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Aliou Diallo, Afritoll Farm : Antée retourne à Gé

Entreprenariat agricole

Une nouvelle génération se crée

Aliou a compris !

La vingtaine,  Aliou Diallo a très tôt découvert dans l’agriculture le secret pour vaincre l’atychiphobie, « la peur de l’échec, ou kakorraphiophobie, une peur anormale, exagérée et persistance de l’échec ; elle est un type de phobie spécifique.. », enseignent les Encyclopédies. Aliou a grandi en se nourrissant d’une forte envie d’entreprendre sur la terre nourricière. Antée qui retrouve ses forces dès qu’il touche la terre mère selon la mythologie, cet ex-in-Gé-nieur explique son Génie dans cet entretien accordé au Devoir.

Ingénieur et cadre en « Administration réseaux » et consignataire de navires en parallèle au Port autonome de Dakar, Aliou Diallo a décidé de lancer sa première entreprise dans le secteur agricole (Afritoll Farm) qui vise inéluctablement l’autosuffisance et la sécurité alimentaire du Sénégal et de l’Afrique. Vaste…champ ! Et puisque « 60% des terres arables dans le monde appartenaient à Afrique et l’Afrique est incapable de se nourrir », l’homme se comprend désormais parmi « la nouvelle époque où ces peuples opprimés et humiliés se présentent dorénavant comme maîtres de l’arène de l’histoire et façonnent eux-mêmes leur destin par leur force et par leur courage ».

Entretien dirigé par

Chérifa Sadany Ibou-Daba SOW,

Cheffe du Desk…Culture

Aliou, vous avez fait un grand sacrifice dans votre carrière professionnelle  pour poursuivre un rêve que vous réalisez très bien. Pouvez-vous nous raconter ce parcours ?

Ingénieur cadre en administration réseaux et consignataire de navires en parallèle au port autonome de Dakar, j’ai décidé de lancer ma première entreprise dans le secteur agricole (Afritoll Farm) qui vise inéluctablement l’autosuffisance et la sécurité alimentaire du Sénégal et de l’Afrique. J’ai laissé le confort de l’étranger et de la bureaucratie en quittant mon emploi au PAD pour attaquer la chaleur des champs, sous le soleil ardent de Keur Momar Sarr, parce que le meilleur moyen de prévoir le futur, c’est de le créer. 60% des terres arables dans le monde se trouvaient en Afrique et l’Afrique est incapable de se nourrir. Et comme j’ai l’habitude de le clamer, la vieille époque où l’Occident décidait des destins des peuples africains a pris fin pour céder à une nouvelle époque où ces peuples opprimés et humiliés se présentent dorénavant comme maîtres de l’arène de l’histoire et façonnent eux-mêmes leur destin par leur force et par leur courage.

Nous vivons une époque décisive où tous les peuples qui étaient sous la domination et l’asservissement des grandes puissances se présentent aujourd’hui en toute liberté et de façon créatrice pour réécrire leur destin. À cet effet, c’est un secret de Polichinelle que le défi le plus urgent à relever est celui de notre souveraineté et sécurité alimentaire. C’est dans cette même perspective que j’ai décidé de me lancer sans demi-mesure et avec détermination dans ce secteur en lançant Afritoll Farm pour participer de façon ingénieuse à la résolution de ce problème.

J’avais commencé avec 2 hectares de pastèques au Walo à approximativement 200 ha aujourd’hui sur le même site, 50 ha à Karang, 70 ha à Kolda et des exploitations de Cacao à Labé (Conakry) et en Gambie. Il est plus facile de réussir si l’on sait ce que l’on cherche à accomplir,  d’où l’importance de l’anticipation dans la planification des objectifs à long terme. Il est important de se projeter dans l’avenir avec confiance.

Au Sénégal, nous avons des urgences dans tous nos secteurs de développement à savoir l’agriculture, l’éducation, l’énergie. Il y a énormément à faire et je lance cet appel à tous les entrepreneurs, aux chefs d’entreprise et à toute la jeunesse sénégalaise et africaine : s’armer n’est pas chose facile pour nous mais la situation actuelle nous oblige à être en armes. Soupirer dans l’inaction ou se lamenter de notre sort ne résoudra pas notre problème. Nous devons nous dresser pour combattre la houe à la main. Je vous invite à participer tous à la construction d’une économie nationale indépendante en mettant en œuvre l’esprit de confiance en nos propres forces. Nous devons tous ensemble entreprendre un immense travail politico-organisationnel.

