Charles Forster, le « dernier Damel de Dakar »

Décès de Charles Forster

Elégie funèbre

de Jean-Michel Seck

Madame la Secrétaire générale du mouvement « Ecolo-vert » et chers membres de ce mouvement,
Cher Président Patrick De Souza,
Chers amis d’enfance et de jeunesse du Président Charles Forster,
Chers enfants du Président Charles Forster,
Chères soeurs du Président Charles Forster,
Chers membres de la famille
Chers voisins et chers amis du Président Charles Forster,

Vous le constatez vous-mêmes, la liste des amis est longue…
Elle est longue parce que celui que nous sommes venus accompagner, était un « homme universel »….
Il était connu sur les cinq continents et peut-être même sur le continent disparu, le «  sixième continent »…
Je me suis souvent posé la question de savoir si le Président Charles Forster, notre ami et notre frère, ne venait pas du « sixième continent »…
Il incarnait des valeurs qui se perdent au fil du temps : l’amitié sincère, la fraternité, la générosité, le sens du partage et surtout le « don de soi ».
Le Président Charles Forster a beaucoup donné et je suis convaincu qu’il lui sera beaucoup rendu.
Je prononce devant vous qui êtes venus assister à la messe des funérailles de notre ami cet hommage, à la demande expresse de plusieurs membres de sa famille.
En effet, j’ai écrit déjà quelques lignes sur lui pour raconter une partie de l’histoire qui nous liait depuis de longues années.
Vous avez eu le temps de lire ces lignes d’adieu à un ami et à un frère.
Elles ont été publiées et elles ont circulé.
Nous avions prévu, le Président Charles Forster et moi, de lancer encore un grand projet.
Il n’est plus là pour conduire ce grand projet et je vais réfléchir mais je n’aurai certainement pas son énergie pour conduire ce projet qui nous concernait tous, de près ou de loin…
Le cercueil dans lequel il a été placé constitue une place provisoire pour lui car il entrera tout à l’heure au  «royaume des cieux » où il pourra trouver la place qu’il mérite : la place des rois…
Le Président Charles Forster était un roi, le « roi et le défenseur des causes justes »…
Il avait une haute stature et vous l’avez vu souvent sur la scène du théâtre Daniel Sorano, son théâtre.
Il me parlait souvent de son « maître » Raymond Hermantier, Conseiller en art dramatique, celui qui l’a formé véritablement.
Il avait un profond respect pour Maurice Sonar Senghor, premier directeur de théâtre en Afrique et premier directeur du théâtre Daniel Sorano.
Maurice Sonar Senghor a créé le Ballet national du Sénégal.
Le Président Charles Forster connaissait bien son épouse, Mme Line Senghor.
Vous pouvez donc le constater avec moi : le Président Charles Forster était un pur produit du théâtre Daniel Sorano.
Vous comprendrez pourquoi il a mené un combat sans relâche pour l’adoption du statut de l’artiste.
Ses combats ont été multiples :

– combat en faveur de la paix
– combat en faveur de la non- violence
– combat en faveur de la «  cause verte »
– combat en faveur de la préservation du patrimoine végétal et dans ce cadre, il a été membre fondateur de l’Association « les Amis du baobab »
– combat en faveur du dialogue interreligieux

Il a mené, bien sûr, plusieurs autres combats.
Comment un homme peut-il mener tous ces combats à la fois ?
Et pourtant cet homme existait bien et il s’appelait Charles Forster, le « marcheur considérable ».
Le Sénégal doit beaucoup à notre ami le Président Charles Forster.
Son histoire sera écrite par les historiens lorsque le temps viendra et vous pourrez découvrir les mille facettes de cet homme exceptionnel.
Il était profondément religieux et un de ses amis d’enfance, absent du Sénégal, m’a confié au lendemain de sa disparition dans un message qu’il m’a envoyé qu’ils avaient servi comme enfants de chœur.
Le Président Charles Forster a eu des amis de jeunesse fidèles et ils avaient créé, ensemble, une belle association que vous connaissez : les «  Gozadors »
Permettez-moi de les citer : Mix Texeira, Jean Texeira, Mirto Santos, Jean Paul Dasylva, José De Carvalho, Jean Mariette, Jacqueline Matos, Pierre Debrose, Christian Semedo, Benvido Santiago, Amadeo Santiago, Philippe Khechen, Michel Andrade, Gana Niang, Manou Monteiro.
Il a effectué sa première colonie de vacances en 1966 à Ngazobil, et ils avaient été confiés au regretté Adolphe Faye, ancien curé de la Cathédrale.
Il va retrouver au ciel tous ses amis de la terre qui l’ont précédé au « Royaume des Cieux ».
Il était reconnaissable parmi tous, il était grand, il avait des gestes amples, il avait la belle diction des grands comédiens.
Il portait une légendaire barbe blanche, blanche comme la lumière…
Charles Forster entrera à la fois dans la légende, dans l’histoire du Sénégal, et surtout, il entrera dans la lumière…
Charles Forster était pour nous tous un «  baobab considérable »…
J’ai appris récemment que la première pièce de théâtre qui a été jouée au théâtre Daniel Sorano était «  Le dernier Damel du Cayor »
Nous pouvons dire ensemble, aujourd’hui 15 décembre 2022, que le Président Forster, sera désormais pour nous tous, le «  dernier Damel de Dakar »
Salve Magister…