Brt : Une journée en enfer
Transport/Brt
Les chauffeurs
et les passagers
en stade d’impactés
Les vendeurs sur le tracé se plaignent
De Guédiawaye aux Parcelles assainies en passant par Liberté 6, les gens se perdent. Beaucoup de maisons ont été rasées, des boutiques et zones de repère ratissées. Les marchands ambulants, les vendeurs à l’étalage, la population et les chauffeurs se plaignent tous, d’autant que leur santé est aussi menacée : une promenade sur le tracé montre l’enfer du décor.
Par Khadidiatou GUÈYE Fall,
Cheffe du Desk Société
Dès le début, le Bus rapid transfert (Brt) a causé des dommages à plusieurs familles. Aujourd’hui, on ne parle pas seulement des familles délogées à cause des travaux : les marchands ambulants, les vendeurs à l’étalage, la population et les chauffeurs se plaignent tous ; leurs activités sont perturbés par les travaux, leur santé est menacée par la poussière qui se dégage. Les retombées sont douloureuses.
Depuis 2020, les travaux du Brt perdurent. La construction du Bus rapid transit pour la décongestion des routes a complètement déformé la physionomie de la ville et de la banlieue. De Guédiawaye aux Parcelles assainies en passant par Liberté 6, les gens se perdent : beaucoup de maisons ont été rasées, des boutiques et zones de repère ratissées. Les impactés étaient comptés sur les familles délogées sur le tracé du transport en commun. Mais depuis un certain temps, la grogne vient du côté des chauffeurs quittant Guédiawaye à destination des Parcelles.
Il y a deux semaines, les chauffeurs de clandos ont augmenté le prix de transport de 250 à 300 francs. La raison de l’augmentation repose sur le barrage de la route principale ; il en était de même avec les croisements 22 et unité 14 fermés au trafic, ajoutant à l’enfer du décor et de la mobilité, en ces périodes de forte canicule.
Cheikh est chauffeur ; il fait la navette entre Case-bi et Hamo 6. Il explique la raison de la hausse du prix de transport : « Le Brt, avec ses travaux, nous empêche de faire notre travail nous aussi. Du rond-point Dial Mbaye au rond-point Case-bi, toutes les routes sont en travaux. Les travaux se font le jour au moment où les gens bougent, ce qui n’est pas raisonnable. Donc on est obligé de patienter quand les ouvriers s’affairent sur la route. En attendant qu’ils terminent, la voiture consomme du carburant, c’est une perte à notre niveau. Donc pour s’en sortir, on augmente le prix du transport. Certains clients l’acceptent d’autres se disputent toujours quand on leur rappelle l’augmentation. Mais franchement ce n’est pas de notre faute. Il faut que l’Etat accélère les travaux. Ça n’a fait que trop durer. Si les ouvriers travaillaient par zone, au moins on essaierait de trouver un raccourci, mais par exemple à Guédiawaye, il n’y a plus de raccourci à part les ruelles dans les quartiers et les ruelles sont parfois trop étroites pour les voitures ou alors faire le tour pour accéder à la Vdn et sortir par Cambérène ».
Cheikh soutient que la hausse du prix pose toujours un problème aux clients. Mais rassure que cette augmentation repose sur une option pour transporter les passagers et subvenir à leurs besoins de mobilité.
D’après ce client, les chauffeurs ne sont pas fautifs. Il repose cette augmentation sur l’épaule de l’État du Sénégal. « Nous avons des autorités incompétentes. Le jour, les Sénégalais sont en activité, la mobilité des gens ne peut être modérée ; alors pourquoi pas attendre la nuit pour barrer les routes et faire leur manœuvre ? Le Brt a égratigné la relation entre chauffeurs et passagers. Au début, je pensais que c’était les chauffeurs qui en abusaient mais on se sent compte qu’ils n’ont pas d’autre choix pour s’en sortir », fait savoir ce client.
Au rond-point Case-bi, les vendeurs s’impatientent pour la fin des travaux. Leurs activités de commerce informel sont perturbées depuis que les ouvriers ont commencé leurs travaux.
Ce jeune guinéen pousse son chariot rempli d’oranges. Son commerce dépend des produits alimentaires saisonniers. Avant les travaux du Brt, il s’était installé à proximité de la station service. Mais depuis que la station a été démolie, aucun vendeur n’a été laissé sur place. « Actuellement, je n’ai pas de place fixe ; je m’installe n’importe où. La semaine passée, je m’étais installé juste au niveau du tournal (tournant), mais les travaux nécessitaient la libération de l’espace. Le problème avec ces déplacements, c’est que nos clients ne sauront pas notre position. A cela s’ajoute la pollution de l’air : on ne respire que de la poussière ici », explique le jeune guinéen, s’affairant à enlever les zestes de l’orange.
Il faisait partie des habitudes de voir les mendiants sur le rond-point. La construction du Brt a tout changé, même le décor qui servait de repère. Du côté du transport, les chauffeurs font un parcours de combattant pour dévier les barrages et arriver à destination. Le souhait collectif est le bouclage des travaux afin que la circulation des personnes soit aisée.