Voilà le moment venu aujourd’hui, pour notre peuple, d’unir ses forces pour réédifier et bâtir une Nation forte. Nous devons tous apporter notre contribution active face à cette réédification, en consacrant chacun sa force, s’il en a, son savoir s’il en possède, son argent s’il en dispose : tous ceux qui sont attachés à notre pays ou continent devront, dans une ” ferme ” union, participer à la réédification du Sénégal et de l’Afrique libres et souverains.

Parlez nous de « Eydi Konnect » et « Afritoll Farm » dont vous êtes le co-fondateur.

C’était un plaisir de co-fonder Afritoll Farm avec mon grand-frère. Le projet porte pour ambition de participer sur tous les angles à la souveraineté et à la sécurité alimentaire du Sénégal et de l’Afrique dans sa globalité.

Alors, « Eydi Konnect » est aussi une entreprise digitale que j’ai lancée avec un de mes partenaires guadeloupéen Richard Belenus (expert en Télémarketing et en Téléphonie d’entreprise, CEO de Kiapel et de Voxcrm). Ce que nous faisons à « Eydi Konnect » :

Sites vitrines,

Vcard,

e-commerce,

Développement et référencement web,

Web design,

la création d’identité sur Storylink.

Vous êtes agriculteur et fermier ; quand avez-vous eu l’idée d’entreprendre dans ce domaine et qu’est-ce qui vous y a poussé ?

Quand j’ai compris que la souveraineté est vitale pour un pays. Ça permet de défendre la dignité et l’honneur de nos nations, de réaliser l’émancipation de nos pays et de développer la solidarité et la coopération sur une base solide et égale. Pour que les Etats africains puissent réaliser l’indépendance politique et la prospérité nationale authentique, il faut qu’ils s’en tiennent fermement. Notre souveraineté agroalimentaire est la tâche la plus urgente à résoudre.

Quelles sont vos stratégies pour la souveraineté alimentaire ?

La plus importante tâche à accomplir au stade de l’édification des bases de notre révolution alimentaire est de procéder à la transformation de l’économie rurale. Établir un pont vers une coopérativisation agricole serait une idée ingénieuse. La coopérativisation agricole est une révolution importante qui consiste à transformer l’économie paysanne individuelle en exploitation collective basée sur l’entraide, à libérer les agriculteurs de toute exploitation et de la misère et à affranchir pour toujours les forces productives agricoles des entraves des rapports de production surannées basés sur la propriété privée.

Selon vous, quelles sont les réformes socio-économiques à adopter à l’étape du PSE ?

La question agraire est une question cruciale qui doit être résolue en priorité à l’étape de notre plan d’émergence. C’est seulement lorsque la question agraire est résolue qu’il est possible de supprimer la base économique des forces réactionnaires enracinées à la campagne, de libérer les paysans de la pauvreté et, par là, d’accroître extraordinairement leur ardeur politique, de renforcer la base sociopolitique de la démocratisation de l’ensemble de la vie politique, économique et culturelle du pays. Bien plus, ce n’est qu’avec l’accomplissement de la réforme agraire qu’il est possible de libérer les forces productives de l’agriculture de ses entraves, de la développer rapidement et de donner ainsi une impulsion énergétique au relèvement et au développement de l’industrie nationale et de l’ensemble de l’économie nationale. La solution de la question agraire est d’une importance particulière dans notre pays qui est toujours un pays agricole arriéré où les paysans représentent une partie importante de notre population.

Quelles solutions préconisez-vous ?

Nous pourrons ouvrir une nouvelle voie au développement rapide de l’économie rurale et à l’élévation du niveau de vie matérielle et culturelle des paysans et, plus loin, accélérer l’économie nationale dans son ensemble. Les solutions alors :

La terre uniquement à ceux qui la cultivent,

la protection de  l’intérêt des agriculteurs,

l’Interdiction de la vente, l’achat et l’hypothèque des terres,

mettre en place des programmes grandioses et révolutionnaires prévoyant non seulement l’accomplissement parfait de la réforme agraire mais aussi la réalisation de la coopérativisation agricole ; des ouvriers devront être expédiés à la campagne pour aider activement les paysans dans leur lutte.

C’est ainsi que nous pourrons ouvrir une nouvelle voie au développement rapide de l’économie rurale et à l’élévation du niveau de vie matérielle et culturelle des paysans et, plus loin, accélérer l’économie nationale dans son ensemble.

