GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

Education : Année sauvée, élèves sacrifiés Les enfants auraient souhaité une "année blanche"

Education-Une année sauvée, des élèves sacrifiés

Les enfants auraient souhaité

une “année blanche

L’année scolaire 2021-2022 n’est pas l’année la plus perturbée mais reste parmi les plus secouées ; l’histoire du système éducatif en 2012 a failli se répéter. Les enseignants sont restés plus de deux mois sans exercer leur fonction. Après une rencontre avec les autorités de l’Etat, ils ont suspendu leur mot d’ordre et ont regagné les salles de classe. Mais cela n’a pas trop duré : il y a deux semaines, ces derniers ont activé un plan d’action. Une menace d’année blanche se ressentait. Comme à l’accoutumée, les négociations à la dernière minute accouchent d’une solution : les enseignants reprennent les cours, les élèves regagnent leur salle de classe. Mais est-ce la bonne solution pour ceux-ci ?

 

Par Khadidiatou GUEYE Fall,

Chef du Desk Société

Ce mardi 07 juin 2022, les cours ont repris dans les écoles sénégalaises. L’Etat a rectifié l’erreur commise sur l’augmentation des salaires des enseignants. Le transfert s’est effectué à la convenance des acteurs de l’Education. En effet, on craignait une reprogrammation des examens. Il n’en est rien. D’après le secrétaire général du Syndicat autonome des Enseignants du Moyen secondaire (Saems), le calendrier des examens ne va pas changer. Ceci n’est pas accepté par la conscience de certains élèves surtout qui sont en classe de Terminale. D’après ces élèves, l’Etat ainsi que les professeurs doivent s’accorder avec les élèves en classe d’examens qui voient leur sort bafoué.
Dabakh Malick Bâ est en classe de Terminale ;  il est à sa seconde chance de décrocher le Baccalauréat. Dabakh n’a jamais voulu que les professeurs suspendent leur mot d’ordre. Il s’explique : “Ils auraient pu décréter année blanche franchement. Nous avons commencé l’année scolaire normalement, on l’a débutée avec des grèves, nous avons ensuite perdu presque deux mois ;  à un mois des examens, on perd encore une semaine. Qu’est ce qu’on a réellement appris de notre programme ? Des leçons inachevées, un programme trié. Ce qui est sûr et certain, nous n’avons pas le niveau. Nos petits frères et petites sœurs des classes intermédiaires vont passer sans le niveau. Pour moi, ce n’est pas l’année qu’il faut sauver mais notre avenir“.

L’air fâché contre les autorités, Dabakh soutient : ” Je n’aurais pas le courage de me défendre quand mes grands-frères disent que nous sommes la génération la plus nulle au Sénégal. Ils disent vrai parce que nous avons passé tout notre cursus dans les périodes de grèves. En 2012, alors que j’étais en classe de 6ème, c’était la même chose. Et depuis, chaque année on note des perturbations. Si tout le programme est achevé, ce serait rare pour nous élèves de l’assimiler dans sa globalité“. L’élève en classe de Terminale n’est pas satisfait de la tournure de l’année. Il aurait voulu qu’on leur donne encore plus de temps avant de passer les épreuves de Bac.

Ndèye Sokhna Fall est du même avis. Élève en classe de Terminale au lycée Seydina Limamou Laye de Guédiawaye, cette amoureuse des matières scientifiques reconnaît un retard excessif sur leur programme. “Je suis en série S mais là, la situation est préoccupante. Les absences de cours que nous avons compté sont dénombrables à une demi-année scolaire. Ce ne sont pas les élèves de première et de seconde qui sont dans les écoles, nous y sommes aussi nous les élèves en classe d’examen. Le bac n’est pas le Bfem ni le Cfee. Si l’État et les enseignants décident de sauver l’année, il doit en être de même pour nous. A vrai dire, si la date des examens n’est pas recalée, nous passerons les épreuves du bac sans le niveau. Je suis vraiment désolée pour mon pays, l’avenir du pays n’est pas pris en compte. Les deux ne cherchent que leur intérêt mais ils ne se soucient pas du nôtre” relate-t-elle. La candidate au baccalauréat résume cette année scolaire en un moyen pour réduire le nombre d’orientation dans les universités publiques.

Cette élève en classe de Seconde L générale ne sait plus où situer son choix car toutes ses notes ont régressé. “Maintenant, les cours reprennent normalement. Les compositions du second semestre ont été déjà programmées alors que nous n’avions rien appris. Qu’allons-nous écrire sur les copies à rendre ? Ce sont les conséquences des grèves. Je ne pense pas que les résultats soient satisfaisants parce que nous avons rien appris, nous n’avons pas de niveau. les devoirs le prouvent“, dit-elle sans gène.

La reprise des cours s’oppose à l’attente complète des élèves. Une augmentation du quantum horaire est le souhait de la majorité des élèves en classe de Terminale. Ce, pour assimiler le programme en entier. Malheureusement, seules les plaintes des enseignants ont été prises en compte laissant sans compensation les temps perdus à cause des grèves.