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La Ligne du Devoir

« Charles Delgado Freire : la diplomatie au cœur… »

Premier interprète personnel français-anglais du président

Léopold Sédar Senghor au lendemain de l’indépendance

 

Charles Delgado Freire,

diplomate du Sénégal

Charles Delgado Freire, Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire, aimait la mer…
Il est né à Dakar, le 16 novembre 1936
Il habitait avec ses parents au 63 rue Félix Faure à Dakar.
Ses traversées, à la nage, pour rejoindre l’île de Ngor ont marqué nos jeunes esprits.
C’était un «  être marin »…
Cette relation à la mer remontait à loin…
Il avait rejoint la France en bateau dans les années cinquante pour aller y poursuivre ses études supérieures.
Son voyage avait duré plusieurs jours…
Mais il aimait la mer depuis sa tendre jeunesse car Charles Delgado Freire était un fils du Plateau (ville de Dakar)
Comme son frère Sylvain Delgado Freire, ils ont aimé ensemble durant leur jeunesse la mer de Dakar et de Gorée mais aussi celle de l’île de Ngor et celle de l’Anse Bernard.
Plus tard, lorsqu’il fut affecté à la mission diplomatique de Bonn, il a découvert la «  Vierge du Lac » (Maria Laach) et l’Abbaye de Maria Laach, où il comptait des amis parmi les moines.
Le « pèlerinage » de Maria Laach était devenu pour tous ses visiteurs et sa famille, un « rituel » à accomplir…
La mer est synonyme de voyage…
Charles Delgado Freire, ingénieur commercial, formé à Grenoble, ville où il a connu le président Abdoulaye Wade, est devenu diplomate et sa belle carrière a commencé à la mission permanente du Sénégal à New York, avec le représentant permanent du Sénégal, SE l’Ambassadeur Ousmane Socé Diop.
Charles Delgado Freire a voyagé sur les cinq continents mais son voyage le plus célèbre restera celui qu’il a accompli à New Delhi en Inde, ville dans laquelle il a séjourné durant trois mois.
Il représentait le Sénégal aux réunions du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers).
C’était à la fin des années soixante, en 1967
Il a joué un rôle décisif, en 1971, lors du vote qui devait décider de l’entrée de la Chine à l’ONU.
Charles Delgado Freire a été le premier interprète personnel français-anglais du président Senghor, après l’indépendance.
Il a raconté, dans ses mémoires, quelques voyages historiques qu’il fit aux côtés du président Senghor, notamment au Liberia.
Il fut un diplomate chevronné bien connu dans le système des Nations Unies, notamment à Vienne et à Genève.
Il avait été remarqué à New York par Gabriel d’Arboussier, alors sous-secrétaire général des Nations Unies sous U-Thant.
Il le fit venir à Bonn, lorsqu’il fut nommé à Bonn et il devint son premier Conseiller, chargé des affaires économiques.
Nous habitions à Niederbachem avec d’autres diplomates africains et notamment l’Ambassadeur Pierre Bigayimpunzi.
Il entretenait avec toute cette belle communauté africaine des relations empreintes d’une grande amitié.
Il a été longtemps membre du « Groupe des 77 » et du « Groupe Afro-asiatique »
Il a été nommé Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire à Alger par le président Léopold Sédar Senghor, en 1974.
Il avait une grande admiration pour le président Senghor et il aimait déclamer le poème « New York » écrit par le poète-président.
Il a ouvert l’ambassade du Sénégal au Portugal en 1976.
Il fut ambassadeur du Sénégal en Guinée Bissau et il a participé activement aux négociations sur la rectification du tracé de la frontière maritime entre le Sénégal et la Guinée Bissau.
Il fallait chercher et surtout trouver les anciennes cartes coloniales dessinées par les Portugais.
Il se mit au travail avec passion et les anciennes cartes furent retrouvées.
Le Sénégal doit beaucoup à cet homme qui a servi son pays avec amour et passion dans toutes les grandes capitales diplomatiques.
Il avait eu le temps de créer à Dakar une association dénommée « Lusosen » destinée à renforcer les liens entre le Portugal et le Sénégal.
Il a écrit un fascicule sur la découverte de Gorée, en 1444, par le navigateur Dinis Dias.
Il avait eu également le temps de créer au Sénégal, l’association « Les Amis de Gabriel d’Arboussier » que présidait feu Me Moustapha Wade, son ami et voisin de l’immeuble Pasteur à Dakar.
J’écris ces lignes pour mon oncle, Charles Delgado Freire, au moment où s’ouvre à Dakar, sa ville natale, la journée du 10 octobre 2022 qui marque le deuxième anniversaire de son départ vers la maison du Père…
Charles Delgado Freire était un homme pieux.
Il a « servi la messe » comme « enfant de chœur » à la cathédrale du Souvenir africain lorsqu’il était très jeune avec son ami d’enfance, Jean Silva, Magistrat et Avocat.
Je l’ai vu et entendu lire l’épître tous les dimanches, durant l’office, à l’église de Melhem en Allemagne, où la messe était dite en français.
C’était en 1971, je fréquentais alors le lycée français de Bad Godesberg, près de Bonn, en Allemagne.
Il avait de nombreux amis parmi les Nonces apostoliques et parmi les Cardinaux.
SE Mgr Agostino Marchetto, Nonce apostolique, était son ami.
Il connaissait le Vatican.
Il aimait l’Eglise de Rome et il connaissait le « droit canonique »
Dors en paix, tonton.
Nous veillerons sur ton héritage spirituel.
Que la terre de Bel-Air où tu reposes avec tes parents, tes sœurs, ton frère et ton beau-frère, te soit légère.
Union de prières.

Ton neveu Jean.
Au nom de toutes tes nièces et neveux.