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Argentine : Pas folle, la « Che »

Argentine-Mères de la Place de Mai

Le fol amour infini 

d’une mère pour son fils

Après un combat de 45 ans, Hebe de Bonafini sera morte sans savoir la vérité sur ses enfants et les 30.000 autres enlevés par la dictature dans les années 70 ; elle a su transformer sa douleur en lutte incessante. 

La présidente des Mères de la Place de Mai, Hebe de Bonafini, est morte dimanche 20 novembre 2022 en Argentine, à l’âge de 93 ans.

Figure emblématique des droits de l’homme, elle a dirigé l’association créée pendant la dictature militaire en Argentine par les mères cherchant leurs enfants disparus.

L’Argentine a rendu hommage ému de trois jours à cette « Che » qui a perdu deux de ses trois enfants pendant la dictature, et qui a su transformer sa douleur en lutte incessante.

En février 1977, son fils aîné Jorge est séquestré par les militaires. En décembre, c’est son deuxième fils qui est enlevé. Cette même année, avec d’autres mères à la recherche de leurs enfants, elles s’organisent et manifestenttous les jeudis sur la place de Mai à Buenos Aires, juste en face du palais présidentiel. Hebe de Bonafini raconte le début de son combat dans une vidéo de l’association des Mères diffusée en septembre dernier : « On venait tous les jeudis. Tout le monde nous disait qu’on était folles ».

 « Les militaires nous ont insultées, nous ont dénoncées, nous ont craché dessus, ils sont entrés dans nos maisons, mais l’amour pour nos enfants était tellement fort qu’ils n’ont pas pu nous faire flancher ».

Après un combat de 45 ans, Hebe sera morte sans savoir la vérité sur ses enfants, où, comment ou quand ils ont été tués, mais elle se sera battue pour les autres mères des 30.000 disparus.

« Une figure de l’envergure du Che »

En tant que présidente de l’association des Mères de la Place de Mai, naturellement Hebe de Bonafini a toujours fait de la politique. Engagée, proche de Cristina Kirchner, elle a lutté contre les génocides mais aussi contre les inégalités et le néolibéralisme. Hebe était une dirigeante déterminée, implacable et au franc-parler.

« Elle a consacré sa vie non seulement à construire de la mémoire mais aussi à construire des logements pour les pauvres, et du sens pour les luttes, raconte l’un de ses compagnons de lutte, Camilo Juarez Pais, fils de disparus. La figure d’Hebe est une figure de l’envergure du Che [Guevara] et en même temps, elle était très douce dans l’intimité. Cette femme va devenir une légende sans aucun doute dans notre histoire ».

franceinfo

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