Émigration irrégulière : Entre égoïsme et civisme

Émigration irrégulière

Quand l’égoïsme prend le dessus

sur l’élan patriotique

L’Afrique riche de son sol et de son sous-sol se vide de ses bras et de ses têtes d’œuf au moment où les perspectivistes lui prédisent un bel avenir.
Certains épiloguent sur le manque de patriotisme pour accepter le sacrifice nécessaire à l’émergence du continent. Faut-il du patriotisme et de la dignité pour résister aux tentations de l’extérieur ?

De notre correspondant en France

Avec la disparition d’une pirogue de 170 Sénégalais dont 23 femmes et bébés signalée ce mardi à Bargny, l’émigration irrégulière prouve encore que les notions de civisme et de patriotisme ne sont devenus qu’un vain mot..

Le sauve qui peut ne s’arrête plus, depuis ces dernières années sur les côtés africaines, où les morts se comptent par milliers, particulièrement au Sénégal. Pis : tout ce désastre va crescendo !
Ces derniers temps, les aventuriers ont manifesté un désir ardent de quitter leurs contrées pour aller à l’aventure…Pourtant, les historiens, économistes et hommes de science ont longtemps épilogué sur l’Afrique de demain, riche et prospère..
Depuis les Indépendances au Sénégal et dix ans après, des partis sont nés, donnant un peu de souffle aux indépendantistes et à certains révolutionnaires de pousser les populations à prendre leur destin en main.. Le pluripartisme fit timidement son chemin, mais semble, des décennies après, créer un réveil brutal dans les mentalités : d‘abord, c’est la ruée des Intellectuels vers l’Europe. Ensuite, ce fut le tour des Artistes, puis les ouvriers bon marché.
Aujourd’hui, soixante-dix ans après, le fer, l’or de Sabadola véritable regain minier de la Falémé, la bauxite, l’uranium de Mboro et de Thiès ne freinent point l’ardeur des clandestins qui font tout pour quitter le territoire national pour retrouver d’autres ailleurs… C’est comme si le patriotisme avait disparu laissant place à la seule recherche d’intérêt personnel et égoïste au prix du sacrifice suprême.
En France et partout dans l’Hexagone, la question migratoire n’a jamais cessé d’agiter le débat public. Pourtant, vers les années 1970, la France ne comptait que 3 millions d’immigrés qui étaient des Espagnols, des Portugais, des Polonais venus pour travailler dans l’industrie, l’agriculture ou le bâtiment. Mais quoi qu’on dise, le gouvernement d’alors avait favorisé cette immigration européenne. Le racisme est né avec la venue des populations maghrébines, surtout avec les Marocains et les Tunisiens. Tardivement sont arrivés les ressortissants d’Afrique subsaharienne.
Mais voilà qu’en 2014, tout récemment, on voit les femmes désormais plus nombreuses avec 52% que les hommes. Il est vrai que les difficultés économiques depuis des années ont placé la question migratoire au premier plan.

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« Nul homme n’est une isle complète en soy-mesme ; tout homme est un morceau du continent, une part du tout… La mort de tout homme me diminue, parce que je suis solidaire du genre humain. Ainsi donc, n’envoie jamais demander : Pour qui sonne le glas ? Il sonne pour toi. »

Ernest Hemingway : « Pour qui sonne le glas ? », 1940, Gallimard, France.
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Seul le panafricanisme pouvant souder tous les micro-États en un État fédéral pourrait sortir l’Afrique de son tâtonnement perpétuel. Des grands panafricains tels Kwame Nkrumah, Thomas Sankara, Abdoulaye Wade, Cheikh Anta Diop et autres se sont évertués à réveiller une conscience noire africaine, pour suivre la voie du salut.. Il faut dire que ces derniers étaient des patriotes résolus qui savaient se passer de tous les artifices de l’Occident pour retourner dignement en Afrique. Sans les Africains, personne d’autre ne développera l’Afrique…
Aujourd’hui, la plupart des populations africaines n’ont aucune once de patriotisme et de dignité pour résister aux tentations de l’extérieur, en refusantt de rester au pays natal afin de le développer. Au-delà de leur dignité, ils monnaient même leur nationalité et se démarquent de leurs racines. Seul le gain importe, le reste n’a plus de valeur pour eux. Au final, ils sont rejetés comme des parias à l’étranger, oubliant définitivement leurs attaches séculaires.
La France avait opté de chercher la bonne graine de “travailleurs immigrés” à distinguer des stigmatisants “musulmans”, réfugiés, clandestins n’étant que la “mauvaise” de l’immigration choisie. La Droite mise en alerte aidée par le Front national renchérit : “Ministère de l’identité nationale”, “dénonciation de l’aide médicale d’Etat” ou défense de la double peine. La Gauche, elle, semble baisser les bras, hésitant entre sa volonté de garder un visage humaniste et sa peur de passer pour laxiste.
Cette France, depuis longtemps, prône une politique d’incitation au retour, mise en œuvre.
La droite affiche sa fermeté au point de presque prendre le pouvoir.
Les restrictions à l’octroi de titre de séjour, renvoi des illégaux parfois brutal avec des charters. Des dizaines de milliers ont pu obtenir des séjours pour motif familial, étudiants et autres titres de l’asile et pour un statut de réfugié.

Tidiane SENE,

Toulouse