Dettes des Média : Réformer plutôt qu’éponger
MÉDIAS/DETTES FISCALES
Plutôt réformer qu’éponger
Le secteur de la presse est bouleversé ces temps-ci par l’affaire des dettes fiscales. Beaucoup d’entreprises de presse sont en sursis, malgré la journée sans presse initiée le 13 août dernier par les patrons des médias pour que les charges fiscales soient annulées, la situation est restée la même : l’État du Sénégal rejette l’hypothèse d’une amnistie fiscale. Alors que des solutions sont cherchées à chaque niveau, un arrêté voit le jour pour assainir davantage le milieu de la presse.
Par Khadidiatou GUEYE Fall,
Cheffe du Desk Société
Le secteur des médias est dans une mauvaise passe depuis l’arrivée du nouveau régime qui, dans sa dynamique du Jub, Jubbal Et Jubanti, ne compte pas céder aux caprices des patrons de presse. Certains d’entre eux plaident pour l’effacement de cette dette comme d’ailleurs la seule solution d’après eux. Mais pour Ousseynou Ly, porte-parole de la présidence et chef de cellule digitale, passer l’éponge revient à faire la promotion de l’impunité fiscale.
“Le résident de la République Bassirou Diomaye Faye a juré de respecter la loi et de la faire respecter. Ce n’est pas sous son magistère que des pratiques assimilables à promouvoir l’impunité fiscale seront encouragées. Pour la consolidation de la démocratie, sa conviction est qu’on devrait veiller au respect de la loi et à la justice sociale (fiscale également)” ; c’est en ces termes que M. Ly montre son opposition d’annuler la dette fiscale accumulée par des organes de presse.
Selon lui, annuler les dettes fiscales n’a jamais été la solution. Il ajoute que l’amnistie fiscale n’est pas une manière de rendre service à la presse qui joue un rôle crucial dans la démocratie et la bonne gouvernance du pays.
Ça fait le plein avec les dettes fiscales et les irrégularités sur l’aide à la presse, pour le ministre de la Communication, M. Alioune Sall. Ce vendredi 16 août, le ministre de tutelle a annoncé l‘élaboration d’une plateforme. L’objectif est d’assainir, de réorganiser et d’être plus inclusif dans un cadre réglementaire plus exhaustif et par le mécanisme de la consultation et du dialogue le secteur.
D’après le ministre de la Communication et de l’économie numérique, il y a des organes qui ont des conventions sans avoir l’aval du régulateur. Avec la mise en place d’une plateforme numérique pour l’identification des entreprises de presse, l’Etat pourra passer au recensement des médias pour structurer et renforcer le secteur, ce qui va faciliter leur mise en conformité avec les exigences du Code de la Presse.
Après la publication de la valeur des dettes fiscales, les réactions n’ont pas raté les médias. Pour certains, au vu de l’estimation de la dette, pardonner serait un précédent dangereux. Car les entreprises de presse ne sont pas plus importantes et sensibles que les autres entreprises comme les industries, les écoles privées, les cliniques privées et autres. Ces entreprises de presse dites délinquants fiscaux sont pratiquement celles qui s’étaient constituées en valet de l’ancien régime. Les dettes fiscales étaient voilées par leur proximité avec le régime sortant.
Ce qui est malheureusement déplorable, ce sont des groupes de presse qui encaissent l’aide à la presse mais qui refusent de payer les impôts.
Ces audits sur les dettes fiscales, invraisemblablement, ont permis de savoir que le blocage du pays est causé en partie par les patrons de presse. Avec l’allure que le nouveau chef d’Etat a prise avec son gouvernement, la pression et les journées sans presse ne feront pas fléchir. En fin de compte, si les patrons de presse campent sur leur position, beaucoup d’organes de presse risqueront de fermer leurs portes.
Khadidiatou GUEYE Fall