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Fatoumata Ndiaye Tampi et nous ! Sergio RAMOS

Il n’y en a que pour Fatoumata Ndiaye, porte-étendard du mouvement Fouta Tampi, depuis qu’elle a annoncé que le président de la République a entendu les doléances qu’elle a listées en juin dernier lors de sa tournée économique.

Elle aurait reçu deux véhicules et une maison du ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome. Même si cela était vrai, où est le problème ?

Fatoumata Ndiaye est un phénomène fabriqué de toutes pièces par des Sénégalais prompts à porter au pinacle le premier venu : l’essentiel est de s’opposer ou tout simplement de tenir un discours contraire.

Regroupant les mouvements « Fouta-Insoumis », « Président Yédjo-Fouta », « Podor-Debout », « Matam dit Non », « Kanel va Mal », « Talla-Dégage » et « Dande Mayo », le mouvement Fouta Tampi a été mis sur les fonts baptismaux pour dénoncer non seulement la situation jugée catastrophique du Fouta (l’enclavement de cette zone du nord) mais aussi ce que ses membres appellent « un manque de considération (non prise en charge des besoins légitimes) » à l’endroit des populations locales.

Pour toutes ces raisons, disait-elle, Fatoumata Ndiaye, jadis inconnue du grand public, est devenue une « vedette ».

Toutes les caméras étaient braquées sur elle, mitraillée par les crépitements des appareils photos ; la moindre de ses sorties est relayée par les radios ou journaux.  Elle est « courtisée » par tous les hommes politiques, dans le cadre certainement d’une récupération politique. Nous avons vu des politiciens l’encadrer pendant sa période de « rébellion ». Des hommes de la société civile étaient aussi là, comme pour légitimer ses coups de gueule.

Aujourd’hui, elle reconnaît des changements sur les raisons de son soulèvement. « Il y a eu des changements et il faut le reconnaître (…) Macky Sall est en train de refaire la route du Dandé Maayo ; la circulation y est maintenant fluide. Nous avons aussi la pose de la première pierre de l’hôpital de Ourossogui », a-t-il argué.

En adoptant ce changement, Fatoumata Ndiaye souligne que son mouvement n’a pas été mis en place pour combattre un président, mais pour lui rappeler son devoir à l’endroit d’une partie du pays. « Nous ne sommes pas des ennemis du président. Il a fait ce qu’il peut et il faut le reconnaître et nous le remercions », note-t-elle.

Aujourd’hui, cette dame qui n’a certainement demandé à personne de faire d’elle une vedette est insultée, calomniée, vouée aux gémonies. Au nom de quoi ?

Ces Sénégalais, aujourd’hui frustrés de ce comportement de Fatoumata Ndiaye, devraient plutôt interroger leur subconscient. Veulent-ils faire scinder la société en deux, opposants systématiques ou pro-gouvernementaux ? Les Sénégalais sont prompts à créer des phénomènes pour les brûler ensuite. Avant Fatoumata Ndiaye, nous avons eu Kounkandé, Selbé Ndom, Ndiaye Dragon…

Moins d’émotion et de passion. Le Sénégal ne s’en portera que mieux ! Les gens sont responsables de leurs choix ! Qu’ils les expriment librement. Sans barrière !

Cette pauvre dame ne devrait être pas un bouc-émissaire. Il y a des responsables élus pour prendre en charge les préoccupations légitimes des populations. Que ces Sénégalais qui s’attaquent aujourd’hui à Fatoumata Ndiaye arrêtent de porter au sommet le premier venu. Sans quoi, ils ne devraient s’en prendre qu’à eux-mêmes.