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Dette publique : Une chance pour le Sénégal

Dette publique

Une chance dans une économie moderne

Le gouvernement n’a pas bien compris la dette : Heureux les emprunteurs !

Ce qui a retenu l’attention des Sénégalais sur la dette publique est le discours assez simpliste du secrétaire du gouvernement, Al Amine Lô,  : « Chaque Sénégalais doit 900.000 FCFA, soit 16.200 milliards ». Cette phrase a servi de baromètre aux Sénégalais pour mesurer l’amplitude des dégâts du régime de Macky Sall. Or c’est loin d’être le cas : ces chiffres sur la dette ne disent pas tout. Ces autorités ont omis la courbe des taux d’intérêt de la dette qui permet de voir les choses autrement. Une décroissance de cette courbe révèle que la dette coûte de moins en moins chère même si elle augmente. Les emprunts peuvent atteindre un taux négatif, c’est-à-dire les créanciers paient l’Etat pour le pousser à emprunter. Cela s’appelle faire rouler sa dette. De ce fait, les autorités ne peuvent pas tirer une conclusion à partir d’un simple montant de la dette.

Le drame des pauvres est de ne pas pouvoir emprunter. Comme dit le fameux adage : « On ne prête qu’aux riches ». Cela est aussi valable pour un Etat.

Par Séga Fall MBODJI,

Académie de Versailles

Correspondant en France,

Paris

 

 

Le Premier ministre Ousmane Sonko était face à la presse jeudi 26 septembre 2024 pour faire l’état des lieux de la gouvernance du régime de Macky Sall. Il a laissé le champ au ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr, pour décrire la situation de référence des finances publiques : « Le déficit budgétaire a été annoncé à une moyenne de 5,5% du PIB sur la période 2019-2023. Mais en réalité, il a été en moyenne de 10,4%, soit près du double… La dette publique a été annoncée en moyenne à 65,9% du PIB durant la période 2019-2023. Mais en réalité, elle a été en moyenne de 76,3% du PIB en raison des déficits publics plus élevés que publiés… Ainsi, en fin 2023 par exemple, la dette de l’Etat central, hors secteur parapublic, est à 15 664 milliards, soit 83,7% du PIB, alors qu’elle était avancée à 13 772 milliards ou 73,6% de PIB…».
Au quotidien, l’Etat, les collectivités locales et les organismes de sécurité sociale assurent un grand nombre de services publics comme l’éducation, la santé ou la sécurité. Pour financer les dépenses liées à ces services, les administrations publiques disposent d’un budget alimenté par des recettes, principalement les impôts et les cotisations sociales. Certaines recettes et dépenses varient en fonction de la situation économique. Si la richesse nationale, mesurée par le PIB, augmente, alors les impôts comme la TVA, l’impôt sur le revenu ou l’impôt sur les sociétés rapportent davantage de recettes à l’Etat. A l’inverse, lorsque le PIB diminue et que le chômage s’accroît, les recettes s’amenuisent et les dépenses sociales augmentent. La différence entre les recettes et les dépenses s’appelle le solde budgétaire. Si les recettes dépassent les dépenses, le solde est en excédent. Si les dépenses dépassent les recettes, le solde en déficit. Les administrations publiques doivent alors emprunter cette différence pour financer le déficit. Le nouvel emprunt s’ajoute à la dette publique, c’est-à-dire aux emprunts contractés année après année et pas encore remboursés. La dette publique peut servir à soutenir l’économie dans les périodes de faibles activités ou financer des dépenses utiles pour l’avenir. Il est difficile de définir un niveau maximum d’endettement. Les décisions publiques qui augmentent les dépenses et diminuent les recettes tendent à augmenter la dette. Mais le taux d’intérêt de la dette et le taux de croissance de l’économie jouent aussi un rôle majeur dans l’évolution de la dette.
Quand le taux d’intérêt est supérieur au taux de croissance, la dette tend mécaniquement à augmenter : on parle d’effet boule de neige. Les taux d’intérêt dépendent notamment du niveau de confiance dans la santé économique du pays. En effet, plus les prêteurs sont confiants, plus ils acceptent de prêter à des taux d’intérêt bas. La dette publique est plus ou moins soutenable selon le type de dépenses qu’elle sert à financer. Par exemple, financer des projets d’avenir accroît le potentiel économique du pays et renforce à terme ses capacités de remboursement. La dette est donc un élément important à prendre en compte dans la politique budgétaire d’un pays. Il faut y recourir avec précaution.
Ce qui a retenu l’attention des Sénégalais sur la dette publique est le discours assez simpliste du secrétaire du gouvernement, Al Amine Lô, qui s’est exprimé en ces termes : « Chaque Sénégalais doit 900.000 FCFA, soit 16.200 milliards ». Cette phrase a servi de baromètre aux Sénégalais pour mesurer l’amplitude des dégâts du régime de Macky Sall. Les discours dans cette conférence de presse ont suscité l’inquiétude dans les populations qui pensent qu’il va falloir se serrer la ceinture dans les années à venir. Or c’est loin d’être le cas. Ces chiffres sur la dette ne disent pas tout. Ces autorités ont omis la courbe des taux d’intérêt de la dette qui permet de voir les choses autrement. Une décroissance de cette courbe révèle que la dette coûte de moins en moins chère même si elle augmente. Les emprunts peuvent atteindre un taux négatif, c’est-à-dire les créanciers paient l’Etat pour le pousser à emprunter.
L’intérêt pour eux est de placer cet argent en sécurité car l’Etat inspire confiance. On déduit de la courbe des taux d’intérêt la charge de la dette qui rentre directement dans les dépenses de l’Etat. Quand on parle de la dette, on doit mettre l’accent sur la charge de la dette. Même si la dette continue de s’accumuler, devra-t-elle être remboursée un jour ? Non, pas exactement : un emprunteur « normal », un ménage par exemple, est contraint de rembourser l’intégralité de sa dette à échéance bien définie. Mais l’Etat est un emprunteur plutôt « immortel » car sa durée de vie est infinie et peut toujours emprunter de nouveau pour rembourser et ainsi de suite. La dette ne disparaît donc jamais, elle est juste échangée. Et le problème est repoussé dans le temps indéfiniment. Cela s’appelle faire rouler sa dette. De ce fait, les autorités ne peuvent pas tirer une conclusion à partir d’un simple montant de la dette. Les 16.200 milliards de dette ne sont pas une fatalité si ladite dette nous coûte de moins en moins chère dans le temps. Les autorités doivent alors se focaliser sur la tendance des taux d’intérêt et les facteurs systémiques tels que la santé financière du pays, l’épargne disponible, l’inflation, les politiques de la BCEAO, les chocs économiques (Covid) qui peuvent faire monter la courbe, car un effet boule de neige incontrôlé entrainera un défaut de paiement. Par exemple, l’Argentine a fait un défaut de paiement sur une partie de sa dette en 2001 ; en conséquence, elle a été exclue des marchés financiers pendant près de 15 ans, c’est-à-dire qu’elle ne pouvait plus emprunter sur les marchés financiers car les fonds d’investissements ne lui faisaient plus confiance.
En 2023, le FMI a publié une étude sur les pays les plus endettés du monde.

