : du Mouvement des Radicaux de Gauche (Mrg) de 1978 à Emmanuel Macron, seul François Hollande a en effet réussi à garder la ligne, refusant une ambiguïté qui aurait fait faire le grand saut vers l’appel à la famille Le Pen.

L’effet Zemmour aura entraîné un grand écart d’un Macron qui se débat contre un Pied noir, un Berbère ou un Harki réhabilité au moment où il scrute l’histoire par le mauvais bout de la lorgnette.

François Mitterrand était tombé dans les mêmes travers durant la cohabitation, lorsqu’il a voulu faire la guerre aussi bien à la gauche qu’à la droite en ouvrant la voie à Le Pen père après, à trois reprises (1986, 1993, 1997), une cohabitation avec la droite qui a fait tomber Lionel Jospin et les Socialistes ; l’élection présidentielle de 2002 en France démontre ainsi un curieux choix (Le Pen à la place de Jospin), surtout qu’en 1995 déjà, personne n’avait vu venir Jacques Chirac favorisé par son face à face avec Jean Marie Le Pen : le score stalinien secoue encore les vagues de la Méditerranée.

Aujourd’hui encore, ces mêmes sondages d’une société ramollie selon Nonna Mayer (sous la direction de : Le nouveau désordre électoral français : 1995-2002 et 2010) nécessitent les mêmes réserves auprès de populations en butte à la pandémie et à l’émiettement de leur pouvoir d’achat.

Pour s’écrier par la suite : « Au secours, ils reviennent ! ». C’est en effet sous Mitterrand, Il y a 30 ans, que la France s’est vérifiée avec ces écrits sur les murs de Paris et de Navarre pires que le rire Banania :  « Au secours, la Droite revient ! ».

Depuis Mitterrand, les présidents français ont des velléités lepénistes pour se maintenir au pouvoir. Ce pouvoirisme s’est vérifié avec certains Narcisse qui sont allés jusqu’à fomenter un faux attentat pour attirer l’attention (l’affaire de l’attentat de L’Observatoire), à s’allier avec le diable pour financer leur campagne, quitte à se faire taper sur les doigts après, ou à trahir amis et convictions.

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Orientations bibliographiques

L’affaire de l’ « attentat » de l’Observatoire va être évoquée en correctionnelle, Le Monde du 11 août 1966.

Élysée confidentiel,

Une enquête de Eliot Blondel et Paul Larrouturou, Flammarion , 2021, 263 pages.