Gen 24 alors ? Comment est né ce mouvement ?

thione niang

Dans les périodes sombres et de KO politique et démocratique au Sénégal, j’ai créé avec un groupe restreint,  la Gen24 (Génération 24). Son but est alors d’en faire un véritable empire en rassemblant tous les jeunes adeptes de la vision et philosophie de Thione Niang pour l’élire incontestablement aux prochaines élections présidentielles 2024.  Initié par un groupe de jeunes du Sénégal et de la Diaspora, le mouvement « Génération Twenty Four » a pour mission de regrouper un million de jeunes avisés, engagés à voter et faire voter pour notre leader, le président Thione Niang.

Cette association cherche à créer les conditions de l’émergence d’une force politique qui n’est pas un parti mais qui est  capable de porter l’objection de croissance.

Pourquoi avez-vous crée ce mouvement ?

Un constat simple : notre pays va mal et de très nombreux indicateurs démontrent que la situation va de mal en pis. Le cours des choses a un tour fondamentalement triste, catastrophique et par ailleurs intenable : la misère augmente et notre économie est en train d’être dévastée. Ce qui nous oblige à trouver un digne et vaillant leader qui ramènera notre Nation en concordance avec le temps et à ses exigences. Les dirigeants (politiques, économiques, médiatiques notamment) et singulièrement la classe politique non seulement ne parviennent pas à offrir de réponse satisfaisante aux défis d’aujourd’hui, mais aggravent même la situation. C’est dans ce sens que l’élection du président Thione Niang devrait être inévitable aux prochaines élections présidentielles.

Qui est Thione Niang pour vous ?

Pour factoriser la réponse, je vais vous répondre par une phrase que je lui avais glissée à la mosquée Massalikoul Jinane il y a un an de cela : « Mon frère Thione, nous ne te voyons pas seulement comme un leader, ni un guide spirituel, mais nous te voyons comme une bénédiction pour la communauté africaine. Le leadership est la capacité à transformer une vision en réalité comme tu es en train de le faire avec constance ».

Aliou, vous êtes un jeune ambitieux, qui a le sens du travail. Comment arrivez-vous à le gérer avec votre vie sociale ?

Naturellement ! Nous sommes tous ambitieux. Comme disait Michael Jackson,  « Seule une personne qui désire quelque chose est difficile à arrêter ». Alors, il ne nous reste qu’à recevoir le mot d’ordre (la confiance en soi) pour réaliser les ambitions les plus folles qui peuvent exister.

Certainement puisque vous êtes agriculteurs vous devez préférer les aliments bio! Sinon avez-vous des préférences autres en matière de nourriture ?

Je ne consomme que Bio, d’où mon attachement aux écologues.

Vous êtes 24h sous le soleil ; que préférez vous entre un chapeau et le pare-soleil ?

(Rires…) Ni l’un ni l’autre ; je mets tout le temps une casquette (je préfère).

Parlez-nous de ce qui vous passionne le plus dans les différents métiers que vous pratiquez ?

Il m’arrive de temps en temps de m’enfermer dans ma petite cabine pendant des jours rien que pour écrire. Alors, je dirais que l’écriture est ce qui me passionne le plus.

Quel message voudriez vous adresser à ces jeunes qui veulent réussir dans l’agriculture et ceux qui ne croient pas à l’importance du métier ?

Ce que nous devons faire est de transférer l’information et créer le savoir. Mais, il faudrait au préalable savoir que l’information et le savoir ne sont pas la même chose. L’information est ponctuelle, le savoir est reproductible.

Le fait de clamer qu’un pays ne peut pas se développer sans pour autant pouvoir se nourrir est une information. Néanmoins, ce qui peut mener un État vers un agriculteur amélioré et plus tard vers l’autosuffisance et la sécurité alimentaire, est le savoir, la connaissance. Or, ce savoir ou cette connaissance ne peut s’acquérir sans la formation ou l’auto-éducation de nos agriculteurs. Apprenons à nos jeunes à faire et à améliorer nos semences en fonction de nos terres. Apprenons à nos jeunes à faire des engrais, des pesticides et des herbicides. Apprenons-leur à fertiliser davantage nos sols. Apprenons-leur à respecter les espacements des plantes, leur entretien. Développons nos autoroutes agricoles et devenons autosuffisants.

Vous savez, nous sommes à une époque où tout nous appelle. Et face à cet appel, l’engagement sera fort, la décision à prendre à titre personnel pour chacun de nous sera décisive comme celle de quitter mon emploi et de m’attaquer à la résolution de l’équation alimentaire. Allons travailler !

Le mot d’ordre : Jeuf.