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Éditorial : Pauvre Galilée

Éditorial

Pauvre Galilée

Par Pathé MBODJE

La réserve systémique d’hier est toujours là, accentuée par des décisions qui semblent tenter le diable ; elle est la base ontologique de l’esthétique, fondement de la morale et du Droit dans une société démocratique comme le Sénégal.
La presse qui le relève ne participe pas à une opération de déstabilisation du nouveau régime : 30 quotidiens qui battent à l’unisson n’honoreraient aucune société libre ; Staline l’aurait refusé d’avoir autant de Pravda par jour laminés. Il est loisible de constater que le général Souleymane Kandé est battu par tapis vert, à la veille d’un déplacement paradigmatique du gouvernement à Bignona, le 31 mai. C’est ce constat chronologique qui prendra une valeur historique dans quelques années nous ramène à l’éternelle bataille des Sénégalais pour la sauvegarde des Libertés, quels que soient les hommes en place. Car si ne prend pas les mêmes pour recommencer, plus cela change, plus c’est la même chose dans ce cycle d’alternances que l’extérieur nous envie mais qui nous pousse toujours vers l’abîme et le bûcher.

Les différentes appréciations de la décision d’affectation du Général Souleymane Kandé sont à saluer ; elles sont une respiration démocratique à l’issue de désillusions nées après le 24 mars et qu’on s’efforce de couvrir du manteau précoce de la déstabilisation d’un pouvoir erratique. Y trouver une tentative de déstabilisation, urbi et orbi, est un aveu d’échec, d’intolérance qui n’honore pas les conditions démocratiques qui ont amené les nouvelles autorités au pouvoir. L’ivresse tendrait à prendre la place de la main de Dieu, selon les échos du 02 avril dernier. C’est trop tôt et cela ajoutera toujours au refus de plier l’échine devant l’intolérance qui avait conduit au passif social de 2021-2024 qu’un président complaisant avait absous trop facilement, plus préoccupé par sa propre gent et vie que celles des victimes doublement sacrifiées par le feu et l’amnistie.

Ce constat est né d’un fait d’autant plus sacré qu’il est oint par la Constitution ; le visa du Conseil constitutionnel confirme la vénalité du signataire quand,

“Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes.

Ils peuvent se tromper comme  les autres hommes”.

La sacralité d’un fait ne l’absout donc pas, en effet : le fait humain est cause, construction, constat ; il se prête à la démarche de recherche scientifique du phénoménologisme, de l’objectivisme et de la praxéologie.

L’affaire du général Kandé n’est pas une erreur : c’est une hérésie, pour être poli ; le constater, c’est respecter ceux qui ont juré que la pandémie de la Covid-19 n’a jamais existé, que Pape Diouf, Babacar Touré, Marcel Mendy, s’il en est, sont morts de mort naturelle, que l’affaire de Sweet Beauté est une invention, que le Sénégal est retourné à l’inquisition. Pauvre Galilée et son bûcher des vanités !
Le Sénégal vacille depuis le 24 mars. Il n’est pas nécessaire d’être clerc de notaire pour le constater.