L’Allemagne a contracté 2.500 milliards de dollars de dette ; ce qui paraît exorbitant et on a envie de tirer la sonnette d’alarme. Mais ceci n’est pas alarmant car son PIB s’élève à 4.000 milliards de dollars. Tout est donc relatif. Les USA se sont endettés à hauteur de 30.000 milliards de dollars. Ils profitent de leur statut de « première puissance mondiale » pour s’endetter davantage et financer leur dette, une sorte de serpent qui se mord la queue. La plupart des pays européens ne respectent pas certains critères du traité de Maastricht, à savoir la dette publique ne doit pas dépasser les 60% du PIB et le déficit public ne doit pas excéder les 3% du PIB.
En définitive, le peuple sénégalais n’a pas à s’apitoyer sur son sort à cause de cette dette et n’a pas à se serrer la ceinture pour l’éponger. Le montant redevable des 16.200 milliards de FCFA ne doit susciter ni panique au sein du peuple, ni stress dans le gouvernement. Dans une économie moderne, s’endetter est un phénomène normal voire une chance. La chance des personnes riches, c’est justement de pouvoir faire des crédits, s’endetter pour pouvoir acheter plus de logements, d’entreprises et fructifier leurs richesses. Heureux les emprunteurs ! Le drame des pauvres est de ne pas pouvoir emprunter. Comme dit le fameux adage :  « On ne prête qu’aux riches ». Cela est aussi valable pour un Etat. L’argent de l’Etat ne se perd pas dans la nature ou dans les égouts ; il finit toujours dans des poches : soit des poches de personnes, soit des poches d’entreprises. Le montant de la dette ne pose aucun problème. Les soupçons concernent plutôt les poches et le nouveau régime est donc invité à les fouiller minutieusement.

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NDLR : Séga Fall MBODJE en bref

Passionné des Mathématiques, notamment la statistique et ses interactions, et leur applicabilité dans les secteurs de développement.
Par l’acquisition de diverses expériences professionnelles florissantes, j’ai eu l’envie de mettre mon savoir-faire au service de l’émergence du continent africain. Comme disait feu Cheikh Anta Diop : “L’Afrique est un mendiant assis sur une mine d’or“. Le défi que j’aimerais bien relever est d’aider ce continent à rentabiliser et optimiser sa richesse grâce à la modélisation.
Pour cette nouvelle année , j’envisage de publier mon livre de Statistiques et mettre en place au Sénégal :
– Africa Median Vision (AMV), cabinet d’expertise;
– ANalysis & Technical Applications for Development (ANTA-D), école de formation en ingénierie mathématique.