Amadou Bâ, Khalifa Sall : Réserve présidentielle
Présidentielle
La réserve Khalifa Sall Amadou Bâ
Apr-s neuf mois passés à raser les murs, Amadou Ba est soudain sorti des l’ombre en juin en clignant des yeux ; quant à Ababacar Khalifa Sall, la polémique avec Pastef l’a surexposé, pour le meilleur ou pour le rire
Macky Sall et Ousmane Sonko pourraient être retenus dans les starting-blocks par la loi, ce qui ouvrirait la voie à des seconds couteaux, principalement à Amadou Bâ et à Ababacar Khalifa Sall. Les jamais gagnants ne seraient là que pour amuser la galerie de la vitrine démocratique
La Présidentielle pourrait être dominée par des remplaçants qui se substitueraient aux favoris : Khalifa Sall et Amadou Bâ deviendraient ainsi les candidats suspectés depuis l’affaire Sweet Beauté et le retour de la primature.
L’intervention extérieure dans les affaires n’aura pas raison de la décision du président Macky Sall de se conformer au Droit fondamental du Sénégal. Certes, par deux fois, les États-Unis, par Obama (10 mai) et Blinken (après les incidents de juin) et la France d’un Macron au bâton et à la carotte (le 08 juin) ont invité le chef de l’État à se conformer à la Loi fondamentale. Était-il nécessaire d’en arriver à ces extrêmes qui ressemblent à une politique spectacle de présidents en difficulté chez eux et qui cherchent à épater la galerie internationale ? Macky Sall avait bien reconnu l’ingérence française sur ce chapitre, en invitant toutefois Emmanuel Macron à respecter la souveraineté du Sénégal. Mais à discuter encore du sexe des anges entre un quinquennat ou un nouveau septennat à cette date-ci démontre les limites de la Loi fondamentale et du Droit positif sénégalais.
S’il y a eu un moment de flottement né du doute (ni, ni) et de l’ambivalence du président sénégalais qui ne dit jamais exactement ce qu’il fait, il était entendu qu’il ne saurait y avoir du wakh wakhète de sa part. Certes encore, le spectacle affligeant de l’installation de la nouvelle Assemblée nationale a pu donner naissance à quelques nouveaux regrets de certains ténors de la majorité qui ont voulu forcer Macky Sall à se dédire. Dès après la Déclaration de politique générale du Premier ministre Amadou Bâ, par exemple, des meetings à Kaolack et à Podor ont lancé la course à une Présidentielle qui pourrait cependant ne pas se tenir à bonne date, le 25 janvier 2024, ni avec l’acteur principal, le président sortant.
Le discours prévu dans une semaine, à l’issue des conclusions du Dialogue national, devrait probablement confirmer les rumeurs d’un décalage de deux ans, pour se conformer aux ajustements techniques nés des recommandations du dialogue et de la redistribution de la carte électorale après le souhait de Touba de mieux réguler le jeu politique dans la zone. Et satisfaire l’ego d’un homme désireux de faire un dernier pied de nez aux amis, alliés, sympathisants et adversaires, d’où un certain niangal remis à l’honneur avec un Ousmane Sonko soumis à un banditisme d’Etat qui veut répondre coup pour coup conte ce petit jouant au plus roué.

Amadou Bâ a été le choix du président depuis la distribution des rôles avec les locales de 2022. Du moins pour la primature : « De tous ses collaborateurs, il a été le plus sincère, le plus loyal ». Il n’était cependant pas le plan « B » du Républicain en chef écartelé entre la famille (Mansour Faye ) ou l’amitié (Abdoulaye Daouda Diallo).
Le retour en grâce de la région nord par Richard-Toll et Dagana (Oumar Sarr, Amadou Mame Diop et Mankeur Ndiaye) faisait pencher le fléau de la balance vers Saint-Louis plutôt que Podor ; le syndrome de la dévolution monarchique est revenu fausser un jeu d’autant plus déséquilibré que la principale prestation du mis en cause dans la gestion de l’opération « Force Covid » a montré quelques insuffisances. Après neuf mois à son ronger les ongles dans cette haute station par exemple, ce n’est que avec le drame de juin qu’il est mis à l’essai sur le terrain.
Sur un autre plan, la cour assidue Khalifa Sall à Ousmane Sonko pourrait par ailleurs ne pas porter ses fruits, même avec l’hypothèse émise en février 2021 d’un plan « B » : la réponse positive de l’ancien maire de Dakar à l’appel au dialogue a creusé le fossé entre Ousmane Sonko et Khalifa Sall.
Tout le monde avait compris dès mars 2021 avec l’affaire Adji Sarr que l’habit taillé pour Ousmane Sonko était trop grand pour lui ; la proximité envahissante de l’opposition visait plus à tirer profit de cette situation que de s’empêtrer dans des contradictions qui jurent avec les principes généraux qui régissent un parti politique selon le code des obligations civiles et commerciales. Ce mariage du lapin et de la carpe n’a pas résisté au temps : les appels itératifs à la « résistance » et aux Armées jurent avec les articles 3 à 5 des statuts du parti. Le dépit d’une partie de l’opposition coalisée au sein de Yewwi Akan Wi pourrait cependant aller jusqu’au hara kiri qui favoriserait le candidat de Benno Bokk Yakaar, comme le Parti démocratique sénégalais de Me Abdoulaye Wade commence à nous y habituer depuis la motion de censure contre le Premier ministre et contre laquelle les libéraux ont voté : pour une première fois, l’opposition pourrait ne pas voter pour le candidat de gauche le mieux placé au second tour.

P. MBODJE