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Boxe-Souleymane Diallo La Panthère : le style en plus

Boxe-Souleymane Diallo

Le style en plus

Philippe le fils qui tient plus de la maman administre football 3F, contrairement au père sur le ring. Souleymane Diallo a été trois fois champion de France de boxe. Il avait préféré Saint-Nazaire à Paris où il avait trouvé un entraîneur imbu du sens de la famille et d’une intégrité que le boxeur ne pouvait pas trouver à Paris. Souleymane Diallo, le sportif qui  marqué Saint-Nazaire.

« Je suis passé à la salle d’entraînement la semaine dernière », confie Souleymane Diallo. « La famille Cazeaux a repris le flambeau, et Papot, il est bon ».

À 81 ans, il y pense encore avec regrets. Ce 23 novembre 1964, à Paris, Souleymane Diallo voulait décrocher le titre de champion d’Europe. Le combat de boxe se fait en 15 rounds. « J’ai mené le combat, puis j’ai fait une bêtise au 14e round », se souvient le grand boxeur nazairien en poids moyen.

« À la sortie d’un corps à corps, il esquive une droite qui lui passe au-dessus de la tête mais ne peut éviter la gauche qui le cloue au sol », décrit le journaliste Maxence Ponroy dans Presse Océan du 9 mars 1999. « J’étais KO, j’ai perdu bêtement contre l’Italien Bruno Visintin », conclut l’ancien boxeur.

Cinquante-quatre ans plus tard, les combats de championnat d’Europe comptent 12 rounds. Souleymane Diallo décrocherait aujourd’hui le titre tant convoité. Mais cette défaite – il en a connu seulement cinq sur cinquante combats de professionnel – n’enlève rien au talent du boxeur, surnommé « La Panthère ».

Ci contre : De gauche à droite : François Blancho, maire de Saint- Nazaire de 1925 à 1941 puis de 1945 à 1968, le boxeur Souleymane Diallo et son entraîneur Yvon Quéfféléan.

De Dakar à Saint-Nazaire-Trois fois champion de France, Souleymane Diallo avait grandi au Sénégal. « J’ai commencé à boxer à Dakar vers 14 ans ». En 1956, il découvre Brest, puis Toulon, en tant que marin. C’est là qu’il reprend la boxe. À 22 ans, il devient champion de France en amateur, il est le seul Français à accéder aux quarts de finale des Jeux Olympiques à Rome et s’installe à Paris pour se lancer dans la boxe professionnelle.

Henri Fogel, du SNOS boxe nazairien, le repère. Après le boxeur briéron Charles Colin, l’idole des Nazairiens (quarante-quatre victoires sur cinquante-huit combats) qui pouvait attirer 8.000 spectateurs au hangar de la Chambre de commerce boulevard Leferme, Saint-Nazaire n’a plus de tête d’affiche. « J’étais perdu en arrivant ici ce 26 octobre 1960 », témoigne Souleymane Diallo. « C’était une ville ouvrière à l’ambiance bien différente de Paris ».

Ci-contre ;

Souleymane Diallo en combat (©Ecomusée de Saint-Nazaire)

 

Un styliste toujours vainqueur

Le 10 mai 1964 Jean-Paul Belmondo assiste au championnat de France de Souleymane Diallo face à Armand Vanucci à Saint-Nazaire. Le célèbre acteur est le premier à féliciter Diallo, vainqueur en 8’17’’ après un crochet du gauche dans le menton. (ci-dessous)

L’entraîneur Yvon Quéffélean, boxeur avant la guerre, s’occupe de lui. « Quéffé », comme l’appelle Guy Belliot, mémoire de la boxe à Saint-Nazaire, c’est l’homme qui a commencé à remonter ce sport en 1948. « Un vrai passionné qui faisait passer la boxe avant toute chose », se rappelle Souleymane Diallo. « J’ai trouvé en lui un esprit de famille et une intégrité que je ne pouvais pas trouver à Paris ». Quéffé aura ainsi lancé Maurice Sochard et Charles Colin.

Dès le 3 décembre 1960, Souleymane Diallo dispute son premier combat professionnel face à Antoine Komraus. Il le remporte par arrêt de l’arbitre au 4e round. Les années qui suivent, la nouvelle vedette de Saint-Nazaire remporte la plupart de ses combats avant la limite, notamment grâce à son crochet du gauche.

Il épouse Maria, employée à la Ville, en 1962 : « Comme il gagnait tout le temps, c’était une fête ! Il y avait un monde fou ». Après Charles Colin connu pour être un frappeur, Souleymane Diallo s’affirme comme un styliste plus qu’un bagarreur.

Le temps de la reconversion

En 1965, après un différend avec Henri Fogel, Souleymane et Maria Diallo ouvrent un café à Nantes. Le pugiliste poursuit les combats avec le manager parisien Philippe Filippi et doit affronter Jean-Claude Bouttier. « Malheureusement, il avait une grippe », commente Souleymane Diallo. « Le combat a donc été annulé quelques jours avant, mais moi, je l’ai appris la veille seulement et par ma femme qui l’avait vu dans un journal». Le boxeur décide de mettre un terme à sa carrière. « Vexé, j’ai arrêté de boxer. À 32 ans, c’était suffisant », dit-il simplement. À ses côtés, Maria ajoute : « Les boxeurs étaient peu considérés, c’était du business ».

Le couple se concentrera sur sa brasserie nantaise, avec ses deux enfants. Au bout de quarante ans, il revient à Saint-Nazaire pour se rapprocher de la famille et y passer sa retraite. Mais la boxe n’est pas si loin. « Je suis passé à la salle d’entraînement la semaine dernière », confie Souleymane Diallo. « La famille Cazeaux a repris le flambeau, et Papot, il est bon ».

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Source

Ville de Saint-Nazaire
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