Résister, c’est constitutionnel
Droits de la personne humaine
Résister, c’est constitutionnel
Le droit de résistance à l’oppression est un droit constitutionnel par le fait de son inclusion dans le préambule de la Constitution (CC 23 juin 1993). L’exercice de ce droit n’est pas organisé par la loi, encore moins par le règlement. Mais il ne donne pas droit à la licence.
Lorsque Jésus propose de tendre l’autre joue, c’est qu’il entend the Redemption Song de la part de son agresseur, d’autant que la passivité affaiblit l’énergumène, au sens premier du terme. C’est de l’ordre du divin. “Cette expression est une référence directe à la Bible, dans laquelle Jésus, selon l’évangile de Matthieu, déclare que face à une humiliation, il faut tendre l’autre joue. Concrètement, cela signifie qu’il ne faut pas répondre à la violence par la violence.
“Tendre l’autre joue” sous-entend qu’il ne faut pas avoir peur de subir une humiliation supplémentaire puisque le fait de ne pas riposter est une forme de supériorité face à un adversaire”–Wikipedia.
Quand Madiambal Diagne invite au même schéma sous une métaphore du silence pendant deux années sabbatiques, il casse l’élan d’une société qui sort de huit mois de brume. Certes, après le 24 mars, les Sénégalais fatalistes ont courbé un peu plus l’échine et serré la ceinture d’un cran, pour éviter l’assaut du Capitole sous les ordres d’une société du populiste Donald Trump autoritaire qui a refusé sa défaite. Certaines lignes au devant du combat pour les libertés reculaient, de même que certaines positions éditoriales. Le souvenir était encore traumatisant de surfaces brûlées, à usage d’habitation et/ou commercial. Une société fataliste rejoignait Weber dans les formes de domination, à la fois résignée et enjouée par les perspectives du jardin d’Eden promis par les nouveaux vainqueurs.
En huit mois d’énervements et de tâtonnements, le pouvoir a cependant donné l’occasion aux populations de sortir du brouillard de questionnements sans réponses. La réponse n’est pas le 17 novembre mais les événements d’octobre en crues qui a été la goutte d’eau de trop : en perspective des Législatives et devant les cris d’orfraie de la communauté internationale, le pouvoir a montré quelques signes de faiblesse dans les dossiers des journalistes, mais surtout dans les fritures sur la ligne de crète, au sommet de l’État.
Le droit de résistance à l’oppression est un droit constitutionnel par le fait de son inclusion dans le préambule de la Constitution (CC 23 juin 1993). L’exercice de ce droit n’est pas organisé par la loi, encore moins par le règlement. Sonko s’en est servi. À tort une première fois avec la période des lanceurs d’alerte qui s’empressent de s’exiler de peur de représailles (Snowdon, Assange), à raison dans le dossier Adji Sarr quand une affaire purement privée est exploitée à des fins politiques avec le lourd passif social et économique.
Aujourd’hui, l’indignation sélective et les quolibets l’emportent sur les suppliques (Mamadou Léopold Mbaye, Mamadou Biguine Guèye) et la forme n’y est pas : Moustapha Diakhaté, l’inénarrable Adama Gaye n’ont pas su y mettre la norme et sont sanctionnés à juste titre : Vox populi n’est peut-être plus Vox Dei mais il est le suffrage auquel s’agripper pour se donner une bonne conscience démocratique sur un îlot de droits constitutionnellement inaliénables dans un océan de dictatures ; les autres aussi n’ont pas pu s’adosser à un fait vrai et vérifiable. Dans une période d’impasses sociales, refuser la réalité d’un président élu ou affabuler sur des faits non maîtrisés conduisent forcément à une privation ou restriction de liberté.
Le président de la République a eu une compassion pour Bougane Guèye (« Il aurait pu attendre un peu ») en lui souhaitant un « prompt retour dans sa famille », regrettant un zèle administratif qu’il ne partage pas toujours.
D’où vient alors ce sentiment largement partagé que le Sénégal est à la périphérie de l’archipel du Goulag avec les nouvelles autorités ?
Les Sénégalais qui aspirent à l’impunité dans leurs relations avec le sommet favorisent l’irresponsabilité. C’est oublier que la même loi qui consacre le président de la République et protège les institutions sont toujours là, depuis Abdou Diouf. Sonko faiseur de rois l’a testé avec ses 1.500 “prisonniers politiques”, ses 80 morts, ses séjours en prison, les exilés plus ou mois volontaires et l’usage du feu purificateur dans une perspective des fous de Dieu. Un Etat debout a pu arriver beaucoup plus tard au 24 mars, en respectant par le fonctionnement normal des institutions et le calendrier républicain.
Pathé MBODJE