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Cinéma : « Une autre blanche » spirituelle Agodé prête main forte

Medessé Agohoundjè, une nouvelle main forte pour le cinéma

« Une autre blanche »

dans toute sa spiritualité

Une jeune albinos en quête d’identité,  d’esthétique intimiste et existentielle, de l’humain et de son devenir.

Medessé Agohoundjè est un cinéaste réalisateur, né à Cotonou (Bénin). Il a fait des études de cinéma à l’Institut des Métiers de l’Audiovisuel (ISMA) de Cotonou. Pendant ses études, Medessé a réalisé un court métrage documentaire et un court film d’animation. Ce dernier se fît à un appel de l’ONG “Médecin du Monde”-Suisse. En racontant l’histoire de sa grand-mère, il dénonce les violences basées sur le genre et met en valeur la masculinité positive.

Passionné d’écriture, il s’est formé en écriture de scénario (Series Script writing) à l’Académie franco-anglophone des Arts audiovisuels et du Cinéma (LAFFAAC) et a participé à l’écriture de scénarios pour le cinéma et la télévision.
“Une autre blanche” (2022) un drame psychologique, son film de fin d’étude où il montre une jeune albinos en quête d’identité. Dans son travail, il est à la recherche d’une esthétique intimiste et existentielle, à la quête de l’humain et de son devenir.

Entretien dirigé par Chérifa Sadany Ibou Daba SOW,

Cheffe du Desk Culture

 

M. Agohoundjè, parlez-nous de votre film “Une autre blanche”

“Une autre blanche” est mon premier court-métrage de fiction, un drame psychologique expérimental. Il s’agit d’une jeune fille albinos en quête d’identité, qui s’identifie à un caméléon. C’est une ode à la différence.
On a tourné le film au Bénin l’année dernière, avec une jeune femme albinos extraordinaire : Orianne Azangban. Le film voyage beaucoup actuellement. De Venise à Dakar, j’ai reçu une sorte de compréhension du sujet et de la parole qu’on donne à voir. À ce jour, le film est doublement primé à Venise en Italie et nous sommes aussi distingués à Dakar (Sénégal). Le film va en Pologne, au Japon et son parcours ne s’arrête pas. Je salue toute l’équipe.

Une autre blanche ! Qu’est-ce qui vous a inspiré ?

C’est un sujet qui s’est imposé à moi, après une rencontre, des rencontres. J’ai rencontré une personne albinos extraordinaire, pétrie de fierté d’elle-même. Cela m’a beaucoup marqué. Alors j’ai voulu raconter une histoire bien écrite et scénarisée, qui parle des différences tout en montrant la beauté et la grâce de mon personnage. Viennent d’abord des flashs qui traversent mon esprit. C’est une sorte de montage parallèle qui naît dans ma tête : mon personnage, un caméléon. C’est comme ça qu’est né mon dispositif expérimental. Elle est d’abord plastique. Je vois des images, des plans. Et après j’installe le dispositif cinématographique avec un travail de scénario.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées sur le terrain du tournage ?

Les difficultés n’ont pas manqué. Je pourrais écrire un journal de l’histoire du tournage. Mais nous les avons surmontées mon équipe et moi. La difficulté a apporté beaucoup de grâce. J’ai profité de cela pour filmer l’imprévu, le temps qui passe. Le meilleur reste à venir.

C’est quoi la métaphore dans « Une Autre Blanche » ?

La métaphore est celle de la beauté de la différence et des rencontres. Et si Sétchémè, mon personnage, était un caméléon ? Je questionne une transformation, une transplantation, une métamorphose. C’est aussi un hommage à Dieu, à Mahu Lissa, au Soleil, une ode à la vie. Je laisse le reste au spectateur.

Parlez-nous des prix de votre film et de vos expériences à intégrer les festivals.

Après avoir été honoré à Venise avec deux prix au Ca’ Foscari Short Film Festival, c’est à Dakar qu’Une Autre Blanche est à nouveau primée. Nous avons reçu à la cérémonie de clôture du Festival Les Téranga la mention spéciale du Jury, Prix Spécial pour le droit des filles (Unicef Sénégal). C’est devant un public composé de grands cinéastes : Moussa Touré, Pape Seck, la délégation du Maroc (pays invité d’honneur), de grands noms ayant collaborer sur des classiques africains de Ousmane Sembène, Djibril Mambety Diop… que j’ai eu l’honneur de porter notre travail. En Italie, le film a reçu le Prix Pateh Sabally de la municipalité de Venise (Burano), pour son apport multiculturel. Le Pateh Sabally est en hommage au jeune immigré gambien qui s’est noyé dans le Grand Lac de Venise en 2017.
Dans le même festival, nous avons eu la mention spéciale Weshort pour la meilleure expérimentation en langage cinématographique.
Le film a été à Abidjan, à Sao Paulo, à Ouagadougou. Il sera à l’European Film Festival Integration You and Me en Pologne et au Japon très prochainement.
L’expérience est toujours belle à chaque fois. Je ressens beaucoup de compréhension de ce qu’on propose. Cela permet aussi des rencontres extraordinaires.

Pourquoi vous-êtes au Sénégal ? Comment vous voyez le milieu du cinéma au Sénégal par rapport aux autres pays ?

Je suis au Sénégal pour le programme Réalisation/post-production de Kourtrajmé Dakar, avec l’accompagnement de Canalplus Bénin. C’est l’occasion pour moi de me faire une nouvelle peau et de travailler avec d’autres jeunes venus de divers horizons.
Il y a une grande proposition de la jeunesse sénégalaise et beaucoup de passionnés. Je fais de belles rencontres ; c’est formidable.

Quels sont vos objectifs dans le cinéma en tant qu’auteur-réalisateur ?

Je voudrais juste rencontrer le monde et toute l’humanité qu’il dégage. Je voudrais évoquer les problèmes de notre milieu de vie avec grâce et joie. Dans ce processus, le meilleur reste à venir. Je suis ouvert au présent et au regard qu’il donne à voir. Je remercie tous ceux qui nous portent, nous et notre travail. Avec un tel cadeau de la vie, tout est possible.