GMT Pile à l'heure, Génération Média&Technologies,la ligne du Devoir.

« Une ligne éditoriale très soixante huitarde, une approche iconoclaste sur fond de culture humaniste ».

Beauté : Sirupeuse silhouette

SOCIÉTÉ : Les Sirops et Compléments alimentaires

pour modifier la Silhouette 

Un danger croissant pour la santé des jeunes filles au Sénégal

Une promesse rompeuse source de diabète, troubles hormonaux, réactions allergiques sévères, dysfonctionnements des organes vitaux comme le foie et les reins. Ces sirops, pilules et compléments alimentaires supposés augmenter la taille des fesses et des seins posent des problèmes de santé publique.

Au Sénégal, où l’apparence physique prend une place de plus en plus importante, notamment auprès des jeunes générations, une inquiétante tendance se développe : la consommation de produits non contrôlés supposés augmenter la taille des fesses et des seins. Ces sirops, pilules et compléments alimentaires, promus sans retenue sur les réseaux sociaux, constituent aujourd’hui un fléau mettant en péril la santé de nombreuses jeunes filles. Derrière cette quête de beauté se cache une menace sanitaire grave, souvent sous-estimée ou ignorée.

Par Chérif Sadany Ibou-Daba SOW;

Cheffe du Desk Culture

Portées par les images glamour véhiculées par des célébrités et influenceurs, de nombreuses jeunes filles se tournent vers des solutions rapides pour atteindre une silhouette correspondant aux standards de beauté actuels. Parmi ces solutions, des sirops et compléments alimentaires, présentés comme naturels, promettent d’augmenter les hanches ou la poitrine. Pourtant, ces produits, souvent non régulés, sont loin d’être sans danger.
Dans les grandes villes comme Dakar, le marché de ces produits non vérifiés connaît une expansion alarmante. Vendus sans ordonnance ni contrôle, ces compléments alimentaires proviennent souvent de sources non certifiées, échappant à toute surveillance sanitaire. Les jeunes filles, influencées par des publicités attrayantes sur les réseaux sociaux, ignorent souvent les dangers associés à leur utilisation. L’Agence nationale de la sécurité sanitaire des produits de santé (ANSS) a instauré des mesures pour lutter contre la vente de ces produits, mais les résultats restent insuffisants, bien que des experts en santé publique continuent de tirer la sonnette d’alarme, mettant en avant les risques majeurs : diabète, troubles hormonaux, réactions allergiques sévères, dysfonctionnements des organes vitaux comme le foie et les reins.

Plusieurs cas d’intoxication ont déjà été signalés dans les hôpitaux, où des adolescentes ont dû être hospitalisées après avoir consommé des produits non autorisés, principalement achetés dans des boutiques informelles ou sur Internet. « Les jeunes filles, dont le corps est en pleine phase de développement, sont particulièrement vulnérables à ces substances dangereuses », expliquent les spécialistes, qui insistent également sur l’urgence d’intensifier les campagnes de sensibilisation et de renforcer les contrôles, notamment dans les marchés informels et sur les plateformes en ligne.

Selon Khady Sow, militante pour la santé publique, face à ce phénomène préoccupant, l’éducation apparaît comme une réponse essentielle. L’État sénégalais doit agir rapidement pour réguler ce marché et promouvoir des messages de prévention, surtout à travers les réseaux sociaux qui jouent un rôle clé dans la diffusion de ces standards de beauté irréalistes. « Outre les mesures de régulation, il faut que les écoles et les associations travaillent des concepts pour sensibiliser les jeunes filles aux dangers des produits non vérifiés afin de déconstruire les standards de beauté irréalistes et de promouvoir une image corporelle positive” loin des promesses trompeuses des produits miracles » ajoute t-elle.

Le recours aux produits non vérifiés visant à modifier la silhouette représente un sérieux enjeu de santé publique au Sénégal. L’intervention urgente de l’État est donc essentielle pour encadrer ce marché et renforcer les contrôles sanitaires. Cependant, la prévention repose aussi sur une mobilisation collective. L’éducation, combinée à une régulation stricte et à une prise de responsabilité accrue des influenceurs et des médias, constitue une solution cruciale pour freiner ce phénomène et préserver la santé des générations à venir.